À Charles Spon, le 22 mars 1648, note 49.
Note [49]

Distinct de l’archidiacre ecclésiastique (v. note [14], lettre 195), l’archidiacre de la Faculté de médecine de Paris était l’équivalent de ce qu’on a plus tard appelé un prosecteur d’anatomie (Statuta F.M.P., article v, page 73) :

Doctor Anatomicus demonstret Osteologiam ex suggesto prius, quam Anatomem celbret. In ossibus comparandis et dignoscendis probet Discipulorum diligentian et industriam. Quem ad studium Anatomicum aptiorem judicarit, creet Archidiaconum. Nev eo munere priventur Baccalaurei, sed cæteris præferantur.

[Que le régent d’anatomie enseigne l’ostéologie en chaire avant de procéder à la dissection. Qu’il éprouve l’habileté et la diligence des étudiants à reconnaître les os et à les comparer entre eux. Que l’étudiant qu’on aura jugé le plus doué pour l’étude anatomique soit nommé archidiacre. Que les bacheliers ne soient pas exclus de cette charge et soient préférés aux autres].

Cet article de 1602 a été plus tard assorti d’un codicille (ibid. pages 73‑76) :

Quinimo ut minus secure concredito vagis sæpius et erronibus Studiosis muneri Archidiaconi, veteris discipline retinentissima Facultas provideret, simulque Philiatrorum commodis consuleret assidui bonique Nominis Archidiaconum e suis modo Baccalaureis qui fide et sacramento sibi nexi sunt inposterum seligendum, eumque rationibus reddendis obnoxium ac certis aliis adstrictum voluit legibus, et conditionibus tum olim constitutis Decreto lato die Martis 4a De<ce>mbris 1576. M. Claudio Rousselet Decano, cum nupero Decreto sancito ex vetere formula Comitiis die Lunæ 20a Octobris anni 1659. habitis, itemque alio lato Comitiis die Mercurii 7a Aprilis Anni sequentis M. Francisco Blondel Decano.

[Pour que la charge d’archidiacre ne soit imprudemment attribuée à des étudiants trop souvent inconstants et coureurs, que la Faculté, très attachée à l’ancienne discipline, pourvoie et en même temps veille aux intérêts des philiatres {a} en choisissant désormais un archidiacre de bonne et solide réputation, uniquement parmi ses bacheliers qui se sont liés par un serment de bon aloi ; elle l’a en outre voulu soumis à rendre des comptes, et étroitement attaché aux autres lois établies et conditions arrêtées tant par le décret jadis promulgué le mardi 4 décembre 1576, sous le décanat de M. Claude Rousselet, {b} que par le décret récent, tiré de l’ancienne règle, qui a été ratifié à l’assemblée tenue le lundi 20 octobre 1659, ainsi que par l’autre qui a été promulgué à l’assemblée du mercredi 7 avril de l’année suivante, sous le décanat de M. François Blondel]. {c}


  1. Étudiants en médecine avant le baccalauréat, autrement nommés candidats.

  2. V. note [1], lettre de Samuel Sorbière, datée du début 1651.

  3. V. note [11], lettre 342, pour François Blondel, éditeur des Statuta de 1660.

    Hazon a, L’Archidiacre des Écoles (page 64) :

    « En 1576, l’anatomie ayant fait du progrès et étant enseignée plus régulièrement, on créa un archidiacre des Écoles. Sa fonction était d’avoir soin de l’amphithéâtre, de fournir des cadavres, disséquer, préparer et démontrer sous les leçons du professeur, si le professeur ne démontrait pas lui-même, comme il arrivait quelquefois. L’archidiacre recevait des droits d’amphithéâtre, dont il rendait compte au doyen ; c’était l’homme des écoliers [philiatres]. Pour qu’ils l’écoutassent plus volontiers, la Faculté permettait qu’il fût choisi et nommé par eux. Il devait être étudiant en médecine, inscrit sur les registres ; mais si un bachelier voulait être archidiacre, il devait être préféré. C’est ainsi qu’en 1601 [sic pour 1602], Riolan le fils [Jean ii] ayant témoigné vouloir être archidiacre et les écoliers en ayant nommé un autre, l’élection fut cassée et il fut installé.

    1660, dans un article de réforme, il fut statué que l’archidiacre serait tujours choisi parmi les bacheliers, pour s’assurer des deniers qu’il recevait des étudiants : 40 s. la première année, 20 s. la seconde, et 10 s. les vétérans. »


L’archidiacre ainsi choisi était pendant deux ans l’assistant du docteur régent chargé de professer l’anatomie. Afin d’éviter toute dispute et tout désordre, deux articles des Statuta F.M.P. prenaient soin de distribuer précisément les rôles des trois enseignants qui démontraient l’anatomie : le professeur, l’archidiacre et le chirurgien qui disséquait (prosecteur).

  • Article vii (page 75) :

    Ubi Doctor, quæ videbuntur necessaria, docuerit ; Archidiaconus, si quid inculcandum sit, et repetendum, Latine et breviter exponat ex mente et jussu Doctoris, qui cum ante contulerit, nec identidem obloquatur, vel seriem Anatomicam obturbet.

    [Quand le régent aura enseigné ce qui lui semble nécessaire, si quelque chose doit être inculqué et répété aux étudiants, que l’archidiacre l’expose en latin, brièvement, dans l’esprit et sur l’ordre du professeur qui, comme il aura été convenu auparavant, ne lui coupera pas continuellement la parole ou ne perturbera pas le déroulement de la dissection].

  • Article viii (page 75‑76) :

    Doctor non sinat Dissectorem divagari, sed contineat in Officio dissecandi, et demonstrandi ea quæ enarraverit Anatomica : nec repetat quæ Archidiaconus plenè et perspicue dixerit ad mentem Doctoris et spectantium captum.

    [Que le docteur ne permette pas au prosecteur de s’égarer, mais le tienne dans le devoir de disséquer et de montrer ce que l’anatomie aura explicitement exposé ; et qu’il ne répète pas ce que l’archidiacre aura dit nettement et clairement, pourvu que ce soit conforme à la pensée du professeur et adapté à la capacité des auditeurs].

Chaque philiatre versait son écot à l’archidiacre : 40 sols (2 livres tournois) pour ceux de première année, 20 pour ceux de seconde, et 10 pour les vétérans (Hazon b, page 64). En novembre 1624, Guy Patin avait été nommé pour un an archidiacre de la Faculté de médecine de Paris.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 22 mars 1648, note 49.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0152&cln=49

(Consulté le 28/03/2024)

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