Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 2 manuscrit, note 49.
Note [49]

V. note [20], lettre 146, pour le cardinal Jacques Davy Duperron, mort en 1618.

  • Jean de Vassan, le frère Jean de Saint-Paul en religion, a correspondu avec Guy Patin (qui a notamment parlé de lui dans sa lettre du 24 novembre 1666 à André Falconet). Mort en 1652 et très lié dans sa jeunesse à Joseph Scaliger, Vassan a été l’un des rédacteurs des Scaligerana (v. note [6], lettre 888).

    Sa mère, née Perrette Pithou, était sœur de Pierre i, François et Antoine ; elle fut mariée à Christophe de Vassan, négociant à Troyes (mort en 1593). La Vie de Pierre Pithou, avec quelques mémoires sur son père et ses frères, de Pierre-Jean Grosley (Paris, Guillaume Cavelier, 1756, 2 tomes in‑12), en a dressé un pieux portrait (tome premier, pages 21‑22) :

    « Perrette Pithou fut une héroïne du Parti dans lequel son père l’avait élevée. Dès qu’il ne fut plus permis en France de professer publiquement la nouvelle Religion, {a} elle s’était retirée à Genève, où, sous la direction de Théodore de Bèze, {b} elle se consacra tout entière à l’éducation d’une nombreuse famille.

    Elle mérita l’estime et les éloges des personnes les plus distinguées parmi les calvinistes. Casaubon, dans ses lettres à Nicolas et Jean de Vassan, ses fils, ne l’appelait que lectissimam fœminam. {c} Dans une lettre écrite à Nicolas de Vassan vers la fin de l’année 1605, il fait ainsi l’éloge de Perrette Pithou, dont on lui avait annoncé la mort comme très prochaine. »


    1. Suites de la Saint-Barthélemy (1572, v. note [30], lettre 211).

    2. V. note [28], lettre 176.

    3. « la plus instruite des femmes. »

    Suit une transcription partielle de la lettre qu’Isaac Casaubon {a} a écrite à Nicolas de Vassan, datée de Paris le 23 décembre 1604, que voici dans son intégralié : {b}

    Literæ, quas ante dies perpaucos a te accepi, et mihi et uxori meæ fuerunt permolestæ. Sic enim scribebas, quasi de matris tuæ, fœminæ lectissimæ, valetudine aut nullam, aut oppido tenuem spem haberes. Illa vero, sive terras adhuc colit, sive cœlo recepta est, beata potius prædicanda est, quam deflenda. Quid enim illi defuit eorum, propter quæ non κολακικως, sed vere μακαριζεοθαι aliquis potest ? Sed alias dotes omitto ; pietate vero, quæ virtus est omnium virtutum mater, et ut ille ait, μητροπολις, sic excelluit, ut vel exemplo sufficeret. Quanta enim illius constantia, cum nulla re potuit adduci, ut charissimam alioquin patriam repeteret, quod auditione verbi Dei carere nollet ? neque illam tot exempla etiam virorum, et quidem gravissimorum, qui præsentia bona futuris anteposuerunt, movere. Quid dicam de educatione tot liberorum, et studio optimæ fœminæ in eam rem adhibito ? Itaque, mi Vassane, habes cur potius tali parente natum te glorieris εν τω κυριω, quam cur lacrymis et lamentis te maceres. Qui eo etiam nomine habes cur Deo gratias agas, quod te isthuc salvum atque incolumem pervenire eo maxime tempore voluerit, quo pietatis hoc officio posses defungi. Sed quia post tuas literas nihil de ea intellexi, nondum fortasse hujusmodi sermonum est tempus. Deum oro, universam domum vestra ab omni malo protegat, et vobis omnibus benedicat. Vale. Scripsi raptim.

    [La toute récente lettre reçue de vous nous a été très pénible, à moi comme à mon épouse : ainsi m’écriviez-vous comme si vous aviez, à bien peu de chose près, perdu tout espoir de guérison pour votre mère, la plus instruite des femmes. Qu’elle soit encore sur terre ou qu’elle ait déjà été accueillie au ciel, elle doit être plus heureuse de se voir louée que pleurée. Que lui a-t-il en effet manqué de ce dont chacun peut non pas être flatté, mais s’estimer véritablement bienheureux ? J’omets pourtant ses autres qualités : tant elle y a excellé, il me suffirait de citer en exemple sa piété, vertu qui est la mère et, comme on a dit, la métropole {c} de toutes les vertus. La constance de sa foi, dont rien n’a pu la détourner, ne fut-elle pas telle qu’elle quitta bel et bien sa très chère patrie quand elle refusa de ne plus entendre la parole de Dieu ? Et même, tant de gens l’ont-ils fait changer d’avis par leur exemple, eux qui, quoique des plus stricts, ont mis ce qu’ils possédaient alors devant les incertitudes de l’avenir ? Que dirai-je de l’éducation que cette excellente femme a prodiguée à ses nombreux enfants, et du soin qu’elle y a appliqué ? Mon cher Vassan, en votre for intérieur, vous avez donc plus de gloire à tirer d’être né d’une telle mère, qu’à vous mortifier dans les larmes et les lamentations. Voilà pourquoi vous aurez à cœur de remercier Dieu d’avoir voulu la maintenir en vie et en bonne santé, pendant un si grand nombre d’années, et cet acte de piété vous en rendra quitte. Mais peut-être le moment n’est-il pas venu pour ce genre de propos car, depuis votre lettre, je n’ai plus eu de nouvelles d’elle. Je prie Dieu qu’il protège votre famille entière de tout mal, et vous adresse à tous mes bénédictions. Vale. J’ai écrit cela à la hâte].


    1. V. note [7], lettre 36.

    2. Isaaci Casauboni Epistolæ… (Rotterdam, 1709, v. dernière notule {a}, note [16] du Borboniana 1 manuscrit), lettre ccccxxx, pages 229‑230).

      J’ai préféré passer sous silence l’extravagante traduction de Grosley, que la France protestante a malheureusement recopiée (1859, tome ix, page 451).

    3. Au sens de capitale fondatrice ; j’ai traduit les mots grecs en italique.

  • En 1586, à Genève, Isaac Casaubon avait épousé en secondes noces Florence Estienne (Genève 1568-Londres 1635), fille de l’imprimeur érudit Henri ii Estienne, dit le Grand (v. note [31], lettre 406). Des ving enfants nés de cette union entre 1589 et 1612, seuls cinq (trois garçons et trois filles) atteignirent l’âge adulte (v. note [13], lettre latine 16). V. notule {b}, note [21] du Naudæana 1, pour Jean Casaubon, l’aîné des trois fils, qui se convertit au catholicisme et devint moine capucin, sous le nom de frère Augustin.

    Dans ses Annales de l’imprimerie des Estienne, ou Histoire de la famille des Estienne et de ses éditions (Paris, Jules Renouard et Cie, 1843, in‑4o, 2e édition, pages 511‑512), Antoine-Augustin Renouard a ajouté ces quelques détails sur Florence Casaubon :

    « Tourmentée, ainsi que son mari, par la cruelle maladie du choléra qui, en 1596, les mit tous deux en danger, et à laquelle leur jeune enfant Abigaïl succomba, et plus encore par les persécutions que des ennemis essayaient contre ce savant estimable, elle soutint le courage de Casaubon, et fut toujours sa fidèle consolatrice.

    Au commencement de 1604, Florence fut encore, pendant six à huit semaines, tellement malade que plus d’une fois son mari la tint pour morte. Vers octobre 1613, elle alla en France pour réclamer des arrérages de traitement dus à son mari depuis 1610, année où il avait quitté la France pour l’Angleterre, et qu’elle ne put obtenir. Elle avait aussi à faire transporter à Londres la bibliothèque de Casaubon, qu’à son départ on n’avait pas voulu laisser sortir, et qui était cachée dans des tonneaux chez le président de Thou. À son retour, une maladie de langueur, causée sans doute par la fatigue, la mit en grave danger. Après sa guérison, en mars 1614, elle refit le même voyage ; j’ignore avec quel succès, mais elle ne tarda point à revenir à Londres et, le premier juillet suivant, la mort emporta son mari. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 2 manuscrit, note 49.

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(Consulté le 18/04/2024)

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