Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 10 manuscrit, note 50.
Note [50]

Éloges de Scévole i de Sainte-Marthe, {a} sur Nicolas Bourbon l’Ancien, livre i, pages 71‑72 :

« Sa suffisance {b} le rendit si célèbre que Paul Jove, l’un des plus savants hommes d’Italie, ne dédaigne point de faire honorable mention de lui dans ses fameux écrits et, par un éloge particulier, de l’appeler le plus docte et le plus agréable poète de son temps. {c} Mais ce qui révéla davantage sa gloire, c’est qu’étant né dans un siècle fleurissant pour les bonnes lettres, il acquit une si haute connaissance de l’Antiquité et des secrets de la langue grecque, et se rendit en cela tellement considérable, que Marguerite, reine de Navarre, l’ayant choisi parmi les habiles hommes de son siècle, le donna pour précepteur à Jeanne de Navarre, sa fille, jeune princesse pourvue d’un esprit héroïque et véritablement divin. Il demeura plusieurs années dans cette condition honorable. Mais comme il se vit déjà sur l’âge, s’ennuyant de vivre à la cour et parmi le grand monde, il voulut goûter encore la douceur d’une vie privée ; si bien qu’il fit sa retraite et retourna dans son premier repos. Finalement, s’étant retiré sur les confins de la Touraine et de l’Anjou, il mourut en la ville de Candé, {d} où il possédait un petit bénéfice.

De la même famille est sorti un autre Nicolas Bourbon, que la ville de Paris, mère-nourrice des Muses, a favorablement reçu dans son sein. La connaissance parfaite qu’il a de la langue grecque lui acquit le titre de professeur du roi en cette même langue. Mais ce qui le rend encore plus célèbre que sa profession, {e} c’est qu’ayant embrassé les Muses latines, il a composé et compose encore tous les jours des poèmes, où la majesté de Virgile éclate de telle sorte qu’il semble par eux disputer le prix à ce grand poète, ou témoigner qu’en tout ce qu’il médite il est inspiré de son même génie. »


  1. Traduction française de Guillaume Colletet, Paris, 1644, v. note [13], lettre 88.

  2. Son mérite.

  3. L’hommage de Paul Jove à Nicolas Bourbon l’Ancien est fort modeste, perdu parmi ceux qu’il rend collectivement à plusieurs autres littérateurs, à la fin (page 225, numérotée 235) de ses Elogia [Éloges] : {i}

    Nec ab his vertigiis longe aberunt poetæ duo plane suaves et teneri, Salmonius Macrinus, Nicolausque Borbonius

    [Deux poètes, remarquables pour leur douceur et leur délicatesse, Salmon Macrin {ii} et Nicolas Bourbon, ne se sont pas fort écartés de leurs traces].

    1. Bâle, 1577, v. note [27], lettre 925.

    2. Loudun 1490-ibid. 1557.
  4. Candé est une petite ville située à 50 kilomètres au nord-ouest d’Angers (dans l’actuel département du Maine-et-Loire).

  5. Chaire d’enseignement.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 10 manuscrit, note 50.

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(Consulté le 25/04/2024)

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