À Sebastian Scheffer, le 24 mai 1665, note 53.
Note [53]

Page 249 (Paris, 1646), toujours sur le safran (v. supra note [52]), lignes 3 et 5 (§ 10), corriger deux fois une coquille (ou faute de syntaxe) sur les mots ικμαζοντα [pourri (dans une syntaxe que je ne suis pas parvenu à débrouiller)], imprimés ικματοντα, dans une laborieuse discussion philologique sur l’altération du safran :

Idemmet ait, Crocum malum esse ευρωτιωντα, η ικματοντα [ικμαζοντα]. Quod Plin. dixit, pessimum quod situm redolet. Nec mirum, expressisse vocem priorem tantum : situs enim ab humido (quod mox damnat) est. Quod si Ruellium sequi placeat, et accipere το ικματοντα [ικμαζοντα] quidem de situ, το ευρωτιωντα autem de carie : oportebit etiam dicere, vitia duo, alterum ab adulterio, alterum ab ætate in idem coiisse. Ita vero Dioscorides per το ευρωτιων idem intellexit, quod per το επιμηκης. Nisi enim fallor, vox illa significat crocum, non cariosum et pulverulentem, sed oblongum, ut vertunt.

[Le même dit encore que Crocum malum esse ευρωτιωντα, η ικματοντα (ικμαζοντα) ; {a} ce que Pline exprime en disant que le plus mauvais est celui qui sent le moisi. Il n’y a pas à s’étonner qu’il n’ait conservé que le premier des deux mots, car il est distinct d’humide (qualité qu’il condamne ensuite). {b} S’il paraît bon de suivre La Ruelle  {c} et d’accepter ικματοντα (ικμαζοντα) pour pourriture, et ευρωτιωντα pour moisissure, il faudra aussi convenir que ces deux défauts, l’un étant provoqué par l’adultération et l’autre par le vieillissement, se confondent en un seul. En vérité, par le mot ευρωτιων, Dioscoride a voulu dire επιμηκης ; {d} car si je ne me trompe en traduisant, ce dernier mot ne signifie pas que le safran soit pourri et réduit en poussière, mais allongé].


  1. « le mauvais crocus est moisi, ou pourri » : Dioscoride, livre i, chapitre xxv (édition bilingue de Paris, 1549, fo 16 ro, lignes 18‑19). La traduction latine de ce passage (dans la colonne de droite) ne parle pas d’humidité : nec situm redolet, aut cariem sentit [et il ne sent pas la moisissure, ou n’a pas une odeur de pourriture].

  2. Histoire naturelle de Pline, livre xxi, chapitre xvii, sur le safran (Littré Pli, volume 2, page 47) :

    Probatio sinceri, si imposita manu crepat, veluti fragile. Humidum enim quod evenit adulteratione, cedit. […] Contra Cyrenaico vitium, quod omni croco nigrius est, et celerrime marescit. Optimum ubicumque quod pinguissimum, et brevis capilli : pessimum vero, quod situm redolet.

    « On reconnaît qu’il est pur lorsqu’il craque sous la main qui le presse, comme s’il était friable ; en effet, quand il est humide, ce qui est dû à la falsification, il cède à la pression. […] Le safran de Cyrénaïque {i} a le défaut opposé ; il est le plus foncé de tous ; il se gâte aussi très promptement. Partout le meilleur est celui qui est le plus épais et le plus court ; le plus mauvais est celui qui sent le moisi. »

    1. V. notule {a}, note [14] du Borboniana 6 manuscrit.
  3. V. note [23], lettre 236, pour Jean de La Ruelle est ses trois livres de Natura stirpium [sur la Nature des plantes] (Paris, 1536).

  4. Allongé au lieu de moisi, v. supra notule {c}, note [10], pour Dioscoride.

La réédition de Francfort (1667, page 199) a corrigé ces deux mots grecs.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Sebastian Scheffer, le 24 mai 1665, note 53.

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(Consulté le 28/03/2024)

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