Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑4 (1701), note 53.
Note [53]

Pithœana (page 493) :

« Ranconnet fut mis en prison à cause que le cardinal de Lorraine, {a} voulant reconnaître les opinions de la Cour {b} touchant les punitions des hérétiques, la fit assembler ; et là, Ranconnet porta Sulpice Sévère et leur lut le lieu là où il est parlé du fait de Trèves de Priscillian en la Vie de saint Martin. »


  1. Louis de Guise, cardinal de Lorraine (v. note [11], lettre latine 75) était le meneur religieux des ligueurs. Il fut assassiné en même temps que son frère, Henri ier le Balafré, à Blois en 1588.

  2. Ce qu’il restait du Parlement de Paris, alors en complète déconfiture.

Une note de Pierre Des Maizeaux, éditeur du Pithœana (pages 493‑494) précise les faits :

« Sulpice Sévère {a} nous apprend que saint Martin, {b} étant allé à Trèves, {c} s’opposa à la violence d’Ithacius et de quelques autres évêques qui persécutaient les hérétiques, {d} et qu’il supplia l’empereur Maxime {e} de ne pas répandre le sang des ces malheureux. Il ajoute que tant que saint Martin demeura à Trèves, on ne procéda point contre eux, et que lorsqu’il partit, il fit promettre à Maxime qu’il ne les ferait point mourir ; mais qu’après son départ, Magnus et Ruffin, {f} évêques, ayant perverti ce prince, il condamna à la mort Priscillien et ceux de son parti, lesquels furent exécutés. Sulpice Sévère remarque ensuite que la mort de Priscillien, bien loin d’éteindre l’hérésie, ne fit que lui donner de nouvelles forces ; et que ceux qui avaient regardé Priscillien comme un saint pendant sa vie l’honorèrent comme un martyr après sa mort. » {g}


  1. Sulpice Sévère (vers 360-vers 420) est un écrivain ecclésiastique latin, natif d’Aquitaine, qui a laissé plusieurs ouvrages dont une Vie de saint Martin. le passage cité par Des Maizeaux est extrait du livre ii de son Historia sacra, chapitres l-li, pages 289‑293 des Sulpicii Severi quæ exstant Opera omnia, in duos tomos distributa ; quorum prior continet antehac edita cum notis Joannis Vorstii, alter Epistolas antea cum reliquis operibus nondum editas ex recensione et cum notis Joannis Clerici [Toutes les Œuvres connues de Sulpice Sévère réparties en deux tomes : le premier contient ce que Johannes Vorst (théologien protestant allemand, 1623-1676) a précédemment publié et annoté ; le second, les lettres et autres écrits, jamais publiés jusqu’ici, édités et annotés par Jean Leclerc (théologien protestant genevois, 1657-1736)] (Leipzig, Thomas Fritsch, 1709, 1 volume in‑8o).

  2. Saint Martin (Savaria, Hongrie 316-Candes, Touraine 397) est le très fameux légionnaire romain qui coupa son manteau pour en donner la moitié à un mendiant, puis devint évêque de Tours. Ayant dû en bonne partie son renom à Sulpice Sévère, il est le saint que l’Église catholique fête le 11 novembre (Saint-Martin d’hiver).

  3. Augusta Treverorum, colonie romaine fondée au ier s. av. J.‑C. sur les rives de la Moselle.

  4. L’hérésie de priscillianistes (Thomas Corneille) : « ainsi appelés de Priscillianus, [Priscillian ou Priscillien, évêque d’Avila] ils semèrent d’abord leur hérésie en Espagne sous l’Empereur Gratien trois cent quarante-huit ans après Jésus-Christ, et qui la répandirent ensuite dans tout l’Occident. Ils confondaient les Personnes de la Trinité, avec les sabelliens, et enseignaient avec les origénistes que les âmes des hommes étaient créées en quelque endroit du Ciel avant les corps ; avec les manichéens, qu’elles faisaient partie de l’essence divine, et que le monde avait été créé d’un méchant Dieu ; avec les astrologiens, que toutes nos actions dépendaient des étoiles ; et avec les stoïciens, que nous étions nécessités à pécher. Ils rejetaient avec les gnostiques les anciens prophètes comme gens qui n’avaient pas pénétré dans la volonté de Dieu, et condamnaient aussi, avec eux, le mariage ; et avec les encratites, l’usage de la chair. Ils permettaient le mensonge, avec les andiens, et même le parjure dans les affaires de la religion. »

    À quoi le Dictionnaire de Trévoux ajoute que : « Priscillianus, homme laïque qui était leur chef, fut condamné avec quelques évêques de sa secte dans un concile de Saragosse [en 380] ; il fut encore condamné dans un autre concile tenu à Bordeaux ; mais ayant appelé à l’empereur Maxime, il fut écouté dans la ville de Trèves, et ayant été convaincu d’introduire des nouveautés dans la religion, il fut condamné à mort [en 385] avec plusieurs autres qui suivaient ses sentiments. »

    Ithacius (Ithace) était évêque d’Ossonoba en Lusitanie (ancien nom de Faro, au sud du Portugal).

  5. Empereur romain chrétien d’Occident, Flavius Magnus Maximus a régné de 384 à 388. Il avait installé sa capitale à Trèves (v. note [30] du Grotiana 2).

  6. Magnus et Rufinus sont deux évêques ennemis de Priscillien, que je n’ai pas mieux identifiés.

  7. Cette citation est suivie de sa source latine qu’elle a très fidèlement résumée.

Le président de Thou a écarté la responsabilité de cette audace religieuse de Ranconnet comme cause de son fatal emprisonnement (v. 2e notule {b}, note [52] supra) ; il faut donc s’en tenir à l’accusation (réputée injuste) de mœurs inavouables (incestueuses).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑4 (1701), note 53.

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(Consulté le 24/04/2024)

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