Annexe : Les deux Vies latines de Jean Héroard,
premier médecin de Louis xiii, note 55.
Note [55]

La chronologie et la plausibilité de ces faits sont problématiques : d’un côté, Charles ix est mort le 30 mai 1574, deux ans après la Saint-Barthélemy (qui avait fait de lui la bête noire des calvinistes) ; de l’autre, Jean Héroard se serait attaché à ce roi et aurait obtenu une charge à son service, après avoir combattu aux côtes de Coligny, à Jarnac puis à Moncontour, en 1569.

Néanmoins, selon la Vie donnée par Charles Guillemeau et selon Héroard lui-même, Charles ix, peu avant de mourir, aurait créé à son intention la charge d’hippiatre royal (v. notes [24] supra et [56] infra). Il est impossible de s’en tirer sans admettre une erreur de Jean Astruc (v. supra note [48]) sur l’année du doctorat de Héroard à Montpellier, car on ne peut pas croire qu’il soit monté à Paris avant d’avoir obtenu ses diplômes. Il me semble plus probable qu’il les ait reçus (ou qu’il ait au moins postulé le baccalauréat) en 1572 ou 1573, aux alentours de son 21e ou 22e  anniversaire, trois ou quatre ans après son retour des guerres, avec une première inscription universitaire en 1568 (v. supra note [48]).

C’est le lieu pour s’interroger aussi sur la religion de Héroard. Né dans le calvinisme paternel, il se convertit au catholicisme, comme en atteste la pieuse épitaphe que fit graver son épouse, née Anne Duval, {a} dans la chapelle de l’église Sainte-Marie-Madeleine de Vaugrigneuse : {b}

« Messire Jehan Herouard, {c} < de son > vivant seigneur de Vaugrigneuse, de l’Orme le Gras et de Launoy-Courçon, conseiller du roi en ses Conseils, secrétaire de Sa Majesté, Maison et Couronne de France et de ses finances, et son premier médecin ; lequel a servi les rois Charles ix, Henri iii et Henri iv en qualité de médecin ordinaire, et Louis xiii, à présent heureusement régnant, en qualité de premier médecin depuis sa naissance, et l’espace de vingt-sept ans < a > témoigné une affection sans exemple envers Sa Majesté, au service de laquelle il décéda à Aytré {d} au camp devant La Rochelle le dixième jour de février 1628, en l’an soixante-septième {e} de son âge ; par son testament a voulu être inhumé dans sa chapelle qu’il a fait bâtir en cette église, laquelle il a fait rétablir en paroisse, qui avait été unie avec la paroisse de Briis {f} plus de cent cinquante ans auparavant, et a voulu être le fondateur de la paroisse de Vaugrigneuse. Priez Dieu pour lui. »


  1. Jean Héroard avait épousé Anne Duval (du Val) en janvier 1602.

  2. Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris par l’abbé Lebeuf, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (Paris, Féchoz et Letouzey, 1883, in‑8o, tome troisième, page 460).

  3. Autre orthographe de Héroard.

  4. Aytré est une petite ville située à 5 kilomètres au sud de La Rochelle.

  5. Sic pour soixante-seizième.

  6. Briis-sous-Forges, commune voisine de Vaugrigneuse.

    L’abbé Lebeuf a détaillé (pages 460‑461) les oppositions diocésaines que rencontra Héroard, vers 1630, pour transformer la chapelle de Vaugrigneuse en paroisse et la dédier à sainte Marie Madeleine, ce qui n’a rien de fortuit puisqu’elle était la patronne de son jour de naissance (v. supra note [46]).


On peut raisonnablement supposer que comme maints autres, pour favoriser sa fortune, Héroard a abjuré le protestantisme dès son entrée au service de Charles ix.

Les Ombres et lueurs qui concluent mon étude biographique reviennent sur ces deux questions de graduation médicale et de religion.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Annexe : Les deux Vies latines de Jean Héroard,
premier médecin de Louis xiii, note 55.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8225&cln=55

(Consulté le 18/04/2024)

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