À Charles Spon, le 22 août 1645, note 6.
Note [6]

Meaux (Seine-et-Marne) sur la Marne, 40 kilomètres à l’est de Paris, capitale de la Brie, est siège épiscopal depuis le ive s.

Budé, Cop et Petit furent « ces trois Guillaume », liés à Érasme, qui exercèrent leur influence sur François ier pour le déterminer à créer le Collège royal de France (1530).

  • Fondateur du Collège royal, Guillaume Budé (Paris 1467-ibid. 1540) fut l’un des plus grands érudits français du xvie s. Il fut sous Louis xii et François ier maître de la librairie, maître des requêtes et prévôt des marchands. Il avait été reçu docteur régent de la Faculté de médecine de Paris en 1520 (Baron).

    V. notes :

  • Docteur en médecine d’Ingolstadt en 1495, Guillaume Cop (Guilielmus Copus, Bâle 1466-1532), vint parfaire ses études à Paris. Il est enregistré dans le catalogue Baron comme reçu premier de la licence de médecine en 1496 sous le nom de Guilelmus Copp, Germanus. Reçu docteur régent, il devint médecin de Louis xii puis de François ier. Fin lettré en grec, il a donné des traductions partielles en latin des œuvres d’Hippocrate, Galien et Paul d’Égine, montrant que les Arabes, alors fort en réputation dans les Écoles, n’en avaient été que des compilateurs souvent infidèles. On le considère comme l’un des premiers restaurateurs de la médecine grecque en France (O. in Panckoucke). Cop a été médecin, élève (pour la langue grecque) et ami d’Érasme, qui lui a dédié son Carmen ad Guilielmum Copum de senectutis incommodis [Poème sur les incommodités de la vieillesse] ou « Chant alpestre » (1507, quand tous deux venaient à peine de fêter leurs 40 ans), transcrit, traduit et commenté par Jean-Claude Margolin (La Lettre volée à la Maison d’Érasme, Bruxelles, 2001). V. note [5], lettre 91, pour la contribution de Cop à l’Hippocrate latin de Marcus Fabius Calvus paru à Bâle en 1525.

  • Guillaume Petit, Guilelmus Parvus) (Montivilliers, Normandie 1470-Senlis 1536), fut nommé confesseur du roi en 1509, évêque de Troyes en 1519, puis de Senlis en 1527 ; mais Meaux est figure ici par erreur (de Guy Patin ou de son transcripteur) Parmi plusieurs autres ouvrages, Petit a laissé :

    Le viat {a} de salut, très nécessaire et utile à tous chrétiens pour parvenir à la gloire éternelle. Imprimé à Longueville, devant Bar-le-Duc, par l’autorité de Révérend Père en Dieu Hector Dailly, évêque et comte de Toul. Lequel a commandé à son senne {b} dernier m. ccccc. xxvii.célébré le xxiiii. d’octobre, {c} à tous curés, chapelains, vicaires et maîtres d’école avoir ce présent livre, pour le lire ou faire lire au prône les dimanches et fêtes ; et aux écoles, aux enfants capables de l’entendre. Et à cette fin, donne ledit Révérend à tous les sujets qui dévotement liront ce présent livre ou écouteront lire avec bon propos de soi et mander et vivre selon la doctrine de Notre Seigneur quarante jours de vrais pardons toutes les fois et quantes qui d’octobre, {d} le liront ou écouteront lire. {e}


    1. Viatique, v. note [15], lettre 251.

    2. Synode.

    3. Le 24 octobre 1527.

    4. Chaque fois qu’ils.

    5. Longueville, en la maison de la vénérable personne Messire Martin Mourot, prêtre, doyen de la chrétienté de Liney (Liny-devant-Dun), in‑4o de 86 feuilles, sans mention du nom de l’auteur, pour la première de plusieurs éditions.

Guy Patin faisait allusion à deux lettres latines écrites en 1516, qu’on trouve dans les Épîtres d’Érasme (édition de Londres, 1642, v. note [14], lettre 71).

  1. Lettre 15 (livre premier, colonne 58‑59), de Guillaume Budé à Érasme, datée de Paris, le 5 février :

    Ac ne Regis voluntatem impetum esse potius, quam judicium propositumque certum suspiceris, idem præsul mihi dixit, cum de te, ac summæ notæ scriptoribus loqueremur, Cordi esse Regi literas altiores, elegantioresque, secumque verba fecisse Regem, de conquirendis viris doctrinæ eminentis. Dixi tum posse te honesto præmio evocari in Franciam, idque me curaturum (si res ista tulisset) pollicitus sum, effecturumque : diu te Parisiis studuisse, nec minus te Franciam, quam locum incunabulorum tuorum nosse. Is, quantum opinor, summe tibi favebit. Summa autem porro ipse autoritate apud Principem pollet, ut qui in sanctius consilum Principis allectus sit inter paucos, quos apolectos, et selectos appellarunt antiqui. Tu hac de re statues, et ad me, aut alium quemvis scribes, si alium esse tibi amiciorem me putas : ut si hanc conditionem acceperis, hoc est, accipienda censueris, nova tibi stipulatione, certioreque caveatur a Principe, ejus præcipue opera, cujus hortatu ad te scripsi. Ipse enim maxime velim, ut hoc negotium sine captione ulla tua transigatur. Existimo Guilielmum Copum medicum regium, hominem utraque lingua doctum, et tibi amicum, ac benevolum, de hoc ad te scripturum, et alios, fortasse Principis jussu, vel ipsum etiam Regem. Mirum quam tibi Guilielmorum natio dedita sit et literis. Jam enim tres Guilielmos in eodem negotio studiosos habes tui. Sed Stephanus Parisiensis (id est, corona) si tecum (ut spero) locutus est, magnum omen attulit ad summam, felicemque manum imponendam incœpto.

    [Et afin que vous ne supçonniez pas que la volonté du roi soit plutôt un caprice qu’une décision ou un dessein bien résolus, ledit prélat {a} m’a dit, tandis que nous parlions de vous et des écrivains de tout premier rang, que le roi tenait en très haute estime la littérature la plus éminente et la plus raffinée, et qu’il lui a demandé de recruter les plus savants auteurs. Je lui dis alors que nous pourrions vous faire venir en France moyennant une honnête rétribution, et lui ai promis d’en prendre soin et d’y parvenir (si cette affaire prenait forme), car vous avez longtemps étudié à Paris, et avez reconnu que la France n’était rien de moins que le berceau où vous avez grandi. Je pense tout à fait que ce prélat vous sera entièrement favorable. Il jouit en outre d’une très haute autorité auprès du prince, étant donné que dans son Conseil privé il fait partie de ce petit nombre de personnages que les Anciens appelaient apolecti et selecti. {b} Il vous appartient d’en décider et d’écrire votre réponse, soit à moi, soit à quelqu’un d’autre, s’il en est un que vous tenez pour meilleur ami de vous que je ne suis. Vous direz si vous acceptez cette fonction, c’est-à-dire si vous estimez devoir accepter cette charge qui est nouvelle pour vous, et à la quelle le roi, sur l’instance de qui je vous écris, attache la plus haute importance. Personnellement, je serais très désireux que cette négociation aboutisse sans que vous y voyiez le moindre piège. Je pense que votre bienveillant ami Guillaume Cop, médecin du roi et homme savant dans les deux langues, {c} vous en écrira, ainsi que d’autres, peut-être sur l’ordre du prince, voire que le roi en personne prendra la plume. Il est admirable de voir à quel point la nation des Guillaume est dévouée à votre cause et à celle des belles-lettres, car en cette affaire, vous vous êtes déjà acquis les faveurs de trois Guillaume ; mais si (comme j’espère) Estienne de Paris {d} (c’est-à-dire sa couronne) vous en a parlé, j’augure fort qu’il a apporté une puissante et heureuse aide à notre projet].


    1. Étienne Ponchier (1446-1524), président au Parlement de Paris (1498), garde des sceaux (1513-1515), évêque de Paris (1503) et futur archevêque de Sens (1519).

    2. « Choisis et du tout premier rang ».

    3. Latin et grec.

    4. L’imprimeur érudit Henri i Estienne (v. note [8], lettre 91).

  2. Dans sa réponse (lettre 16 (ibid. colonne 58‑59), datée d’Anvers, le 21 février, Érasme remercie chaleureusement Guillaume Budé et le roi François ier pour leur flatteuse proposition, à laquelle il désire plus longuement réfléchir. Il évoque les Guillaume qui peuplent ses souvenirs :

    Commodum admonuisti, quod ipse sæpenumero admiratus sum, Guillemorum gentem mihi tantopere favere, sive id fato quodam accidit, sive casu. Olim vix decem natus annos, collusorem amavi Guilielmum. Rursum quindecim annos natus, sic æqualem quemdam dilexi, ut mihi esset meipso charior. Huic successit Guilielmus Hermannus, homo doctus, cujus hymnos opinor vidisse te : post hunc Guilielmus Montjoius, perpetuus et constantissimus Mecænas meus. Deinde Guilielmus Latamerus, vir in utriusque literaturæ præstantia Linacro non inferior, homo vere Theologus, hoc est, integerrimus simul et eruditissimus, nostrisque cum primis studiosus. Ad hæc, Guilielmus Grocinus, cujus epistolam habes sphæræ Proculi additam. Jam quot Guilielmos æquat unus ille Guilielmus Archiepiscopus Cantuariensis ? Ad hæc Guilielmum Copum sic totum totus amo, ut ad ipsum etiam hominis nomen recreer. De te vero parcius dicam in os. Sed ditior sum, quam existimaram. Nesciebam insignem illum et omnium ore celebratum Theologum Guilielmum cognomento Parvum, virtutum eminentia maximum, usque adeo meum esse. Mane, nondum omneis Guilielmos meos recensui.

    [Vous me rappelez opportunément l’immense faveur que je porte à la gent des Guillaume, et qu’elle ait été due au destin ou au hasard, je m’en suis très souvent émerveillé. À peine âgé de dix ans, j’eus un Guillaume pour bien-aimé compagnon de jeu. À quinze ans, j’en ai pareillement aimé un autre, qui m’a même été plus cher encore. Lui a succédé Guilielmus Hermannus, savant homme dont, je pense, vous avez vu les hymnes ; {a} et après lui, Guilielmus Montjoius a été mon perpétuel et très constant Mecænas. {b} Ensuite, il y eut Guilielmus Latamerus, homme dont la connaissance des deux langues n’était pas inférieure à celle de Linacrus, et authentique théologien, c’est-à-dire à la fois parfaitement intègre et érudit, qui a veillé sur mes débuts. {c} Il y a encore Guilielmus Grocinus, dont vous avez la lettre qui a été ajoutée à la Sphère de Proclus. {d} De tant de Guillaume, un seul égale-t-il aujourd’hui ce Guilielmus, archevêque de Cantorbéry ? {e} J’éprouve en outre une si complète affection pour Guilielmus Copus que je m’en remets entièrement au renom de cet homme. De vous, je ne dirai pas plus, mais je suis plus riche encore que je ne pensais : j’ignorais que Guilielmus, qui porte le patronyme de Parvus, cet insigne théologien que les discours de tous ont célébré pour l’extrême éminence de ses vertus, va jusqu’à me soutenir. Attendez, je n’ai pas encore entièrement recensé mes chers Guillaume]. {f}


    1. Érasme et Guilielmus Hermannus figurent parmi les 12 auteurs ou traducteurs d’un petit recueil de fables publié à Sélestat, Lazarus Schurerius, 1521, in‑4o.

    2. V. note [7], lettre 206, pour Mécène, mais je n’en ai guère trouvé plus sur ce bienfaiteur à qui Érasme a plusieurs fois marqué sa reconnaissance.

    3. Thomas Linacre, médecin et humaniste anglais mort en 1524, a fondé le College of Physicians de Londres, en 1518. Mes recherches sur Latamerus (ou Latimerus) ne m’ont mené à rien de probant.

    4. La Sphère (dite étoilée ou armillaire, v. note [30] du Faux Patiniana II‑2) de Proclus, dit le Diadoque, est un traité d’astronomie d’auteur incertain. Thomas Linacre a édité ce traité pour la première fois, en grec et latin, en 1499 (Alde Manuce). L’helléniste anglais William Grocyn (1446-1519) en a rédigé la préface.

    5. Probablement William Warham (1450-1532), archevêque de Cantorbéry et Lord chancelier en 1503.

    6. Érasme cite encore son ami Guilielmus Nesenus (Guillaume Nesen, 1493-1524), humaniste de Bâle qui opta pour le luthéranisme en 1521.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 22 août 1645, note 6.

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(Consulté le 19/04/2024)

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