À Pierre Gassendi, le 29 juin 1655, note 6.
Note [6]

Condamné à mort par Néron, Sénèque le Jeune préféra mettre lui-même fin à ses jours. En admirable exemple d’amour, Pauline, son épouse, choisit de subir le même destin que lui. Le philosophe se fit ouvrir les veines des bras. Comme la mort ne venait pas, on lui tailla aussi celles des jambes et des jarrets, mais toujours sans résultat (Tacite, Annales, livre xv, chapitre lxvi) :

Seneca interim, durante tractu et lentitudine mortis, Statium Annæum, diu sibi amicitiæ fide et arte medicinæ probatum, orat provisum pridem venenum, quo damnati publico Atheniensium iudicio exstinguerentur, promeret ; adlatumque hausit frustra, frigidus iam artus et cluso corpore adversum vim veneni. Postremo stagnum calidæ aquæ introiit, respergens proximos servorum addita voce libare se liquorem illum Iovi liberatoris. exim balneo inlatus et vapore eius exanimatus, sine ullo funeris sollemni crematur. Ita codicillis præscripserat, cum etiam tum prædives et præpotens supremis suis consuleret.

[Cependant, comme le sang coulait péniblement et que la mort était lente à venir, Sénèque pria Statius Annæus, qu’il avait tenu de longue date pour un ami sûr et un habile médecin, de lui apporter le poison dont il s’était récemment muni, le même qu’on employait à Athènes pour exécuter les condamnés à la sentence capitale. Sénèque prit en vain ce breuvage : ses membres déjà froids et ses vaisseaux rétrécis refusaient l’effet du poison. Enfin il entra dans un bain chaud, et répandit de l’eau sur les esclaves qui l’entouraient, en disant : « J’offre cette libation à Jupiter Libérateur. » Il se fit ensuite porter dans une étuve, dont la vapeur le suffoqua. Son corps fut brûlé sans aucune pompe, comme il l’avait ordonné par un codicille, lorsque, riche encore et tout-puissant, il se préoccupait déjà de sa fin].

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Pierre Gassendi, le 29 juin 1655, note 6.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1508&cln=6

(Consulté le 04/05/2024)

Licence Creative Commons