À Sebastian Scheffer, le 24 mai 1665, note 62.
Note [62]

Page 293 (Paris, 1646), livre ii, chapitre xciv, De Fœniculo [Le Fenouil], ligne 25 (§ 1), sur l’étymologie, remplacer Cæsalpinum [Cesalpino] par Casaubonum [Casaubon] dans :

Interim non nescio, Cæsalpinum [Casabonum] in Strab. derivare a Marathone, seu Campo fœniculaceo {a} Atticæ.

[Toutefois, je n’ignore pas que Cesalpino (Casaubon) sur Strabon dérive ce mot de Marathon, ou champ de fenouil d’Attique]. {b}


  1. Sic pour fœniculario, erreur qui a échappé à la vigilance de Guy Patin.

  2. Comme on va voir ci-dessous, fenouil (v. note [13] de la Consultation 19) se dit marathon (μαραθον) en grec, mot qui a donné son nom à la célèbre plaine de Marathon (Μαραθων, v. note [16], lettre de Jan van Beverwijk, datée du 30 juillet 1640) en Attique (péninsule d’Athènes).

La consultation de ces deux sources explique ce qu’écrivait Caspar Hofmann et donne raison à Patin.

  • Andrea Cesalpino a consacré au fenouil le chapitre ix, livre vii (pages 282‑283), de ses De Plantis libri xvi [Seize livres sur les Plantes] (Florence, 1583, v. supra notule {c}, note [47]) : sans citer Strabon, il se contente de dire que Dioscoride (v. supra notule {c}, note [10]) appelait le fenouil marathon.

  • Le Strabon (v. note [5], lettre 977) d’Isaac Casaubon (v. note [7], lettre 36) est intitulé : Στραβωνος Γεωγραφικων βιβλιοι ιζ. Strabonis rerum geographicarum libri xvii. Isaacus Casabonus recensuit, summoque studio et diligentia, ope etiam veterum codicum, emendavit, ac Commentariis illustravit. Accessit et Tabula Orbis totius descriptionem complectens. Adjecta est etiam Guilielmi Xylandri Augustani Latina versio, cum necessariis Indicibus [Les 17 livres de la Géographie de Strabon. Isaac Casaubon les a édités avec très grandes application et diligence, au moyen des anciens manuscrits, il les a corrigés et enrichis de Commentaires. Il y a ajouté une carte qui présente une description du monde entier ; avec aussi la traduction latine de Guilielmus Xylander, natif d’Augsbourg, {a} et les index requis] (Genève, Eustache Vignon natif d’Arras, 1587, in‑fo).

    La remarque philologique de Casaubon porte sur le livre iii et se trouve à la page 61 (colonne de droite, repère D) de ses commentaires, qui sont groupés à la fin de l’ouvrage (avec une pagination et un index propres) :

    Alioquin vidbitur dicere Marathonem vocem esse Latinam : verum ille hoc potius ait, appellari locum Romana voce quæ respondeat Græce μαραθων. Sic autem exprimit Fœnicularium campum Latinis dictum, ut apud Cidceronem in epistolis ad Atticum. Exprimit autem eleganter ; Nam ita postulabat analogia : et Marathon quoque in agro Attico non aliunde nomen invenit, ut testatur Stephanus. Quod autem putant doctissimi viri scribendum esse του Μαραθρονιου, prorsus ratione caret. An ignorabat vir eruditus quum illa scriberet μαραθον dici et μαραθρον pro eodem ? An vero analogiam vocis μαραθων quam exposuimus non videbat ?

    [On verra dire ailleurs que Marathon est un mot latin ; mais il est plus probable que langue romaine désigne par ce nom un lieu qui porte en grec celui de marathôn, {b} exprimant ainsi ce que les Latins appellent un campus fœnicularius, comme fait Cicéron dans ses Lettres à Atticus, en s’exprimant avec finesse, car il faisait appel à une analogie. {c} De plus, comme en atteste Estienne, {d} le nom Marathon ne se trouve pas ailleurs que dans la campagne d’Attique. Contre toute logique, de grands érudits pensent pourtant qu’il faut écrire le Marathon. {e} Notre savant homme {a} ignorait-il, quand il écrivait sa lettre, que marathon et marathron sont deux manières d’orthographier le même mot ? {f} N’y voyait-il pas l’analogie avec marathôn que nous avons montrée ?]


    1. Guillaume (Wilhelm) Xylander (Holtzman), v. notule {f}, note [52] du Patiniana I‑2.

    2. Dans ma translittération, l’accent circonflexe marque l’oméga grec.

    3. Campus fœnicularius signifie « champ de fenouil ». Cicéron a employé cette expression dans sa lettre viii à Atticus (livre xii), pour parler non pas de Marathon en Attique, mais d’une plaine en Espagne tarraconaise :

      Scribe, quæso, quid referat Celer egisse Cæsarem cum candidatis : utrum ipse in fenicularium, an in Martium campum cogitet ?

      [Écris-moi, je te prie, ce que dit Celer sur la manière dont César s’y prendra avec les candidats : songe-t-il au champ de fenouil ou au champ de Mars ?]

    4. Robert i Estienne (v. note [7], lettre 659).

    5. Avec un omicron au lieu d’un oméga.

    6. Bailly admet les doubles orthographes : marathon et marathron, pour « fenouil », avec un omicron ; marathôn et marathrôn pour « champ de fenouil », avec un oméga. Pour la ville de Marathon, seul Marathôn est attesté.

La réédition de Francfort (1667, page 234) a appliqué cette correction (mais en laissant fœniculaceo pour fœniculario, v. supra première notule {a}).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Sebastian Scheffer, le 24 mai 1665, note 62.

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(Consulté le 19/04/2024)

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