Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 5 manuscrit, note 62.
Note [62]

« pour procurer à son estomac une indigestion mortelle, […] afin que s’éteignît plus vite tout ce qui lui restait de chaleur innée. »

  • La transcription du mot grec απεποιαν (apépoïan) ne fait aucun doute, mais il n’existe dans aucun des dictionnaires, usuels ou médicaux, que j’ai consultés, que ce soit sous sa forme nominative (apépoïa) ou non privative (pépoïa). Pour le relier au contexte, je l’ai traduit par « indigestion », en le tenant pour un barbare bâtard du verbe απεπτεω (apeptéô, « je ne digère pas »).

  • Quoi qu’il en soit, cette façon de se suicider – qui correspond à la description donnée dans la note [52] du Patiniana I‑4, mais qui semble aujourd’hui absurde – était conforme aux conceptions de l’époque, fondées sur les humeurs et les tempéraments : la chaleur était la vie et le froid, la mort ; on croyait que se remplir l’estomac de bœuf cru, puis le comprimer et le frigorifier en posant une lourde pierre froide (un pesant marbre froid) sur l’épigastre, pouvait tuer en faisant chuter la température corporelle sous le seuil jugé compatible avec la vie. Si Ranconnet s’est vraiment suicidé de cette façon, il est probable qu’il est mort d’étouffement (en bloquant les mouvements respiratoires du diaphragme), plutôt que de refroidissement, par dissipation de la chaleur innée (εμφυτος θερμασια, hémphutos thermasia, v. première notule {a}, note [14], lettre 150).

  • V. la citation du Pithœana, au début de la note [53] du Patiniana I‑4, pour l’implication du cardinal de Lorraine dans la condamnation de Ranconnet.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 5 manuscrit, note 62.

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(Consulté le 19/04/2024)

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