Autres écrits : Une thèse quodlibétaire de Guy Patin : « L’homme n’est que maladie » (1643), note 7.
Note [7]

V. note [3], lettre 802, pour les cinq derniers mots latins, sedentium ad libros miserum stipendium, que Guy Patin a empruntés à l’Histoire universelle de Jacques-Auguste i de Thou (mais il parlait de la lithiase urinaire, et non de la lassitude).

Pour le début de sa phrase, Patin s’inspirait de Sénèque le Jeune (Hercule furieux, vers 1065-1067) :

Tuque, o domitor,
Somne laborum, requies animi,
pars humanæ melior vitæ
.

[Ô toi sommeil, dompteur de tous les maux, repos de l’esprit, meilleure partie de la vie humaine].

Jean Fernel a développé ces idées dans le chapitre xvii (Que le sommeil et les veilles sont souvent causes de maladies, pages 65‑67), livre i de sa Pathologie (v. note [1], lettre 36) :

« Or le sommeil est non tant un mouvement, comme une cessation du sens et de toute fonction animale, en laquelle ont accoutumé d’être assoupis non seulement les nerfs, les muscles et les membres, à la façon qu’ils le sont dans le repos, mais encore le cerveau et tous les sens ; de sorte que le sommeil est comme le soulagement de tous les travaux, le repos de l’esprit, et la meilleure partie de la vie humaine. {a} Il répare les esprits dissipés par les veilles, en subrogeant d’autres en leur place pour la continuation des fonctions accoutumées : il délasse les membres et les sens, conforte et augmente les fonctions naturelles, et principalement la digestion et la vertu rétentrice ; car alors la chaleur naturelle n’est point dispersée, mais se ramassant autour des viscères, elle devient plus vigoureuse, et s’emploie plus fortement à la cuisson de la viande et des humeurs qui sont crues. […]
Au reste, l’excès de sommeil obscurcit et appesantit les esprits, débilite et alentit toutes les forces des sens et de la raison, rabat la chaleur, empêche les fonctions naturelles, amasse des humeurs crues et pituiteuses, et des superfluités de toutes les façons. Tellement que le trop dormir refroidissant et humectant le corps, le rend plus lâche et plus pesant que ne fait le repos, et est une source de fluxions, et un séminaire de maladies, froides et longues. Il n’y a rien de si semblable à la mort que le sommeil, qui en est l’image et la représentation. Les veilles sont tout le contraire du sommeil car elles excitent les esprits et les sens, les rendent prompts, subtils et allègres, recréent et redressent les forces de toutes les parties, épandent également la chaleur par tout le corps, hâtent la distribution de l’aliment et des humeurs, et l’expulsion des excréments ; et ceux pourvu qu’elles soient modérées, mais les veilles excessives épuisent les esprits, dessèchent le corps, et surtout le cerveau. »


  1. La phrase latine originelle de Fernel (Medicina, Paris, 1554, Pathologia, livre i, chapitre xvii, page 27, lignes 12‑14) est : estque somnus omnium quasi quasi perfugium laborum, requies animi, pars humanæ melior vitæ (sans citation de la source dans Sénèque le Jeune).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Une thèse quodlibétaire de Guy Patin : « L’homme n’est que maladie » (1643), note 7.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8038&cln=7

(Consulté le 19/04/2024)

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