Autres écrits : Traité de la Conservation de santé (Guy Patin, 1632) : Chapitre II, note 73.
Note [73]

Tertullien (v. note [19], lettre 119), Apologétique, chapitre ix :

De sanguinis pabulo et eiusmodi tragicis ferculis legite, necubi relatum sit (est apud Herodotum, opinor), defusum brachiis sanguinem ex alterutro degustatum nationes quasdam fœderi conparasse. Nescio quid et sub Catilina degustatum est. Aiunt et apud quosdam gentiles Scytharum defunctum quemque a suis comedi. Longe excurro. Hodie istic Bellonæ sacratus sanguis de femore proscisso in palmulam exceptus et esui datus signat. Item illi qui munere in arena noxiorum iugulatorum sanguinem recentem de iugulo decurrentem exceptum avida siti comitiali morbo medentes auferunt, ubi sunt ? Item illi qui de arena ferinis obsoniis coenant, qui de apro, que de cervo petunt ? Aper ille quem cruentavit, conluctando detersit. Cervus ille in gladiatoris sanguine iacuit. Ipsorum ursorum alvei appetuntur cruditantes adhuc de visceribus humanis. Ructatur proinde ab homine caro pasta de homine. Hæc qui editis, quantum abestis a conviviis Christianorum ? Minus autem et illi faciunt qui libidine fera humanis membris inhiant, quia vivos vorant ? minus humano sanguine ad spurcitiam consecrantur, quia futurum sanguinem lambunt ? Non edunt infantes plane, sed magis puberes. Erubescat error vester Christianis, qui ne animalium quidem sanguinem in epulis esculentis habemus, qui propterea suffocatis quoque et morticinis abstinemus, ne quo modo sanguine contaminemur vel intra viscera sepulto. Denique inter temptamenta Christianorum botulos etiam cruore distensos admovetis, certissimi scilicet inlicitum esse penes illos per quod exorbitare eos vultis. Porro quale est, ut quos sanguinem pecoris horrere confiditis, humano inhiare credatis, nisi forte suaviorem eum experti ? Quem quidem et ipsum proinde examinatorem Christianorum adhiberi oportebat ut foculum, ut acerram. Proinde enim probarentur sanguinem humanum adpetendo quemadmodum sacrificium respuendo, alioquin negandi si non gustassent, quemadmodum si immolassent, et utique non deesset vobis in auditione custodiarum et damnatione sanguis humanus.

[Pour en venir à ces repas de sang et de chair humaine, qui font frémir, vous pouvez lire dans Hérodote, si je ne me trompe, que certaines peuplades, après s’être tiré du sang au bras, se le présentent mutuellement à boire, comme pour sceller leur alliance par cet échange. Il se passa quelque chose de semblable dans la conjuration de Catilina. Les Scythes, dit-on, mangent leurs parents après leur mort. Mais pourquoi chercher des exemples si loin ? Ici même, pour être admis aux mystères de Bellone, {a} il faut avoir bu du sang qu’on tire de sa cuisse entrouverte, et qu’on recueille dans la main. Et ceux qui, pour guérir l’épilepsie qui les travaille, sucent avec une soif avide le sang encore bouillant des criminels qui viennent d’expirer dans l’arène, où sont-ils ? Où sont-ils ceux qui mangent des animaux tués dans l’amphithéâtre ? Ne se nourrissent-ils pas de la chair de leurs semblables ? car ce sanglier s’est abreuvé du sang de la victime qu’il a déchirée ; ce cerf est tombé dans le sang du gladiateur ; et dans le ventre des ours, on voit encore palpiter les membres des hommes qu’ils ont dévorés. Vous vous engraissez d’une chair engraissée de la chair de l’homme ! En quoi donc vos repas diffèrent-ils des prétendus repas des chrétiens ? Et ceux qui, avec des fantaisies dépravées, se précipitent dans des plaisirs infâmes qui révoltent la nature et qui feraient rougir le crime, sont-ils moins criminels, moins homicides ? Rougissez d’imputer aux chrétiens des crimes dont ils sont si éloignés qu’ils ont même interdit sur leurs tables le sang des animaux, et que par cette raison ils s’abstiennent des bêtes étouffées et mortes d’elles-mêmes, pour ne se souiller d’aucun sang, même de celui que recèleraient leurs entrailles. Vous ne l’ignorez pas, puisque parmi vos moyens de corruption, vous présentez à la foi chrétienne des mets pleins de sang. Or, je vous le demande, pouvez-vous croire que ces hommes accoutumés à ne voir qu’avec horreur le sang des animaux soient si fort altérés du sang de leurs semblables, à moins peut-être que vous n’ayez trouvé celui-ci plus délicat ? Que ne joignez-vous donc le sang humain au feu et à l’encens pour éprouver les chrétiens ! Vous les reconnaîtrez et les enverrez au supplice, s’ils goûtent du sang, comme vous le faites, quand ils refusent de sacrifier. Et certainement vos tribunaux et vos arrêts ne vous laisseront jamais manquer de sang humain].


  1. Déesse de la guerre, v. note [3], lettre latine 29.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Traité de la Conservation de santé (Guy Patin, 1632) : Chapitre II, note 73.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8169&cln=73

(Consulté le 20/04/2024)

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