Autres écrits : Consultations et mémorandums (ms BIU Santé  2007) : 16, note 8.
Note [8]

Dans la seconde édition de son Theatrum Anatomicum (Francfort, 1621, v. notule {b}, note [4], lettre 1024), Caspar Bauhin avait répondu à ses détracteurs dans une longue note marginale, en justifiant sa priorité dans la découverte de la valvule iléo-cæcale (livre i, chapitre xvii, pages 63‑64) :

Valvulam hanc aliqui dari pernegant, inter quos fuit Pauvius Anatom. Leidensis : alii vix semel atque iterum a me observatam volunt : alii ut Patavinæ scholæ Anatomicæ lumina, Aquapendens et Placentius (absit invidia dicto) in demonstrationibus Anatomicis, ejus inventionem mihi tribuere solebant. Alii Andernacum invenisse volunt, sed locum eos ostendere vellem, cum in sua Medicina per dialogis edita, ne verbum extare asserere possim. Riolanus asserit, Varolium ante natum Bauhinum (parcius) descripsisse et post eum Salomonem Albertum : de his paucis, suo loco plenius : An Varolius inventor fuerit, me ignorare fateor : at hoc assero ipsius scripta primum circa annum 1591. a Cl. Ioh. Baptista Cortesio, nunc Panormi in Sicilia medico professore edita et ab ipso mihi oblata fuere, cum jam annis undecim Anatomicis præfuissem, in quibus Valvulæ hujus descriptionem reperi ; Sed non ante Bauhinum natum, cum is Bononiæ vixerit, tum cum Patavii studiorum causa versarer : sed levia hæc relinquamus, modo inventa sit, et magis seria tractemus : et brevibus quæ de hac habentur subnectamus. Varoli verba : ubi Ilium jungitur Colo, protuberat ex parte interna membrana quædam, quæ est ultimus finis Ilii, eo usque producti, quam ego ejusdem inventor operculum Ilii appello : unde fæces ex compressione ad superiora regurgigantes, operculum prædictum supra ilii foramen reclinant atque claudunt, atque ita superiora petere nequeunt. Salomon Albertus in suis orationibus anno 1584. editis, intra capacitatem, ait, intestini, ubi Ileum et Colon sunt contermina, jam in secundo cadavere sese exhibuit Valvula, satis crassa, firma ac rigida, quæ ita Ilei foribus obderetur, ut fæce illabenti jam exsucta ab intestinis gracilibus cedere possit, nam introspectat margini coli quæ id dextro reni et femur moventi musculo objacet affirmata. Piccolhominus in suis prælect. Anatom. anno 1586. editis : Valvulæ tres quemadmodum in corde, ad Cæcum intestinum sunt additæ, tanquam ostiola quædam deorsum spectantes, ut materiam intestinis gracilibus inclusam deorsum illabi sinant, et ne sursum resilire possit impediant. Ioan. Sigfridus in suis Anatomicis anno 1598. editis : Valvula quædam insignis ad ingressum ex Ileo in Colum etc. Laurentii verba in textu habentur. Greg. Horstius lib. de nat. hum. in primis his consideranda Valvula ad Cæcum intestinum addita, de qua vide Bauhinum et Archangelum. Knoblochius in disp. anat. alii Valvulas tres defendunt, ut Archangelus, alii unam vide Bauhin lib. de part. cæs. et lib. de part. simil. Casp. Bartholinus in anat. ad Coli initium apponitur Valvula crassa et membranosa satis, a Bauhino inventa, sursum spectans, non deorsum ut scribit Laurentius, etc.

[Certains, tel Pavius, anatomiste de Leyde, {a} refusent absolument d’attribuer la découverte de cette valvule à qui que ce soit ; d’autres, à d’assez nombreuses reprises, veulent que ce soit moi qui l’aie observée ; d’autres, telles les lumières de l’école anatomique de Padoue qu’ont été Aquapendens et Piacentius {b} (soit dit sans jalousie de ma part), avaient coutume, lors de leurs démonstrations anatomiques, de m’en faire l’inventeur. D’autres veulent qu’Andernacus l’ait découverte, mais je voudrais qu’ils me montrent où ils l’ont lu, car je n’ai pu le trouver dans la Médecine par dialogues qu’il a publiée. {c} Riolan a soutenu que « Varole, avant que Bauhin fût né (excusez du peu), l’a décrite, et Salomon Alberti après lui ». {d} J’en dirai plus là-dessus que ses quelques mots. J’avoue ne pas savoir moi-même si Varole l’a découverte ; mais je vais dire ce que je déduis de ses écrits qui ont été publiés pour la première fois vers 1591 par le très distingué Giovanni Battista Cortesi, à présent professeur de médecine à Palerme ; {e} il me les a lui-même offerts quand j’assistais à ses leçons d’anatomie, voici déjà onze ans. J’y ai trouvé la description que Varole a donnée de la valvule, mais ce n’était pas « avant que Bauhin fût né », puisqu’il vivait à Bologne tandis que je résidais à Padoue pour étudier ; mais laissons-là ces vétilles, {f} dans la mesure où elle a bien été découverte, et passons à des questions beaucoup plus sérieuses, en nous attachant à ce qu’il y a de certain sur le sujet. Voici les mots de Varole : « À l’abouchement de l’iléon dans le côlon, une membrane faisait saillie, venant de la partie intérieure, qui est la terminaison de l’iléon, et émanant de lui ; et moi, qui en suis l’inventeur, je l’appelle le “ couvercle de l’iléon ” ; quand, en comprimant, on pousse les matières fécales vers l’amont, elles replient et ferment le susdit “ couvercle ” par-dessus l’orifice de l’iléon, et c’est ainsi qu’elles ne peuvent remonter. » Salomon Alberti, dans ses Orationes, publiés en 1584, {g} dit que dans la lumière de l’intestin, là où se joignent l’iléon et le côlon, il a vu, déjà dans deux cadavres, une valvule, assez épaisse, solide et rigide, qui verrouillait si étroitement la porte de l’iléon qu’elle ne pouvait être de nouveau franchie par la matière fécale qui s’était déjà écoulée de l’intestin grêle, comme on le voit bien en comprimant le côlon droit entre le muscle psoas et la cuisse repliée du même côté. Dans ses Anatomicæ prælectiones, publiées en 1586, Piccolomini a écrit : {h} « De même que dans le cœur, {i} trois valvules sont attachées à l’intérieur du cæcum, comme de petites portes ouvertes sur l’aval, permettant à la matière contenue dans l’intestin grêle de couler vers le bas, mais empêchant qu’elle ne puisse refluer vers l’amont. » Johannes Sigfridus, dans ses Anatomies publiées en 1598, a écrit qu’il existe une valve remarquable à l’abouchement de l’iléon dans le côlon, etc. {j} J’ai reproduit les propos de Du Laurens dans le corps du texte. {k} Gregor Horst, de Natura humana, dit qu’il faut porter une attention particulière à la valve qui s’insère sur le cæcum, et renvoie là-dessus à Bauhin et Archangelus. {l} Certains, dont Knobolichius, en ses Dissertationes anatomicæ, {m} défendent l’existence de trois valvules, comme Archangelus, et d’autres n’en voient qu’une seule ; voyez Bauhin sur l’accouchement césarien et de Partibus similaribus. {n} Dans son Anatomie, Caspar Bartholin écrit :{o} « Une valvule épaisse et assez membraneuse est placée à l’origine du côlon ; découverte par Bauhin, elle est tournée vers l’aval, et non vers l’amont, comme l’a écrit Du Laurens, etc. »]. {p}


  1. Pieter Paaw (v. note [46] du Grotiana 1) a nié l’existence de la valvule iléo-cæcale dans sa lettre à Guillaume Fabrice de Hilden, publiée dans sa première centurie d’Epistolæ [Épîtres] (Oppenheim, Johannes Theodor de Bry, 1619, in‑4o) : centurie i, lettre lxxxix, datée de Leyde, le 18 avril 1612 (pages 426‑427).

  2. V. note [10], lettre 86, pour Fabrice d’Aquapendente, et infra note [16] pour son disciple Piacentus (écorché en Placentius dans le texte latin).

  3. Les Ioannis Guintherii Andernaci Medici clarissimi de Medicina veteri et nova cognoscenda, tum faciunda Commentarii duo [Deux commentaires de Jean Gonthier d’Andernach (v. note [4], lettre 840) sur la connaissance et la pratique de la médecine ancienne et nouvelle] (Bâle, Henricpetri, 1571, in‑fo) sont composés de deux séries de dialogues entre deux médecins, Geron [le Vieillard] et Mathetes [l’Étudiant].

  4. Dans la première édition de l’Anthropographie (Paris, 1618), Riolan avait simplement écrit (page 185) :

    Bauhinus inventionem huius vavulæ sibi tribuit et arrogat, quum ante natum Bauhinum, Varolius eleganter descripserit, et post eum Salomon Albertus in suis observationibus.

    [Bauhin s’est attribué et arrogé la découverte de cette valvule ; mais avant que Bauhin fût né, Varole l’avait déjà brillamment décrite et, après lui, Salomon Alberti en ses observations].

  5. V. infra note [9] pour Cortesi, qui enseignait à Messine et non à Palerme (après avoir professé à Bologne jusqu’en 1598), et pour son édition princeps du livre de Varole (Francfort, 1591).

  6. V. note [28] du Faux Patiniana II‑5.

  7. V. supra note [7] pour Salomon Alberti et son Historia, qui est datée de 1585.

  8. V. infra note [15] pour Arcangelo Piccolomini, ses « Leçons anatomiques » (Rome, 1586) et la citation complète de ce qu’il y a écrit sur le sujet.

  9. Le cœur est pourvu de quatre valves, formées chacune de trois valvules, qui orientent le sang en sens unique : à droite, pour le sang veineux allant vers les poumons, les valves tricuspide (de l’atrium [oreillette] vers le ventricule) et pulmonaire (du ventricule vers l’artère pulmonaire) ; à gauche, pour le sang artériel quittant les poumons, les valves mitrale (de l’atrium vers le ventricule) et aortique (du ventricule vers l’aorte).

  10. Johann Siegfried a enseigné à Helmstedt au xvie s. et publié d’obscurs ouvrages anatomiques, dont la trace est aujourd’hui difficile à retrouver.

  11. Bauhin citait l’Historia anatomica [Histoire anatomique] d’André i Du Laurens (Erfurt, 1595, v. note [3], lettre 13) quelques lignes plus bas (page 64) :

    Hanc Andreas Laurentius in novo suo et elegantissimo opere Anatomico his verbis descripsit : Ad Coli principium Valvulam sæpe observavimus, deorsum spectantem hostioli instar, quam eleganter descripsit Bauhinus (pro hac honorifica nostri mentione, gratiam debemus) hæc fæcum et inutilium humorum refluxum ad supernas partes prohibet […].

    [En son nouveau et très bel ouvrage anatomique, Du Laurens la décrit en ces termes : Nous avons souvent observé, au début du côlon, une valvule qui regarde vers l’aval, à la manière d’une petite porte ; Bauhin l’a élégamment décrite (mention honorifique dont je dois lui savoir gré) ; elle interdit le reflux des fèces et des humeurs inutiles vers l’amont (…)].

  12. Gregor ii Horst (v. note [33], lettre 458) : De Natura humana libri duo… [Deux livres sur la Nature humaine…] (Wittemberg, 1607, in‑8o, pour la première édition). Archangelus (Arcangelo) est le prénom de Piccolomini.

  13. Tobias Knobloch, médecin allemand mort en 1641 : Dissertationes anatomicæ et psychologicæ… [Dissertations anatomiques et psychologiques…] (Leipzig, 1612, in‑8o).

  14. V. note [7], lettre 159, pour la traduction latine du livre de François Rousset sur la césarienne, qu’a publiée Caspar Bauhin (Bâle, 1591). Dans les appendices qu’il y a ajoutés (et sans relation avec le sujet), on trouve (v. infra seconde notule {b}, note [14]) un chapitre intitulé Valvula in intestino Colo, Anno 1579. a me reperta [La Valvule du côlon que j’ai découverte en 1579).

    Le second livre de son Anatomes [Anatomie] (Bâle, Sebastianus Henricpetri, 1591, in‑8o) traite « des Parties similaires du corps humain » (v. note [7], lettre 270). Dans le chapitre xxvi, Valvularum seu ostiolorum in Corpore humano existentium enumeratio [Dénombrement des valvules ou petites portes existant dans le corps humain] (page 355), Bauhin y mentionne la valvule iléo-cæcale comme sa découverte, faite en 1579.

  15. V. note [1], lettre 306, pour les Anatomicæ Institutiones [Institutions anatomiques] de Caspar Bartholin (Wittemberg, 1611).

  16. V. infra note [11] pour le passage de son texte auquel Bauhin a ajouté tout ce commentaire.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Consultations et mémorandums (ms BIU Santé  2007) : 16, note 8.

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(Consulté le 25/04/2024)

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