De Thomas Bartholin, le 18 octobre 1662, note 9.
Note [9]

V. note [5], lettre 551, pour Esculape.

Hermès ou Mercure Trismégiste est un obscur personnage mythique de l’Antiquité gréco-égyptienne à qui d’aucuns attribuent la paternité de l’hermétisme et de l’alchimie. Éloy a bien résumé les rêveries que ce médecin plus qu’incertain a inspirées :

« Hermes Trismegistus, comme si on disait Ter Maximus, trois fois très grand, est un de ces philosophes de l’Égypte dont le nom est plus connu que les actions et l’existence ne sont prouvées. Il est impossible de concilier ce que les auteurs ont dit de lui ; on trouve presque autant de sentiments sur son compte qu’il y a de personnes qui en ont parlé. Quelques-uns ont écrit qu’il a régné en Égypte et qu’il est le même que Siphoas. À ce compte, il aurait vécu environ le vingtième siècle du monde ; ce qui s’accorde assez avec le sentiment de ceux qui le font contemporain d’Abraham, qui naquit l’an 2008 de la Création. D’autres disent qu’il vécut vers 2433, qui est l’année de la naissance de Moïse ; il s’en trouve même qui le font vivre en 2711. Mais s’il est vrai qu’Hermès ait introduit la médecine chez les Égyptiens, il doit avoir vécu longtemps avant Moïse puisque ce législateur du Peuple de Dieu nous apprend lui-même qu’il y avait déjà des médecins en Égypte 400 ans avant lui.

C’était peu d’avoir donné l’existence à un personnage qu’on appela Hernès ; il fallut faire voir que cette existence n’avait point été inutile aux sciences et aux arts, et pour cela, on lui attribua différents ouvrages qu’on a pas manqué de publier par l’impression. […] On trouve toutes ces pièces dans un livre de F. Patritius qui parut à Hambourg en 1593, in‑8o, sous le titre de Magia Philosophica. {a} […] Il n’y a pas jusqu’aux alchimistes qui n’eussent mis sur le compte d’Hermès quelques ouvrages favorables à leur art. » {b}


  1. Plus tard, Louis Ménard a publié Hermès Trismégiste. Traduction complète précédée d’une étude sur l’origine des livres hermétiques (Paris, Librairie Académique, 1867).

  2. Alexandrian (Histoire de la philosophie occulte, page 62) :

    « Au temps du gnosticisme, une confrérie si soigneusement cachée que le père Festugière lui-même, {i} spécialiste de la question, n’en a découvert ni le lieu d’origine ni aucun des membres, a rédigé sous le nom d’Hermès Trismégiste, entre le iie et le ive siècle, une suite d’œuvres qui, révélées en 1463 par Marsilio Ficino à Florence, {ii} propagèrent le mythe hermétique jusqu’à nos jours. Les écrits en grec attribués à Hermès Trismégiste sont de trois sortes : le Corpus hermeticum, réunion de dix-sept traités ou fragments dans lesquels Hermès enseigne sa philosophie à son fils Tat, à Asklepios ou au roi Ammon ; le Discours parfait, dont il ne subsiste qu’une version latine, l’Asclépius ; et des extraits de l’Anthologion de Stobée. À cela s’ajouteront plus tard de nombreux ouvrages en arabe mis sur le compte d’Hermès Trismégiste, comme le Livre d’Ostathas, exposant la théorie du macrocosme et du microcosme, ou la lettre à la reine Amtounasia sur le Grand Œuvre. » {iii}

    1. André-Jean Festugière (1898-1982), philosophe dominicain, spécialiste de l’hermétisme.

    2. v.  note [109] de la thèse sur la Sobriété (1647).

    3. V. note [34], lettre 117.

L’une des accablantes biographies de l’abbé Jean Aubry qu’a données Guy Patin se lit dans sa lettre à Thomas Bartholin datée des 24 et 26 août 1662.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – De Thomas Bartholin, le 18 octobre 1662, note 9.

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(Consulté le 28/03/2024)

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