États liquide et subtil, vapeurs, air
Le xviie s. distinguait trois états à la matière, mais un peu différents de ceux qu’on lui connaît à présent : solide, liquide (ou fluide) et subtil. L’air était considéré comme un liquide invisible et impalpable ; contrairement à lui, les vapeurs étaient visibles et tenues pour les « parties subtiles d’un corps humide, qu’une chaleur médiocre élève et ne peut dissiper » (Furetière).

L’état gazeux (alors dit subtil) n’était reconnu que par la médecine chimique (chimiatrie) : le mot « gaz » n’était pas reconnu par les philosophes (naturalistes ou physiciens) académiques ; Jan Baptist Van Helmont (1577-1644) a été le premier à l’utiliser pour exposer ses contestables théories, en l’empruntant à sa langue maternelle, le flamand, où gaest signifie « esprit ». Nos gaz d’à présent sont ce que René Descartes appelait globalement « l’air » (v. note [12] de la Dissertatio anatomica, chapitre ix).

La vapeur (flatus ou vapor, autrement nommée vent ou fumée) était aussi un symptôme, dont on souriait déjà (Trévoux) : « une humeur subtile qui s’élève des parties basses des animaux, et qui occupe et blesse leur cerveau. Les vapeurs du vin pris par excès assoupissent. Les vapeurs de la matrice ont causé de tout temps de grands emportements aux femmes, soit de douleur, soit de folie. Les hommes sont aussi sujets aux vapeurs, qui sont cause qu’ils ne sauraient souffrir les parfums. Les vapeurs sont fort à la mode, bien des gens disent “ qu’ils en sont incommodés, qu’ils ont des vapeurs ”. Un pauvre homme qu’on traitait de fou et d’insensé, étant interrogé sur son mal par une dame de qualité, lui répondit : “ Madame, si j’étais bien riche, on dirait que j'ai des vapeurs, mais parce que je suis pauvre, on dit que je suis fou.” »