Texte : Lettre de Thomas Bartholin
à Johann Daniel Horst critiquant
l’opinion de William Harvey
sur le chyle (1655), note 44.
Note [44]

Pour interpréter ce propos, j’ai sollicité l’aide de Frédéric Blanchard, ingénieur agronome et botaniste qui dirige la mission biodiversité en Guyane. Je le remercie beaucoup de m’avoir très aimablement communiqué ce précieux commentaire :

« Les tiges des six plantes par Thomas Bartholin ne sont pas proportionnées au développement de leurs racines, qu’elles soit ramassées (bulbes des orchidées, orchis, terrestres) {a} ou diffuses et discrètes (anagallis, alsine, cara) voire absentes (lentilles d’eau, dites palustres). Ces genres correspondent à plusieurs espèces de la nomenclature moderne : anagallis (mouron) et alsine (dont certaines qualifiées de stellaires) sont de toutes petites espèces annuelles adventices des cultures ou des milieux secs ; la lentille d’eau a des racines, mais elles sont minuscules ; {b} les caras brésiliens {c} correspondent à la patate douce (Ipomoea batatas) à port rampant. {d}.

Bartholin a très probablement puisé dans l’Historia naturalis Brasiliæ des médecins et botanistes néerlandais Willem Piso et Georg Markgraf, {e} fondée sur leurs observations recueillies dans le Pernambouc brésilien à l’époque de la courte occupation néerlandaise (1630-1654), qui décrit et dessine de nouveau ces plantes, assorties de leurs noms amérindiens tupi.

La phrase de Bartholin balaie pertinemment les différents cas de figures botaniques des plantes herbacées, leurs diverses formes de racines, en y intégrant un cas de plantes étrangères (dites indiennes), et un cas de plante aquatique, et en se fondant sur la classification de l’époque en arbres, arbustes, herbacées et plantes aquatiques. Tout cela est la suite logique de ce qu’il avait précédemment dit et allait encore dire des arbres. »


  1. À strictement parler, certains bulbes que Bartholin qualifie de racines sont des tiges souterraines. Les notions de tiges et racines sont indépendantes du substrat.

  2. Un seul genre de lentilles d’eau, appartenant au genre Wolffia, ne porte pas de racine, mais n’était probablement pas connu à l’époque.

  3. Terme venu des langues tupi-guarani, employé dans les textes lusophones du xvie s.

  4. Elle est plus connue sous le nom taïnos caribéen de batata. Clusius (Charles de L’Écluse, v. 2e notule {a}, note Patin 78/1384) avait décrit et dessiné les patates douces caribéennes dès le milieu du xvie s. (voyage en Espagne où elles étaient cultivées) et toutes les flores ultérieures ont repris cette dénomination. Les textes coloniaux agglomèrent parfois les batatas avec d’autres tubercules alimentaires, comme les ignames (Dioscorea) ou le Solanum tuberosum, tubercule péruvien qui est devenu notre pomme de terre (patate).

  5. Leyde et Amsterdam, 1648, vnote Patin 17/153.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Lettre de Thomas Bartholin
à Johann Daniel Horst critiquant
l’opinion de William Harvey
sur le chyle (1655), note 44.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/pecquet/?do=pg&let=1011&cln=44

(Consulté le 14/06/2024)

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