Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre xv, note 22.
Note [22]

Thomas Bartholin interprétait à sa façon l’observation de Jacobus Bontius intitulée De chronicis ac implicitis morbis in uno subjecto [Maladies chroniques et intriquées chez un seul et même individu] (pages 198‑199) : {a}

Anno 1629. Septembr. 5. dissecuimus cadaver militis Germani, qui ferme per integrum annum languerat, fluxu ventris æruginoso, tussi sicca, et insigni respirandi difficultate, etc. Mortuo eo, Omentum, ac Mesenterium repertum fuit ferme absumptum ; ita ut intestina sibi invicem adnata, vel potius nullo ordine inter se confusa essent, parvulis villis hinc inde enatis. Lien erat contractus in minimam pilæ magnitudinem, ita ut Renes subjecti longe majores essent. Jecur tam varii erat coloris, luridi, pallidi, flavi ac viridis, ut miraculo spectantibus nobis esset. Cystis fellis longe major solito, repleta ac distenta erat bile æruginosa : Ventriculus, ac intestina erosa, insignem quoque hujus humoris copiam retinuerant. Præterea è vitalibus dexter lobus pulmonis costis et diaphragmati erat adnatus, ut invicem continui viderentur.

[Le 5 septembre 1629, nous avons disséqué le cadavre d’un soldat allemand qu’avaient débilité pendant une année entière un flux de ventre érugineux, {b} une toux sèche, une importante gêne respiratoire, etc. Après son décès, on trouva que l’épiploon et le mésentère étaient entièrement envahis, à tel point que les intestins étaient attachés les uns aux autres, ou plutôt entremêlés sans aucun ordre, par des villosités éparses ; la rate était contractée, réduite à la taille d’une petite boule, en sorte que les reins sous-jacents semblaient beaucoup plus grands. À notre profond étonnement, le foie présentait diverses couleurs : plombé par endroits, mais pâle, jaune ou vert ailleurs. La vésicule biliaire était bien plus grosse qu’à l’ordinaire, remplie et distendue par une bile érugineuse. Une importante quantité de cette humeur stagnait aussi dans l’estomac et dans les intestins érodés. En outre, parmi les parties vitales, le poumon droit était fixé aux côtes et au diaphragme, le tout semblant former un bloc soudé]. {c}


  1. Leyde en 1642 v. supra note [17].

  2. Qui avait la couleur verdâtre du vert-de-gris (rouille de cuivre), c’est-à-dire bilieux.

  3. Cette peu ordinaire accumulation de graves lésions plongeait Bontius dans la perplexité : il invoquait un abus d’eau-de-vie de riz aromatisée à l’aide de divers produits toxiques d’origine marine (holothuries, qui sont des sortes de madrépores, encre de seiche, lièvre marin, vnote Patin 14/995) ; Frédérique Capron (v. supra note [15], notule {d}) pense plutôt à un cancer polymétastique dont le siège primitif pourrait être le foie (hépatocarcinome) ou un mésothéliome (tumeur maligne des séreuses).

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre xv, note 22.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/pecquet/?do=pg&let=1035&cln=22

(Consulté le 13/06/2024)

Licence Creative Commons