Annexe
Jean Pecquet dans la
correspondance de Marin Mersenne

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Annexe. Jean Pecquet dans la correspondance de Marin Mersenne

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/pecquet/?do=pg&let=1522

(Consulté le 20/05/2024)

 

La Bibliothèque nationale de France conserve trois lettres manuscrites écrites à Marin Mersenne, [1] dont la première parle de Jean Pecquet [2] et les deux autres sont de lui.

  • Lettre du R.P. François de La Nouë [3] « Au Révérend Père Mersenne, théologien aux Pères minimes à Paris », [de Rome,] le 25 mai [1647]. [1]

    « Mon Révérend Père,

    Je reçois les vôtres par Monsieur Pecquet, [2][4][5] qui est un jeune homme bien accompli, à la vérité, et qui peut bien donner contentement à ses amis, étant d’un génie qui n’est pas commun. Je n’ai pu lire à loisir le livre de Apostatis du P. Théophile, [6] le peu que j’en ai vu me fait croire que ce n’est pas si grande chose, comme vous penseriez bien : en sommaire, il commence par l’exagération de ce crime, fait un dénombrement des plus insignes apostats, traite les causes qui portent d’ordinaire à l’apostasie l’une après l’autre, et donne des remèdes, tant pour s’en préserver que pour en guérir ceux qui y seraient tombés ; il y a vingt-neuf ou trente chapitres. [3] Son libraire lui a été si ingrat qu’il n’en a pu avoir que deux copies ; sans quoi il nous en eût donné une. Le P. Mopinot m’écrit n’avoir aucune nouvelle des Méditations de l’Idiota [7] que le P. Théophile lui faisait espérer par votre entremise, [4] et crois qu’il en a écrit au P. de Billy, correcteur à Grenoble ; du moins est-ce de là qu’elles doivent vous être envoyées, et de là même qu’on lui a écrit contre vous, ainsi que je vous ai mandé ci-devant. On tient qu’il y a nouvelles révoltes à Naples contre les Espagnols. Nous avons des gens en l’Abruzze qui ont été fort mal traités et sont retournés ici en chemise. Les Français sont par deçà la risée des Italiens et Espagnols, tant jusqu’à maintenant la conduite de nos affaires a été mauvaise. Je ne sais si pour l’avenir il y a plus grande chose à espérer mais quæ supra nos nihil ad nos[5] Si vous n’avez pris 29 d’avril pour 19, il est hors d’apparence que je vous aie écrit de ce temps, mais bien du dit 19, puisqu’en Touraine ils ont eu leurs lettres de Rome dans le 14 jour ; aussi y a-t-il eu des courriers qui ont été de droiture [6] à Paris en 8 jours. Les chaleurs sont déjà fort aiguës et la sécheresse extrêmement grande en cette ville ; mais comme notre Père génénéral n’est en disposition de résister de long temps, il nous faut rester aussi bien que lui et prendre patience. Je suis in ætermum et ultra[7]

    Mon R.P.,

    le tout vôtre,

    François de La Nouë.

    25 mai en hâte. » [1]

  • Lettre de Pecquet « au Révérend Père Mersenne, aux Minimes de la place Royale, à Paris », le 5 mai 1648. [8]

    « Mon Révérend Père,

    L’indisposition d’un de mes écoliers m’arrêtant ici, je ne puis avoir l’honneur de vous voir si tôt que je le souhaite, et de vous rendre compte de ce commencement de métaphysique que Monsieur Degaignes me fit le bien de me communiquer il y a quelques jours. [9] Je vous dirai seulement que ce que j’en ai vu me semble fort beau et bien raisonné, et je crois que la suite sera encore meilleure, vu que la plupart de ce que j’ai vu est une supposition pour ce qui se doit dire. Je ne suis pas pleinement convaincu de la preuve de sa première question, peut-être faute de l’entendre, parce qu’il me semble qu’elle conclut seulement que l’intellect peut agir sans que les sens y concourent immédiatement, mais non pas sans qu’ils y concourent médiatement ou immédiatement, ce qu’il fallait prouver. Je vous en dirai davantage quand j’aurai l’honneur de vous voir.

    On m’a raconté ici pour une merveille une expérience qui s’est faite à Rome, touchant le vide, [8] en présence du Père recteur du Collège Romain, qui l’a fait imprimer, et qui est la même que vous avez faite chez vous avec bien moins de frais pour le son.

    Ils ont fait faire un tuyau de plomb de 36 pieds : à un bout, qui est celui destiné pour la cuvette, il y avait un robinet fort bien soudé ; à l’autre, une grosse bouteille de cuivre dont le col était soudé avec le tuyau de plomb ; et le fond était ouvert afin d’y passer une petite sonnette ou timbre qui avait son marteau dehors, à la façon de nos horloges ; ce timbre arrêté dans la bouteille par des machines faites exprès ; et le tout empli d’eau et le haut, ou fond de la bouteille, soudé. Le tuyau perpendiculaire, ils ont lâché le robinet et l’eau est descendue à 32 pieds environ, ce qu’ils ont reconnu par la hauteur que l’eau de la cuvette a acquise en la descente d’icelle du tube, selon le calcul qu’ils en avaient fait. Ensuite, ils ont approché un aimant de la bouteille de cuivre du côté du marteau ou battant et l’ont élevé par la force de l’aimant ; lequel, tiré tout d’un coup, laissa le marteau à son propre poids qui, tombant sur le timbre, le fit sonner d’un son aussi aigu qu’auparavant. De là, le Bon Père conclut que le tuyau n’est point vide. [10] Je ne sais par quelle conséquence Monsieur de Roberval fait ici des merveilles et réussit fort bien l’opération de sa vessie de carpe. [11][9][10] Il a grand nombre d’auditeurs.

    Le P. Noël [11] a ajouté encore une feuille à son livre latin où il traite des éléments et de leurs mouvements ad locum et ad figuram : ce sont ses termes, que je vous expliquerai un de ces jours, parce que la pensée en est fort cachée. [12]

    J’abuse de votre patience en vous mandant toutes ces choses que je crois que vous ne prendrez pas en mauvaise part. De

    Mon Révérend Père,

    Votre très humble et très obéissant serviteur,

    Pecquet.

    Je crois que Monsieur Degaignes vous aura renvoyé les papiers que vous me demandez, parce que je les lui ai rendus.

    À Paris ce 5e mai 1648. »

  • Lettre de Pecquet « au Révérend Père Mersenne, aux Minimes de la place Royale, à Paris », d’Agde, le 3 août 1648. [13]

    « Mon Révérend Père,

    Je serais ingrat de l’honneur que j’ai reçu de V.R. [14] si, étant arrivé ici, je ne l’y assurais de mon très humble service. Je me trouve heureux d’avoir rencontré Monseigneur l’évêque d’Agde [12] qui aime les curiosités et fait grand cas de la réputation de V.R. et m’a parlé de vos expériences du vide et de plusieurs autres choses, et particulièrement de la bonté de vos lunettes. Je vous laisse penser si je prenais plaisir à ce qu’il m’a dit, n’ayant rien de plus cher que ce qui vous touche. Il m’a donné charge de vous supplier de sa part de me mander chez qui à Florence vous avez eu les verres de vos lunettes, à qui on se peut adresser à Florence pour cela et qui est celui qui y travaille. [15] J’espère que V.R. ne me refusera point cette grâce en la considération d’un évêque qui vous estime. Je vous supplie, si vous me faites l’honneur de m’en écrire, d’envoyer vos lettres au R.P. Des Champsneufs [13] ou chez Monsieur Fouquet, [14] maître des requêtes, rue des Mauvais-Garçons. [16] Si vous avez quelque chose de nouveau, je vous supplie de m’en mander et de vous assurer qu’il ne se trouvera rien ici digne de vous que je n’aie l’honneur de vous en écrire, étant et désirant être toute ma vie,

    de Votre Révérence,

    le très humble et très obéissant serviteur,

    J. Pecquet.

    D’Agde le 3e août 1648. » [17]


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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