Louis-Philippe COSME
Docteur en chirurgie dentaire

Les sources

Entre 1773 et 1852 les sénonais ont pu lire 3 journaux

  • Les Affiches de Sens de 1773 à 1844
  • Le Journal de Sens de 1836 à 1846
  • Le Senonais à partir de 1845


que l’on peut consulter à la Bibliothèque municipale et à la Société Archéologique de Sens. On y trouve des réclames concernant des produits dentifrices et l’exercice des dentistes.

Trois types d’annonces peuvent être distinguées :

  • les dentifrices et les produits blanchissant,
  • les conseils d’hygiène bucco-dentaire,
  • la publicité pour deux ouvrages d’hygiène bucco-dentaire pour le public.

 

Les produits dentifrices

Rien d’original à Sens dans ce domaine.

Voici quelques exemples de ces produits vendus par différentes personnes

  • le directeur de la poste aux lettres,
  • un épicier,
  • un coiffeur,
  • mais aussi les pharmaciens, les dentistes, les chirurgiens.

Ce sont souvent des produits polyvalents qui guérissent les caries et calment les odontalgies.

De 1773 à 1839 on ne trouve que ce genres d’annonces.

JOURNAL DE SENS, SAMEDI 17 JANVIER 1846, N°3

L’ODONTINE ET L’ELEXIR ODONTALGIQUE NE DOIVENT PAS ETRE CONFONDUS AVEC LES AUTRES DENTIFRICES, CAR ILS PORTENT LE DOUBLE CACHET DE LA SCIENCE ET DE L’UTILITE, ET C’EST A CE TITRE QUE NOUS EN RECOMMANDONS L’USAGE. (EXTRAIT DU JOURNAL DE MEDECINE, GAZETTE DES HOPITAUX, TOME 7 N°26)

DEPOT A SENS, CHEZ M. SEVENET, COIFFEUR

A JOIGNY, CHEZ M. BLANC, COIFFEUR, SUCCESSEUR DE M. BONNARD.

31 JANVIER 1846, N°5

LES MAUX DE DENTS SONT IMMEDIATEMENT CALMES PAR L’EAU DU Dr. O’MEARA QUI EST TRES SALUTAIRE AUX GENCIVES, ON SE LE PROCURE A SENS, CHEZ Mme JOURTON – JOUX, AINSI QUE LA POUDRE DU MEME DOCTEUR POUR CONSERVER ET BLANCHIR LES DENTS.

21 FEVRIER 1846, N°8

CONSERVATION DES DENTS: LA POUDRE QUI CONVIENT MIEUX POUR EVITER LEUR DETERRIVRATION, EST CELLE A BASE ALCALINE DU DOCTEUR O’MEARA, QUI BLANCHIT PARFAITEMENT, ON SE LA PROCURE A SENS, CHEZ Mme JOURTON-JOUX, PHARMACIEN AINSI QUE L’EAU CONTRE LES MAUX DE DENTS.

 

Les conseils d’hygiène bucco-dentaire

En 1839 s’installe à Sens Adolphe Leblanc, de Paris, qui sera le seul praticien à expliquer au public l’hygiène bucco-dentaire et ce jusqu’en 1852, année de son décès.

Il a compris que la motivation et les bonnes habitudes doivent être enseignées le plus tôt possible, donc dès l’enfance: il conseille, régulièrement car il faut répéter pour obtenir des automatismes, aux parents de  » faire visiter la bouche de leurs enfants…

Il n’hésite pas d’ailleurs à les culpabiliser dans son annonce du 17 Juillet 1847

  • en jouant sur l’émotion :  » sa pauvre petite bouche…
  • en effrayant:  »  des purillations, des chancres, des fistules… qui s’empoisonnent eux-même… »
  • en les blâmant :  » et vous même vous les laissez aller en désordre ».

Il faut ensuite apprendre aux patients comment se nettoyer les dents par son annonce du 23 décembre 1843 tout en vantant son élixir :

MANIERE DE S’EN SERVIR

 » Pour les maux de dents, on applique, dans la cavité de la dent malade, un peu de coton imbibé de cette eau et on renouvelle deux fois par jour.

Pour se nettoyer la bouche, vous mettez 5 à 6 gouttes de cet élixir dans le tiers d’un verre d’eau dégourdie, vous rincez bien, avec une brosse à éponge, après avoir enlevé avec soin le limon qui se trouve aux dents. Cette eau n’est point acide, elle est très agréable, très saine et très raffraichissante « 

Enfin il faut détartrer :  »  nettoie la bouche, la rend très propre…et donne aux dents la blancheur… « 

Ce dentiste manie bien le verbe pour motiver mais aussi pour attirer les gens, en jouant sur l’esthétique :  » …de belles dents rendent la laideur aimable et donnent à la beauté un charme irrésistible. (journal de Sens 26 Janvier 1839)

Il serait intéressant de connaitre l’impact de sa prose sur les sénonais.

 

Les publications sur l’hygiène bucco-dentaire

Les sénonais peuvent apprendre l’hygiène bucco-dentaire par de rares ouvrages destinés au public :

  • Adolphe LEBLANC promet en 1846 la parution prochaine d’ « une brochure pour que les pères et mères de famille fassent soigner la bouche de leurs enfants…  » Nous ne l’avons pas retrouvé à ce jour et ne savons pas ce qu’elle contient. On peut supposer qu’elle reprend les conseils déjà publiés. 

  • un livre du docteur DALIBON de Paris, très complet d’après sa table des matières exposée dans le Journal de Sens en 1839 et annoncé avec l’appui de grands philosophes.

 

Conclusion

Les sénonais disposaient des moyens de tenir leur bouche propre, soit par eux-même, soit par les dentistes et notamment A. LEBLANC, qui, aux vues de ses nombreuses et riches annonces, montre un certain intérêt pour ce sujet.