Marguerite ZIMMER
Docteur en chirurgie dentaire
Vice-Présidente de la SFHAD

Pour cette conférence, il convient de se reporter à l’article intitulé :

The Evolution of Children’s Dentistry in Europe over the last 200 years
Journal of the History of Dentistry, Vol. 46, N°1, Mars 1998.
de l’American Academy of the History of Dentistry.

Nous avons présenté un résumé de cette publication; nous ne rajouterons donc ici que certaines informations complémentaires.

En 1913, 208 villes allemandes fonctionnaient avec leurs propres cliniques dentaires scolaires. En France, en revanche, en dehors de la création d’un Comité National d’Hygiène Dentaire, rien n’avait été fait. Les chirurgiens-dentistes n’étaient présents ni dans les écoles, ni dans les hôpitaux des grandes villes, et étaient, à fortiori, absents des campagnes.

Tous les efforts qui avaient été entrepris en Europe avant 1913, furent de courte durée. L’année suivante, l’incorporation des chirurgiens-dentistes y mettra un terme pour quelques années.

 

Après la première guerre mondiale

 

Ernest Jessen à la Clinique dentaire scolaire de Strasbourg. Document présenté par E. Jessen lors du Ve congrès de la Fédération Dentaire Internationale, Berlin, Août 1909.

Après sa démobilisation, en 1917, Jessen, qui avait été un nationaliste convaincu, prônant ‘une âme saine dans un corps sain’, n’obtint plus l’autorisation de retourner à Strasbourg. Il se rendit alors en Suisse, à Arosa, à Wengen, puis à Zürich, et finira par s’établir à Bâle, en 1920, ville où il occupera un poste de simple fonctionnaire du Centre des Statistiques de la Santé Publique.

Les soins dentaires des adultes au début du XXème siècle.

Les adultes ne bénéficiaient d’aucun contrôle dentaire régulier, d’aucune mesure préventive efficace. Quoiqu’il existât de nombreuses brochures, éditées pour éclairer le public sur les moyens d’assurer une meilleure hygiène dentaire, le comportement de la population était toujours le même: on se faisait extraire la dent malade lorsqu’elle faisait mal. La bourgeoisie et la noblesse avaient bien évidemment les moyens de se faire soigner; quant au peuple, il se retrouvait édenté. Le problème était surtout d’ordre financier. Le Doyen Lyman Curtis Bryan, de Bâle, reconnut que la majeure partie du peuple n’était aucunement préparée à recevoir des soins conservateurs. On ne manquait pourtant pas d’informations. Dans les journaux, dans les devantures des magasins ou des pharmacies allemandes, on voyait des affiches recommandant l’usage de l’Eau de Botot, de la Kosmine, du Kalodont, de l’Odol, ou de la Carmeïne. En 1889, on avait même joint au flacon d’eau dentifrice  » Kosmodont  » un des 30.000 exemplaires de l’ouvrage de Jules Witzel, de Kassel, intitulé « Les maladies des dents et leur influence sur le corps « .

En Allemagne, à partir de 1919, Alfred Kantorowicz (1880-1962) développera ce qu’on appelle aujourd’hui le système de Bonn. A Paris, E. Bonnard était bien conscient du fait qu’il fallait faire au moins quatre inspections dentaires par année dans les écoles, mais Charles Godon et Stévenin eurent bien du mal à obtenir une autorisation de la part du Ministère de l’Instruction Publique.