Gérard TILLES

Conférence prononcée le 27 Novembre 2001 à l’hôpital Saint-Louis à Paris, à l’occasion de la commémoration du bicentenaire de la spécialisation de l’hôpital en dermatologie


Né sous le règne de Louis XV dans une famille de la bourgeoisie provinciale, Alibert mourut couvert de gloire et d’honneurs sous le règne Louis-Philippe. Prudent et sachant manifester au bon moment ses sympathies politiques, Alibert réussit à traverser sans encombre la Révolution française, le Directoire, le Consulat, l’Empire, la Restauration et la Monarchie de Juillet. Fidèle à des convictions héritées de l’Ancien Régime, Alibert participa à la rénovation de l’enseignement de la médecine et appliqua à la dermatologie des concepts médicaux issus du rôle pédagogique attribué à l’hôpital et de doctrines philosophiques nouvelles. Son nom reste indissociable de l’hôpital Saint-Louis dont il concrétisa la spécialisation en dermatologie et auquel il donna pendant plusieurs décennies une renommée internationale.

De Villefranche-de-Rouergue à la Cour du Roi

Jean-Louis Alibert, fils de Claudine Alric et de Pierre Alibert, magistrat, naquit le 2 mai 1768 à Villefranche-de-Rouergue , . Des études secondaires très classiques dans un environnement catholique chez les Pères de la Doctrine Chrétienne le préparèrent d’abord à un avenir ecclésiastique ; la fermeture des Congrégations en 1792 mit fin à ses espérances.

Après avoir enseigné quelques mois à Villefranche, Alibert obtint de faire partie de la première promotion de la nouvelle Ecole Normale qui ouvrit ses portes le 20 janvier 1795.

Au cours de cette période parisienne Alibert fréquenta les salons, lieux de rencontres intellectuelles et de débats d’idées qui orientèrent et facilitèrent sa carrière. Admis à Auteuil, dans le salon de Mme Helvétius, veuve d’un fermier général proche de Turgot, il approcha les Idéologues –influent groupe de philosophes dont les doctrines inspirèrent son approche de la médecine- et se lia d’amitié avec Pierre-Jean-Georges Cabanis  » l’un des philosophes les plus recommandables du XVIIIème siècle qui cultiva la médecine par goût et par délassement . « 

Ancien élève comme lui –mais dix ans plus tôt- des Pères de la Doctrine Chrétienne, proche de Bonaparte, sénateur et professeur adjoint à l’Ecole de Santé de Paris, c’est sans doute Cabanis qui incita Alibert à se présenter au concours d’entrée de la nouvelle Ecole de Santé de Paris le 20 février 1796.

Pendant ses 3 années d’études médicales, Alibert fréquenta la clinique chirurgicale de Desault à l’Hôtel-Dieu et la clinique médicale de Corvisart à la Charité. Mais le véritable maître d’Alibert fut Philippe Pinel, médecin de Bicêtre puis de la Salpêtrière.

L’enthousiasme intellectuel de l’époque où tout semblait à faire suscita de nombreuses initiatives. C’est dans cet esprit que fut créée la Société médicale d’émulation,  » pacte d’union entre ceux qui savent et ceux qui désirent savoir «  . Secrétaire général de cette société, Alibert, encore étudiant, était le collègue de Bichat, Cabanis, Fourcroy, Bretonneau, Larrey, Pinel, Portal, Dupuytren, tous maîtres reconnus de la médecine révolutionnaire. Alibert publia plusieurs travaux de thérapeutique dans les Mémoires de la Société Médicale d’Emulation.

C’est dans le service de Pinel qu’Alibert prépara sa thèse sur les fièvres pernicieuses et ou ataxiques soutenue à Paris le 28 brumaire an VIII (19 novembre 1799).

Alibert fut nommé le 9 vendémiaire an IX parmi les membres associés que les professeurs de l’Ecole de Médecine devaient s’adjoindre pour constituer la Société de Médecine de Paris.

En 1801, Alibert devint médecin-adjoint de l’hôpital Saint-Louis avant d’être nommé médecin titulaire le 9 juillet 1802. Son intérêt pour la thérapeutique aboutit à la parution en 1804 des Nouveaux éléments de thérapeutiques et de matière médicale.

A Saint-Louis, Alibert commença la publication d’un ouvrage d’abord livré en fascicules, de 1806 à 1814, intitulés  » Description des maladies de la peau « . Cette publication luxueuse (grand in-folio) et chère (50 francs par fascicule) en raison d’une iconographie exemplaire (53 planches colorées) ., fut publiée par Barrois, beau-père d’Alibert. La dot de Constance Barrois, épouse d’Alibert, fut peut-être utilisée pour le financement de ce livre. Le coût de cette publication qui en interdit l’achat à la plupart des étudiants incita Alibert à publier en 1810 une version plus économique  » Précis théorique et pratique sur les maladies de la peau « 

Sa fidélité à l’Ancien Régime et des appuis personnels lui valurent de devenir en 1815 médecin consultant de Louis XVIII et en 1818. premier médecin ordinaire du roi Alibert dut interrompre son activité à Saint-Louis pour donner des soins à son royal patient de santé précaire. Alibert confia la direction de son service à Saint-Louis à Laurent Biett, son élève le plus proche.

La nomination d’Alibert dans l’entourage du roi marqua le début d’une deuxième époque de sa carrière, plus riche en honneurs et en nominations à des postes recherchés.  Professeur de botanique à la Faculté de Médecine de Paris en 1821, Inspecteur de l’établissement de bains d’eau minérale d’Enghien, Alibert fut nommé professeur titulaire de la première chaire de Thérapeutique et Matière Médicale à la Faculté de Médecine de Paris en 1823. Médecin ordinaire de Charles X en 1824, Alibert fut élu membre de l’Académie Royale de Médecine le 27 décembre 1820. Officier de la Légion d’Honneur le 25 avril 1823, il fut fait baron en 1827 en récompense des soins donnés à Louis XVIII.

Après une dizaine d’années loin de Saint-Louis, Alibert revint à la dermatologie avec plusieurs publications dermatologiques à partir de 1816. En 1817, parut la Nosologie naturelle ou les maladies du corps humain distribuées par familles, ouvrage, prévu pour décrire l’ensemble des maladies mais dont seul un volume parut. En 1832, après une longue absence de Saint-Louis parut la Monographie des dermatoses (ou Précis théorique et pratique sur les maladies de la peau Paris). La Clinique de l’hôpital Saint-Louis, grand in-folio publié en 1833 (traduit en italien en 1835) se voulait être l’aboutissement de sa réflexion sur la compréhension des maladies de la peau résumée par l’Arbre des Dermatoses représentation graphique au succès éphémère mais qui, aujourd’hui encore, symbolise l’œuvre d’Alibert à Saint-Louis.

Membre de nombreuses sociétés savantes, titulaire d’un grand nombre de décorations françaises et étrangères, Alibert mourut le 4 novembre 1837 à Paris d’un cancer de l’estomac. D’abord inhumé au cimetière parisien du Père-Lachaise, le corps d’Alibert fut transporté en 1838 dans la propriété familiale de Marin près de Villefranche-de-Rouergue.

Maîtres et influences

Les références culturelles médicales d’Alibert s’inscrivent dans le contexte du retour aux sources de la médecine que souhaitaient les médecins de la nouvelle Ecole de Santé de Paris. Hippocrate, Sydenham, Boerhaave, Morgagni étaient autant de modèles pour la plupart des contemporains d’Alibert qui soulignaient la valeur de l’examen du malade, des classifications rigoureuses, de l’enseignement magistral et de l’anatomie pathologique (à l’exception notable de Broussais pour ce dernier point) .Outre ces références, les influences d’Alibert se forgèrent à l’hôpital au contact de Pinel et dans la fréquentation des Idéologues, Daunou, Volney , Laromiguière et surtout Cabanis.

L’idéologie, mot forgé par Desttut de Tracy désignait une recherche philosophique sur l’origine des idées. Elle s’inspirait des doctrines de Locke en Angleterre et de Condillac . en France. Selon les Idéologues, l’homme ne possède aucune idée innée, les idées ne provenant que de deux sources : la sensation et la réflexion.

Cabanis appliqua à la médecine le raisonnement de Condillac :  » c’est par les sens qu’il a reçus de la Nature ou plutôt par la sensibilité qui fait concourir tous ses organes à l’action de son cerveau que l’homme apprend à connaître les objets  « .  Le médecin dépourvu d’idées devant une maladie qu’il ne connaît pas, devait ainsi pouvoir en mettant à profit les cinq sens, outils naturels à la disposition de chacun, parvenir à la connaissance la plus complète possible de la maladie. Cabanis insistait en outre sur la nécessité de perfectionner le langage, condition essentielle pour communiquer et décrire précisément les faits nouveaux.

Pinel inspira à Alibert d’autres éléments de réflexion en posant notamment les bases du recueil méthodique et répété des symptômes formant la matière du document écrit dénommé depuis observation:  » une malade est-elle transportée aux infirmeries, (…) l’histoire en est recueillie à différentes reprises par un des élèves les plus instruits et les plus exercés, elle est ensuite rédigée et lue à haute voix au chevet du malade. »

La place qu’Alibert occupa à Saint-Louis lui permit de mettre en pratique ces principes dans des leçons magistrales qui firent sa réputation et celle de l’hôpital Saint-Louis.

Alibert, premier dermatologue de l’hôpital Saint-Louis

Auparavant refuge de la misère et lieu d’enfermement des pauvres, l’hôpital devint à partir des dernières années du XVIIIème siècle l’espace privilégié du progrès médical offrant aux futurs médecins l’opportunité de voir de nombreux malades et de compléter l’examen clinique par l’observation des organes, l’ensemble définissant la méthode anatomo-clinique définie et illustrée notamment par Laennec, Corvisart et Bichat. La fréquentation des hôpitaux jugée essentielle à l’apprentissage de la médecine fut rendue obligatoire dès le premier jour des études médicales dont le contenu devait être dominé par la pratique tel que Fourcroy l’avait souhaité :  » peu lire, beaucoup voir et beaucoup faire… « .

Dans un autre chapitre de cet ouvrage, F Salaün a fait les nécessaires mises au point chronologiques et de contenu concernant la réorganisation du système hospitalier parisien effectué en l’an X. Dans ce cadre réformateur, l’hôpital Saint-Louis, que les révolutionnaires préféraient dénommer Hospice du Nord, fut officiellement consacré à la prise en charge des maladies de la peau. Cette spécialisation, mesure originale du système hospitalier parisien , marqua la naissance des relations privilégiées de l’hôpital Saint-Louis et de la dermatologie concrétisées par la nomination d’Alibert, son enseignement et ses travaux de recherche clinique.

Les leçons d’Alibert

Les leçons cliniques d’Alibert marquèrent les contemporains en raison à la fois de l’éloquence du Maître de Saint-Louis et de l’organisation de cet enseignement à la manière d’un spectacle d’un genre nouveau. Le tableau de René Berthon, exposé au musée Urbain-Cabrol à Villefranche-de-Rouergue, en donne une image proche de l’hagiographie qui magnifie l’image du médecin, point de convergences des souffrances humaines et dispensateur du savoir. Trois fois par semaine Alibert donnait des leçons dans l’amphithéâtre au rez-de-chaussée du pavillon Gabrielle (aujourd’hui la salle de garde des internes). L’étroitesse du lieu incitait Alibert à enseigner en plein air sous les tilleuls (aujourd’hui des platanes) devant l’entrée du pavillon. Des planches colorées représentant les maladies étaient accrochées aux tilleuls pour marquer plus durablement la mémoire des élèves.

Alibert décrivait de manière quelque peu idyllique l’atmosphère de ses leçons cliniques :  »  c’est sous ces tilleuls, dont la verdure est destinée à adoucir la tristesse d’un lieu consacré à l’infortune, que se rendent les malades préalablement choisis dans les salles et qui sont l’objet de l’entretien du jour. Ces malheureux, (…) se trouvent déjà rassurés en songeant qu’on va disserter sur leurs maux et sur les remèdes appropriés à leurs longues douleurs. Ils s’avancent vers nous avec espérance, guidés par la main secourable de ces religieuses hospitalières sagement instituées pour adoucir les peines de l’existence, de ces vierges incomparables dont la voix est si consolante et dont les soins sont si généreux ! Ils ne craignent pas d’exhaler leurs plaintes et de raconter l’histoire de leurs souffrances. Cette méthode de représentation est sans contredit la plus instructive. « 

Quelques témoignages complètent la description de l’ambiance théâtrale de l’enseignement d’Alibert. Poumiès de la Siboutie rapporte que son Maître « avait établi à Saint-Louis des cours sur les maladies cutanées et il faisait ses leçons pendant la belle saison sous de grands arbres. Il y attirait tous les hommes de science qui venaient visiter Paris (…) Sa parole était douce, facile et d’une élégance parfaite. (…) Après la leçon avait lieu la consultation : quarante à cinquante individus des deux sexes venaient étaler leurs infirmités. Plus d’une fois j’ai vu Alibert s’extasier sur ce qu’il appelait la beauté de telle ou telle maladie de la peau. Un jour se présenta un pauvre diable affecté d’éléphantiasis (..) C’est superbe ! s’écria Alibert. -Monsieur le docteur, ça peut-il se guérir ?- Je vous ferai peindre.- Mais, Monsieur, puis-je espérer d’en guérir ? -Certainement, certainement, mais je vous ferai peindre.- Pourrai-je avoir un lit dans votre service ?- Il vous en faudrait dix que vous les auriez ». Tous les dimanches, il y avait des matinées qui étaient très recherchées. On y voyait des hommes de lettres, des artistes de mérite, quelques femmes renommées par leur esprit, leur amabilité. On y traitait les questions d’art ou de littérature qui étaient à l’ordre du jour « .

 » Lui-même (Alibert) parlait de ses maladies avec amour, avec fanatisme même.(…)Un jour que la leçon roulait sur la dartre squameuse : Approchez dartre squameuse dit M. Alibert et un homme se montre ayant pendu sur sa poitrine une pancarte qui porte en grosses lettres Herpès squammosus (…). S’il rencontrait en chemin quelque personne porteuse d’une lésion cutanée intéressante pour l’instruction de ses élèves, il lui arrivait de la traîner dans son carrosse, à côté de lui pour la leur montrer. Il s’extasiait sur la beauté d’une lésion bien épanouie « 

Alfred Hardy, interne à Saint-Louis au temps d’Alibert et plus tard chef de service dans cet hôpital, écrit avoir ressenti une impression inoubliable des leçons de son Maître « Alibert écrivait bien, son style, un peu prétentieux était élégant clair, très correct ; il était également orateur, sa parole était facile, attachante mais son expression était exagérée ; il aimait les comparaisons, les images un peu forcées. (…) Ayant fait de fortes études littéraires, il aimait à citer les adages classiques, grecs ou latins et empruntait souvent à la mythologie des termes et des exemples qu’il appliquait plus ou moins heureusement et ses expressions étaient souvent d’un goût douteux ; c’est ainsi que je l’ai vu signaler à son auditoire et montrer à ses côtés « une jeune prêtresse de vénus blessée par un trait perfide de l’Amour », c’était une fille publique atteinte d’une syphilide. Une autre fois, il faisait examiner un jeune garçon  » victime de la morsure d’un loup dévorant « ; il s’agissait d’un lupus tuberculeux ulcéré. Une autre fois, allant plus loin encore dans la plaisanterie, après avoir parlé d’un homme atteint d’un pemphigus foliacé dans le lit duquel on pouvait ramasser tous les matins une quantité considérable de squames, il montrait dans une boite tout ce qu’on avait recueilli ce jour-là même de produits épidermiques et en même temps il déversait le contenu de la boîte sur la tête de ses auditeurs les plus voisins à la grande joie des élèves plus éloignés. (…) Sa parole vive, spirituelle, imagée, je dirai même sa mise en scène avait du succès parmi les étudiants ; les cours d’Alibert étaient renommés et on s’y donnait rendez-vous avec plaisir. (…) C’était un médecin instruit, aimant les élèves, cherchant jusqu’à la fin à les instruire ».

Les  » maladies d’Alibert « 

Crédité d’avoir été l’inventeur des termes  » dermatose  » et  » syphilide « , Alibert fut à Saint-Louis, le premier à effectuer des travaux de recherche clinique en dermatologie et à faire de l’hôpital le laboratoire du clinicien  Outre les expérimentations qu’il fit sur lui-même –tel ces inoculations du virus cancéreux faites le 17 octobre 1808 (Description des maladies de la peau… p. 52) – Alibert donna la description de quelques maladies dont il est crédité comme ayant été le premier descripteur : chéloïde ou cancroïde (Description des maladies de la peau, t I, pp 36-43) , mycosis fongoïde, ou pian fongoïde, qu’Alibert indique n’avoir vu qu’une seule fois chez un patient nommé  Lucas et qui présente  » absolument le masque de la maladie vénérienne  » (Monographie des dermatoses p. 434), teigne amiantacée (Description…, t I, p. 24), dermatolysie (Monographie.., t II, pp. 719-725), leishmaniose (pyrophlyctide endémique, bouton d’Alep, bouton de Bagdad, pustule de Bassora…)(Monographie des dermatoses…, t I, p. 181), sclérodermie selon Besnier.

Une mention particulière peut être donnée à la découverte du sarcopte de la gale. Le 13 août 1834, Simon François Renucci, étudiant d’origine corse, reproduisait en public dans le service d’Alibert l’extraction du sarcopte de la gale , première cause visible d’une maladie de la peau mettant fin ainsi à une controverse très ancienne sur l’origine de la gale.

Alibert, inventeur du cas clinique en dermatologie.

Comme ses contemporains Alibert s’attache à recueillir méthodiquement l’observation au lit du malade et à en enregistrer les variations quotidiennes ainsi que Pinel en avait souligné l’importance.

Considérant les maladies une à une telles qu’elles se présentent à lui dans les salles de Saint-Louis, Alibert construit les chapitres de son oeuvre à partir de la description minutieuse des malades observés, selon un plan et un style narratif assez stéréotypé. Alibert, qui rédigeait ses ouvrages en français (rappelons que 30 ans plus tôt Lorry publiait en latin son traité des maladies de la peau) se montrait en effet très attentif à la narration faite par le malade, particularité tendant à disparaître avec la naissance de la méthode anatomo-clinique qui privilégie la description de l’organe malade. La place donnée à l’histoire de la maladie dans les observations d’Alibert confère à la lecture de ce qu’on appellerait aujourd’hui des cas cliniques un réalisme qui contribua sans doute au succès de son enseignement.

L’observation commence par une identification du malade dont Alibert donne le nom (sauf pour les syphilides) Suit un bref résumé des antécédents personnels et familiaux, du tempérament et des conditions de vie jusqu’à l’apparition des premiers symptômes de la maladie. Alibert cherche dans le comportement des patients dans leurs habitudes de vie, des éléments moraux susceptibles d’expliquer la maladie dans une tentative de compréhension globale, physiologique et morale, de l’homme malade, approche développée dans la  » Physiologie des Passions « .

A l’histoire de la maladie, succède la description clinique qui applique à la dermatologie les principes du sensualisme. La médecine clinique qui se développe à Paris à partir des dernières années du XVIIIème siècle se fonde en effet sur le signe clinique, le rôle déterminant de l’hôpital et la primauté des sens .

Le clinicien entreprend une véritable recherche qui met à profit les 5 sens. Il doit encore rendre compte de ces observations de la manière à la plus détaillée possible mais aussi la plus apte à s’imprimer dans la mémoire des étudiants. L’usage des comparaisons et métaphores est donc particulièrement utile qui s’appuie sur des sensations de la vie quotidienne en développant notamment un langage médical fait de comparaisons et de métaphores issues de l’environnement profane que chacun, maître de la médecine ou élève, pouvait aisément retenir. E. Pasquinelli dans le texte consacré à l’iconographie analyse attentivement ce sujet.

Corvisart introduisant en France la méthode de la percussion et Laennec décrivant avec un luxe de détails les bruits cardiaques et pulmonaires illustrèrent dans d’autres spécialités ce nouveau mode d’apprentissage de la médecine

Chez Alibert, le perfectionnement du langage occupe une place particulière. Complétant ses « efforts pour dissiper la confusion introduite par les nomenclateurs » , Alibert pensa enrichir son approche par une nomenclature faite de néologismes (cnidosis, phlyzacia, épinyctide, olophlyctide, ophlyctide, pyrophlyctide) justifiés selon lui la caractère novateur de sa science . L’intérêt pratique de sa classification des maladies de la peau s’en trouva affaibli.

On notera que, à la même époque, les willanistes contemporains d’Alibert (Biett et son élève Cazenave) faisaient peu de cas du récit fait par le malade qui semblait disparaître derrière sa maladie. De fait, les observations n’ont que peu ou pas de place dans les ouvrages des willanistes qui fixés sur une méthode diagnostique rigoureuse –privilégiant l’anatomie pathologique en recherchant d’abord la lésion élémentaire- peuvent se passer des grandes descriptions et du récit de la maladie fait par le malade. Chez Rayer , willaniste moins fixé sur l’anatomie pathologique, le malade est identifié, l’histoire de la maladie rapportée, les lésions décrites minutieusement mais on ne trouve toutefois pas l’usage de la métaphore et des comparaisons si présentes chez Alibert

La nosologie naturelle

Titre d’un volumineux ouvrage inachevé, la nosologie naturelle est aussi la méthode qu’Alibert utilisa pour classer les maladies notamment de la peau. Le qualificatif naturel oppose ce mode de classement à la nosologie artificielle mise au point à Vienne par Plenck en 1776 , perfectionnée à Londres par Willan .

Considéré dans le monde entier comme « la pierre angulaire de la dermatologie moderne » , le willanisme -dénommé par référence aux travaux de Willan- fut introduit en France en 1816 par Biett, médecin de l’hôpital Saint-Louis, .. Cazenave et Schédel, disciples de Biett, s’attachèrent à perfectionner le willanisme dont l’étape essentielle était la reconnaissance de cette lésion initiale que Biett (ou Cazenave) dénomma lésion élémentaire : Les maladies de la peau étaient ensuite classées selon leur lésion élémentaire, classement qui aboutissait à regrouper des maladies très différentes les unes des autres. Pour la plupart des auteurs français, le willanisme fut accepté au moins en tant que méthode diagnostique .

Ces deux approches différentes de la nosologie en dermatologie (parfois dénommées alibertisme et willanisme) s’inspiraient de la botanique, discipline des classifications par excellence. Alors que les willanistes se réclamaient de Linné, Alibert favorisait le travail de Jussieu Ces deux modes de classification des maladies de la peau alimentèrent des discussions parfois vives, qui tout au long du XIXème siècle et la première moitié du XXème formèrent l’introduction de la plupart des traités de dermatologie..

Tel l’explorateur arrivant dans une contrée inconnue auquel Alibert se compare, il éprouve la nécessité de classer les maladies tel un collectionneur découvrant des objets vus pour la première fois. Son maître Pinel avait déjà insisté sur cette nécessité :  » on sent facilement la nécessité de ne point se borner à un entassement irrégulier d’une foule d’observations ou histoires individuelles des maladies qu’on a recueillies. (…) une maladie étant donnée, déterminer son vrai caractère et le rang qu’elle doit occuper dans un tableau nosologique

La pensée d’Alibert, sans rejeter complètement les idées des willanistes, s’orienta vers le regroupement des maladies ayant entre elles non pas un seul point commun mais le plus grand nombre de caractères (notamment les causes et les mécanismes pathogéniques supposés) .

En réalité, Alibert ne voyait entre lui et Willan que des différences de compréhension des maladies liées à des modes de prise en charge différents. L’un hospitalier, celui d’Alibert, permettait d’examiner quotidiennement les malades et d’observer complètement l’évolution des maladies :  » placé sur un théâtre où ces maladies se présentent et se renouvellent sans cesse, j’ai pu mieux qu’un autre débrouiller la confusion introduite dans les travaux des anciens ; j’ai pu suivre la marche, les périodes, le déclin, les recrudescences, les métamorphoses des divers exanthèmes. C’est dans les hôpitaux que leurs traits caractéristiques se prononcent avec plus d’évidence et plus d’énergie parce qu’on les contemple dans toutes les époques de leur existence » . Plus itérative, la pratique de Willan dans un dispensaire ne permettait selon Alibert que des observations irrégulières : « on s’aperçoit aisément que les maladies chroniques du derme ont passé trop vite devant lui » .

De plus, alors que pour les willanistes, les maladies constituaient des entités clairement individualisées les unes des autres, Alibert faisait observer que les maladies « se touchent par différents points et sont plutôt dispersées entre elles comme les feuilles des arbres » . La question de la meilleure classification se posait donc non seulement en termes de commodité d’usage mais également en termes de continuité ou de discontinuité de la nature : les espèces sur lesquelles se fondait la classification linnéenne étaient-elles des réalités objectives ou au contraire n’étaient-elles qu’arbitrairement inventées par l’homme ?

Après avoir, dans une première période de sa réflexion, adopté une approche nosologique fidèle aux auteurs du XVII et XVIIIème siècles -séparant de manière traditionnelle les maladies du cuir chevelu des maladies du reste du tégument-, Alibert enrichit sa pensée et énonçait les grandes lignes de son projet. Compilant les formes cliniques, il s’efforce de trouver entre elles des rapprochements, des points de contact, méthode qui selon lui est la plus apte à rendre compte de la réalité des maladies. Il fut parfois contraint d’adopter les principes du willanisme lorsqu’il décrivit par exemple au chapitre confus des dartres des variétés pustuleuse, phlycténoide, squameuse, érythémoïde considérant comme « convenable de qualifier les affections dont je traite par le caractère physique de l’éruption dominante ».

S’inspirant du modèle de Torti , créateur d’un arbre des fièvres, Alibert représenta sa classification des maladies de la peau sous la forme d’un arbre des dermatoses. :  » j’ai imaginé un arbre généalogique qui vous offrira dans un ordre régulier les groupes, les genres et les espèces de la famille des dermatoses.  » (.Monographie…, lxvij)

Alibert qui comprenait bien les limites d’une telle représentation graphique ne voyait en fait dans la comparaison avec les feuilles de l’arbre qu’une image propre à mieux faire comprendre sa doctrine : « les divisions établies sous le nom d’espèces en nosologie ne sauraient en aucune manière être assimilées à celles qu’indiquent journellement les Naturalistes. Ce ne sont ici que des abstractions utiles pour aider les combinaisons de notre esprit, qui ne séparent les faits que pour mieux juger de leur analogie et de leur différence ».

Le 26 avril 1829, Alibert devant ses élèves présenta son Arbre des dermatoses sur les branches duquel les maladies de la peau étaient divisées en douze familles : dermatoses eczémateuses, exanthémateuses, teigneuses, dartreuses, cancéreuses, lépreuses, véroleuses, strumeuses, scabieuses, hémateuses, dyschromateuses, hétéromorphes.

Cette représentation des maladies ne trouva pas grâce aux yeux des contemporains d’Alibert.

De fait, la tentative nosologique d’Alibert peut-être réalisée dans un souci opportuniste de restauration d’influence personnelle, intervint à la fois trop tard et trop tôt. La médecine anatomo-clinique était alors bien ancrée dans les esprits et l’approche d’Alibert qui tentait des rapprochements hasardeux ne pouvait que susciter des commentaires amusés. Le willanisme par sa simplicité d’usage avait séduit aisément la presque totalité des dermatologues qui avaient renoncé à établir des parentés physiologiques et à rechercher des causes qu’aucun moyen de leur permettait de connaître. Ce n’est qu’à partir des années 1860 que les esprits évoluèrent pour se libérer de la rigidité dictée par une approche trop exclusivement anatomo-pathologique, notamment sous l’influence de Bazin et Hardy puis grâce aux découvertes du pastorisme qui permit les premières classifications réellement étiologiques.

Alibert, homme public

Veuf après une courte vie commune avec Constance-Marie Barrois, fille de l’imprimeur Barrois, Alibert fut d’abord domicilié rue Saint-André-des-Arts . Plus tard, il occupa un hôtel particulier rue de Varennes dans lequel il tenait salon recevant artistes et gens de Lettres. Il avait fait installer un petit théâtre où il invitait régulièrement des comédiens célèbres. Il entretint une correspondance suivie avec Marceline Desbordes-Valmore -chanteuse à l’Opéra comique puis poêtesse qui lui dédia des vers- et d’une manière générale semble avoir eu une certaine attirance pour les actrices. Homme public en vue, Alibert est cité dans plusieurs œuvres romanesques comme la référence du savoir en dermatologie (César Birotteau, correspondance de Flaubert..).

Physiquement, Alibert était un homme de « taille moyenne, un peu ramassée. (…) il avait un accent méridional très prononcé. Sa figure était agréable, bonne et cependant expressive et même un peu narquoise. Son linge était beau et renouvelé chaque jour ; cependant tout cela était mal arrangé. A peine était-il assis qu’il croisait ses jambes et s’essuyait ses pieds sur ses bas de soie blanc (…) Tout en parlant il chiffonnait sa chemise, son col, sa cravate ce qui lui donnait l’air un peu débraillé. Son caractère bon, facile et obligeant lui avait fait beaucoup d’amis véritables » .

Hardy décrivait Alibert comme  » un petit homme à jambes courtes, à ventre proéminent, à figure arrondie avec des yeux vifs et brillants, la tête ronde couverte d’une perruque brune et d’un chapeau vacillant qui avait toujours l’air de tomber« .

Alibert traversa sans encombres une succession de régimes politiques agités. Sa biographie ne retrouve pas d’engagement politique actif, précaution sans doute utile pour garder la tête sur les épaules. On ne trouve pas davantage de commentaire particulier sur l’Empire au cours duquel Alibert conserva son poste de médecin chef de Saint-Louis sans difficulté particulière. Ses appréciations politiques s’expriment parfois au détour des descriptions cliniques. La Terreur est assez fréquemment évoquée pour ses horreurs incompatibles avec le devoir d’humanité qui s’imposent au médecin..

Les dédicaces qu’il rédigea à Louis XVIII (Nosologie naturelle) et au Tsar de Russie (1ère édition de la Description des maladies de la peau ) témoignent de l’attachement d’Alibert à la royauté peut-être mêlé d’opportunisme.

Cette prudence lui valut de ne pas être évincé de la Faculté de Médecine en 1822, lorsqu’une agitation intérieure aboutit à fermer la Faculté et à congédier plusieurs professeurs jugés indisciplinés. A la réouverture de la Faculté Alibert devenait professeur de thérapeutique et de matière médicale.

Epilogue

La position qu’occupe Alibert dans l’histoire de la dermatologie –le premier dans le premier hôpital de spécialité à Paris- est singulière et peut inciter à des commentaires excessivement laudateurs que lui-même s’est d’ailleurs fréquemment chargé d’assurer. Il n’en reste pas moins que l’œuvre d’Alibert constitue pour l’histoire de la dermatologie un objet de réflexion d’un intérêt particulier dans au moins trois orientations :

Alibert et l’art de la description

Les Maîtres de la Médecine révolutionnaire portèrent la qualité des descriptions à un niveau inégalé Les médecins, formés à la recherche du mot juste par l’apprentissage des littératures classiques, perfectionnèrent ce nouveau langage de la médecine. Laennec, Corvisart, Alibert, chacun dans son centre d’intérêt respectif, illustra cette tendance littéraire et élitiste de l’école de médecine de Paris. L’enrichissement du savoir en bénéficia rapidement. Cette  » suzeraineté du regard  » que dénomme élégamment Foucault, réunit willanistes et alibertistes dans une commune volonté de regarder pour perfectionner les connaissances. L’observation est depuis l’étape initiale presque initiatique du diagnostic clinique en dermatologie. De ce point de vue, le patrimoine intellectuel des dermatologues du XXIème siècle est l’héritier de cette attention portée à la description.

La nosologie naturelle

Qualifiant l’Arbre des dermatoses, les historiens du XXème siècle oscillaient entre  curiosité dermatologique  et chaos absolu . Les contemporains d’Alibert ne furent plus indulgents. Quelques éléments d’explication de ce rejet ont été avancés plus haut. Aujourd’hui la question des classifications se pose avec moins d’acuité ; elle n’est cependant pas close et de nombreux rapprochements effectués par les nosologistes du XXIème siècle restent encore débattus. On retiendra toutefois que cette tentative de compréhension globale de la maladie dermatologique reste l’objectif de la plupart des nosologistes

Alibert et l’hôpital Saint-Louis

Descriptions de maladies, publications et surtout enseignement firent la réputation d’Alibert et celle de la dermatologie à l’hôpital Saint-Louis au fronton duquel Alibert avait proposé d’inscrire la devise Urbi et Orbi soulignant l’universalité de la dermatologie dans cet hôpital. M. Janier indique dans un autre chapitre de cet ouvrage la filiation intellectuelle qui permit le développement d’une véritable école de dermatologie à Saint-Louis. K Holubar insiste lui-aussi sur la puissante dynamique créée par Alibert et par l’effet qui en résulta sur le développement et le rayonnement de l’école de Saint-Louis,  » orchestre symphonique  » de la dermatologie. Il y a quelques décennies encore 6 services de dermatologie permettaient de donner des soins à 1000 patients. Les perfectionnements thérapeutiques ont modifié la présence de la dermatologie à Saint-Louis. Cet hôpital reste cependant pour les dermatologues du monde entier un lieu essentiel de leur patrimoine.

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