Journées d’histoire des maladies des os et des articulations,
organisées par la SFHM et le groupe hospitalier Cochin-Saint Vincent de Paul

Journée du 21 novembre 2008

Philippe CHARLIER
Aspects modernes de la recherche en paléopathologie

Loin d’être une discipline poussiéreuse et secondaire, la paléopathologie de ce début de XXIème siècle brille par l’ensemble des moyens techniques modernes qu’elle met en oeuvre pour arriver à des diagnostics de certitude. Dans cette présentation, l’auteur montrera l’arsenal dont dispose un médecin paléopathologiste pour analyser les restes humains plus ou moins fragmentés, notamment dans le domaine de la paléo-rhumatologie. On comprendra ainsi que la paléopathologie se révèle particulièrement utile aux vivants, non seulement en dessinant, étude après étude, une cartographie sanitaire des populations du passé, mais aussi en permettant de tester, valider et critiquer des méthodes diagnostiques utilisées en médecine courante ou de pointe.

M. KERBOUL
Histoire de la prothèse de hanche

De la préhistoire (Thomas Gluck en 1890) à nos jours, l’arthroplastie totale de hanche a parcouru un chemin long et très tortueux par aboutir à une intervention dont l’efficacité est remarquable. L’arthroplastie totale de hanche moderne est née des travaux de K. Me Kee et J. Charnley dans les années 1950-1960 en Grande Bretagne. L’histoire de cette intervention en France débute en 1965. Elle est marquée par deux traits dominants, une imagination extrêmement fertile des chirurgiens orthopédiques et souvent une compréhension plutôt pauvre des problèmes mécaniques de l’articulation de la hanche. Cette histoire peut être divisée en quatre étables principes :

1965-72 : les débuts de l’arthroplastie totale, succès, problèmes et limites.

1972-86 : la fin temporaire des prothèses métal métal, le début de la fixation sans ciment, l’amélioration de la forme des prothèses cimentées, la multiplication des modèles.

1986-97 : l’amélioration de la forme et du revêtement des prothèses sans ciment, le début de l’hydroxyapatite, le développement de la modularité et l’usure du polyéthylène.

1997-2008 : c’est le retour vers les couples dur-dur, l’abandon provisoire du zircone et le retour aux techniques de resurfaçage, l’amélioration du polyéthylène et la progression importante du sans ciment.

Un court chapitre est consacré à l’état actuel de cette intervention en France.

Danielle GOUREVITCH
La goutte dans la  « joie de vivre » d’Émile Zola

Zola, qui vient de publier Nana en 1880, décide de consacrer son roman suivant à une jeune fille qui serait le pendant et le contraire de la misérable éponyme. Il s’attache donc à Pauline Quenu, déjà évoquée parmi les personnages des Rougon-Macquart, la fille unique des charcutiers des Halles, née en 1852, devenue orpheline en 1860, à neuf ans ; sa tutelle est confiée à son oncle Chanteau. Zola a l’idée de faire de ce tuteur un incapable total, détruit moralement et physiquement par la goutte, rendant la vie impossible à tous les siens, tant par sa propre souffrance que par son égoïsme. Ce sera La Joie de vivre, roman publié en 1884. On étudie la documentation médicale du romancier, essentiellement le Treatise on goût and rheumatic goût (rheumatoid arthritis), d’Alfred Baring Garrod, que Zola peut lire dans sa traduction française. On montre comment la maladie elle-même devient le personnage-clef au coeur de l’intrigue.

Philippe BONNICHON
Traitement des fractures aux temps de Guy de Chauliac et d’Ambroise Paré

Deux chirurgiens français, Guy de Chauliac et Ambroise Paré, marquèrent profondément leur art jusqu’à la fin du XVIII° siècle. Aujourd’hui encore, l’admiration portée à leurs œuvres inspire de nombreux travaux qui nous orientent vers la compréhension des maladies traitées chirurgicalement que ce soit dans leur contexte général, médical, technique ou même éthique. Les personnalités de Guy de Chauliac et Ambroise Paré qui s’opposent, sont pourtant essentielles pour comprendre leurs écrits. Ces différences apparaissent clairement lorsque l’on étudie les chapitres traitant des fractures, but du travail que nous exposons.

Bernard-Paul AMOR
Histoire de la spondylarthrite ankylosante : Antiquité, Moyen-Âge et de nos jours

Décrite sur un squelette à la fin du 17ème siècle, la spondylarthrite ankylosante ne sera reconnue chez des grands invalides vivants qu’à la fin du XIXe siècle. Il faut attendre 1931 et la description de l’atteinte radiologique des sacro-iliaques pour voir se multiplier les cas et s’affiner sa description. Mais en l’absence de traitement efficace la précocité du diagnostic n’est pas primordiale.

En 1954, le premier traitement efficace la phénylbutazone ouvre l’ère des anti-inflammatoires non stéroïdiens qui va stimuler les cliniciens à reconnaître la maladie avant l’ankylose. Les premiers critères de classification apparaissent en 1960.

Jusqu’en 1973 donc pendant 20 ans si les AINS soulagent, les effets secondaires digestifs rendent leurs prescriptions prolongées difficiles. 1973 est un vrai tournant se produit dans tous les domaines. L’enthèse est reconnue comme la cible essentielle de l’inflammation, les antis H2 puis les IPP permettent des traitements anti-inflammatoires prolongés et les chirurgiens mettent en place les premières prothèses de hanches chez des sujets jeunes.

La découverte de l’association de l’antigène HLA B27 à la SPA vient confirmer le caractère pour une part génétique de la maladie et son étroite parenté avec le syndrome de Fiessinger – Leroy comme certains cliniciens l’avaient avancé et l’intégration de ces maladies dans les spondylarthropathies. Des critères font permettre l’identification de plus en plus précoce de ces affections.

Cette association a stimulé les recherches physiopathologiques comme la création de souris transgéniques pour HLAB27 et la recherche de germes déclenchant la maladie. Mais l’ouverture va venir de recherche sur les cytokines et en particulier le tumor necrosis factor alpha (TNFa).

En 2000, une nouvelle révolution commence, celles de biothérapies. Un diagnostic le plus précoce possible avant toute ankylose ou déformation est très souhaitable. On tente d’améliorer les critères de diagnostic par l’IRM et l’échographie susceptibles d’objectiver des lésions bien avant la radio. Mais les douleurs si caractéristiques de ces maladies sont de loin les signes les plus précoces.

L’ankylose n’est plus aujourd’hui qu’une des évolutions possible et même l’atteinte des sacro-iliaques n’est plus un signe indispensable.

Les femmes sont atteintes aussi souvent que les hommes et les enfants ne sont pas indemnes. La recherche progresse avec la mise en évidence de l’intervention de I123 et des TH17 dans sa physiopathologie et dans la génétique. C’est sans doute dans cette voie que les prochains développements se trouveront.

Christian ROUX
Histoire de la minéralisation osseuse

L’histoire du tissu minéralisé qu’est le tissu osseux doit probablement débuter avec Lobstein (le jeune) connu pour sa description de l’ostéogenèse imparfaite à la fin du Xlllème siècle, et pour l’utilisation pour la première fois du mot ostéoporose en 1829. Il faudra attendre un siècle pour comprendre le rôle de la régulation hormonale sur le métabolisme osseux (Albright), et encore 30 ans pour replacer le métabolisme osseux dans une unité de remodelage, et donc une structure fonctionnelle cohérente (Frost). L’accélération des connaissances dans le domaine de la physiologie osseuse est actuellement rapide, et les 10 dernières années ont vu la démonstration des voies de régulation essentielles de l’activité de résorption osseuse (système Rank-Rank ligand), les voies de l’ostéotormation (LRP5-Wnt) et la boucle de rétro contrôle de l’ostéoformation (sclérostine).

Finalement l’acte de naissance de la «minéralisation osseuse» en France est peut être 2006, date du remboursement de la densitométrie par absorptiométrie biphotonique, outil indispensable à la mesure du tissu minéralisé et de ses variations. Ce sont en effet les techniques de mesure de ce tissu, et leurs progrès, qui ont permis le développement pratique et optimal de la prise en charge des maladies osseuses.

Jean-Jacques FERRANDIS et Alain SEGAL
L’essor de la radiologie osseuse pendant la guerre 1914-1918

La première guerre mondiale a marqué un tournant significatif dans l’histoire de la radiologie. L’évacuation des blessés sans traitement était la règle au cours des deux premiers mois du conflit, aboutissant à un désastre sanitaire. Le Service de santé aux armées fut réorganisé. Les auteurs montrent comment la radiologie, inexistante au début, devint indissociable de la chirurgie en évoluant durant les différentes phases de la guerre pour être particulièrement efficace en novembre 1918. Les personnels (radiologistes, manipulateurs et techniciens) furent considérablement augmentés et reçurent un enseignement spécifique. Les postes fixes de radiologie se multiplièrent dans tout le pays mais surtout, on développa les équipes mobiles de radio-chirurgie au plus près des combats, notamment dans les Hôpitaux de l’Avant et les ambulances automobiles chirurgicales. La radiologie osseuse, permit au chirurgien de l’Avant de préciser au mieux les foyers de fractures et surtout de repérer les projectiles, notamment intra-articulaires. En dehors du front, dans les « services spécialisés pour fractures » elle joua un rôle majeur dans la surveillance de la cicatrisation osseuse ou de l’évolution vers la pseudarthrose.

Patrick SICHERE
Pathologie ostéo-articulaire dans la bande dessinée

Grâce à la confiance de certaines revues, notamment de rhumatologie, nous avons la chance de rencontrer depuis plusieurs années les créateurs du monde de la bande dessinée. L’objectif est de faire partager aux lecteurs le plaisir et la diversité qu’offre le 9ème art. Cette véritable récréation, surgissant entre des articles scientifiques, est rendue possible grâce aux artistes eux-mêmes.

En effet, non seulement ils acceptent de répondre aux questions qui concernent leur art, mais et surtout, ils n’hésitent pas à illustrer de façon originale ce que la rhumatologie ou la douleur leur inspire.

Nous présenterons donc quelques illustrations qui sont autant d’images qui reflètent notre spécialité. Puis nous compléterons notre propos en nous inspirant de Hergé. En effet le créateur de Tintin n’a pas hésité à travers son œuvre à nous présenter ses souffrances, aussi bien d’ordre physique que morale. A suivre…

Marcel Francis KAHN
Histoire de la polyarthrite rhumatoïde

L’étude historique de la polyarthrite rhumatoïde garde un intérêt majeur pour comprendre le ou les mécanismes qui la provoquent. En effet, il semble bien que, contrairement à d’autres pathologies ostéo-articulaires arthrose, goutte, spondylarthrite) son apparition soit récente tout au moins à l’échelle où elle est observée aujourd’hui. On ne la trouve pas dans les descriptions médicales mais aussi artistiques antérieurs au XVIII° siècle si ce n’est, de façon sporadique dans des isolats amérindiens très anciens. C’est le français JA Landré-Beauvais qui, le premier en a apporté une description convaincante dans sa thèse en 1800.On la trouve ensuite largement décrite par les cliniciens anglais et français du XIX° siècle y compris notre grand Charcot qui lui a consacré sa thèse. Au XX° siècle, l’histoire de la polyarthrite est marquée par de grandes découvertes médicales ; avec les sels d’or et Jacques Forestier, la Cortisone avec Hench, L’auto-immunité avec Waaler et Rose le rôle des HLa de classe 2 avec Stasny les biothérapies notamment les anti-TNF encore en plein développement. Mais si les mécanismes de la maladie sont de mieux en mieux connus, son étiologie reste un mystère. Son apparition récente soulève un problème encore non résolu : celui de sa cause déclenchante – unique ou multiple – dont l’étude mérite d’attirer l’attention non seulement des médecins, mais aussi des historiens, des sociologues et des épidémiologistes invités à se pencher sur tout ce qui a marqué le début du XIX° siècle tant en ce qui concerne les pathologies infectieuses que ce qui a marqué le développement industriel. Comme quoi, l’histoire de la médecine n’est pas seulement une activité académique sans retombées pratiques possibles !

Jacques MONET
Naissance de la kinésithérapie en France: 1900-1914

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, quelques promoteurs, médecins, praticiens de ville et des hôpitaux, dans la mouvance du courant hygiéniste et pasteurien, s’investissent et se déclarent convaincus de l’intérêt de l’utilisation en médecine dans le traitement de certaines maladies, des agents physiques ; l’air, l’eau, l’électricité, le mouvement (passif, actif) et les exercices gymniques. La gymnastique et le massage présentant l’avantage sur les autres agents de ne rien faire ingérer aux malades. La kinésithérapie, agrégation d’une forme de massage et de gymnastique, définie comme thérapeutique par le mouvement par un gymnaste suédois, pénètre le champ de la médecine et en particulier celui des spécialités médicales émergentes. L’exposé identifie les promoteurs et les entrepreneurs qui tentent d’individualiser et de rationaliser ces procédés pour leur conférer un statut médical et scientifique : ils se regroupent dans la Société de Kinésithérapie (1900). Ces médecins et chirurgiens initiateurs et innovateurs, s’investissent dans ces pratiques, triviales et populaires qui exhibent des propriétés thérapeutiques dans de nombreux domaines, notamment en traumatologie, en orthopédie, dans le traitement des différentes difformités physiques, de certaines maladies nerveuses et gynécologiques. La pénétration de ces méthodes physiques, dans le monde médical savant, est l’objet d’enjeux entre des groupes professionnels qui se constituent, centrés autour des agents et en briguent l’exclusivité à des fins de marché. Convaincus de l’intérêt de ces procédés en particulier de l’usage de l’électricité et de l’eau sous toutes ses formes, d’autres médecins tentent d’élargir et de rassembler tous les traitements qui ont recours aux agents physiques dans une nouvelle vision de la thérapeutique. On assiste alors à une tentative d’institutionnalisation d’une nouvelle spécialité médicale, la physiothérapie, application des agents naturels à la thérapeutique. Les stratégies consistent alors à convaincre le monde universitaire du bien fondé de ces thérapeutiques pour qu’elles soient inscrites dans l’enseignement officiel à des fins de légitimation. Mais l’Université ne peut légiférer dans sa politique de création d’enseignement qu’en recourant à la légitimité scientifique de l’enseignement envisagé, celle de la matière du cours et celle du maître qui en aura la charge.

L’histoire de la kinésithérapie s’étend sur un court espace et pourrait se décrire en trois vagues successives. La première atteint son intensité maximale avec une montée en puissance dans les années 1905 avec le Congrès pour la répression de l’exercice illégal de la médecine, bornée par les années 1888-1905 où la présence de la jeune Société de Kinésithérapie (1900) est primordiale lors des débats qu’il a entraînés. Une seconde vague naît ensuite, elle trouve sa force dans les années 1905-1910 où la kinésithérapie est associée avec une autre discipline médicale l’électrothérapie (Société d’électrothérapie 1880) en voie d’émergence pour constituer la physiothérapie qui réunit un congrès exceptionnel à Paris en 1910, le 3e Congrès international de physiothérapie sous la présidence du Président de la République. La dernière est celle où les blessés de la Grande Guerre vont bénéficier de la création des centres de physiothérapie, de mécanothérapie et de récupération où les méthodes physiothérapiques et le massage concourront à la rééducation professionnelle des blessés de la guerre.

Alain CHEVROT et Marie-José PALLARDY
Les aspects dévoyés de la radiologie osseuse

Huit jours après que Wilhelm Conrad Roentgen eu déposé son mémoire sur « une nouvelle sorte de rayon » le 28 décembre 1895, le monde entier était informé de cette découverte sensationnelle. A partir de l’article publié dans le journal viennois de presse du 05/01 /l 896.

Dés cette époque sont apparues les applications médicales, principalement sur le squelette, , bien qu’au début très contestées, mais aussi des applications non médicales. Cette lumière invisible devient d’abord source d’amusement alors que les effets biologiques des radiations ionisantes restent encore inconnus.

Le spectacle des rayons X est affiché à Paris dans plusieurs salles en renom, en même temps que la découverte récente du cinématographe par les frères Lumière.

Dans les années 1925, émergea l’idée d’un auteur non identifié que le rayon X pouvait servir à vérifier la bonne taille des chaussures. Ainsi furent construits, 15 à 20 000 podoscopes à Rayon X vendus aux Etats-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne, et en France. Suite à différents accidents d’irradiation, les différents états interdisent l’utilisation de cette machine vers les années 1957. Malgré tout quelques machines continuèrent à être utilisées en particulier au Canada ou en Grande Bretagne jusque dans les années 1970.

Autres applications : on se rappelle les applications techniques pour la détection des objets métalliques dans les bagages, utilisées dans les aéroports. Des techniques similaires sont réellement à l’étude avec des mini-doses pour faire passer les personnes entières sous un faisceau de rayons X !

Paul DOURY et Jean-Jacques FERRANDIS
Le médecin Général Pauzat et la périostite ostéopathique des métatarsiens à la suite des marches

En avril 1897, le Docteur Jean Eugène PAUZAT, médecin major de 2° classe décrivait la périostite ostéoplasique des métatarsiens à la suite des marches. Dans ce travail, il décrivit avec une grande minutie, les manifestations fonctionnelles et cliniques survenue à la suite des marches chez les militaires de son unité et chez ceux du 77 ° régiment d’infanterie. Après avoir rappelé la carrière de Jean Eugène Pauzat, nous décrivons l’affection sous des aspects plus modernes pour conclure qu’à la dénomination mal nommée de « fracture de fatigue » il eût été judicieux de préférer l’appeler « maladie de Pauzat ».

Francis TREPARDOUX
Thermalisme ostéo-articulaire : exemple de la station d’Evaux

Les eaux chaudes (50°C) d’Ivaos en Combraille furent connues des Celtes et mises en usage à l’époque d’Auguste. D’importants vestiges l’attestent. Ensuite ignorées, l’autorité royale en surveillait l’exploitation par la désignation d’un médecin attaché à la surintendance des Eaux minérales. Dodart et les deux Laguérenne le furent durant le XVIIIe siècle. En 1820, la nécessité d’un centre thermal apparut avec le développement des cures. C’est en 1831 que fut construit le premier bâtiment avec des salles de bains et des chambres sur deux étages. L’analyse des vingt cinq sources réalisé par Henry en 1843 sur demande de l’Académie de médecine, fixait leur composition chimique, sulfatées, chlorurées, chargées d’arsenic, de lithium et de traces de strontium. Encadré médicalement, le curiste bénéficiait de bains en eau ou vapeur, et de douches. Prisée par G. Sand qui vantait l’agrément du site et la pureté de l’air à moyenne altitude, la station d’Évaux progressait dans la faveur du public et connut après 1890 une expansion d’intérêt de la part du corps médical sous l’impulsion de Paul Landouzy et de Henri Lepage, en association avec des scientifiques eminents de la Faculté de médecine et de pharmacie de Lyon dont les travaux firent autorité durant plusieurs décennies et assurèrent aux eaux d’Évaux une clientèle élargie. L’arthritisme, et les arthropathies chroniques formaient la principale indication des soins, et en seconde ligne le traitement des lithiases rénales et biliaires concurrençait les stations plus en vue à une époque où ces affections ne trouvaient aucun traitement. La seconde guerre mondiale ralentit l’activité de la station thermale dont les installations et le matériel vieillissaient. Devenue Évaux-les-Bains au temps de la Sécurité sociale, les excellents résultats rencontrés dans le traitement des affections osteo-articulaires procuraient 2300 curistes en 1990. Le Conseil général de la Creuse finança la construction d’un bâtiment abritant plusieurs dizaines de cabines de bains munies d’hydroxeurs, de douches et de plans de massages. Depuis 2001, ce complexe médico-thermal a entièrement remplacé les anciens bains, cependant que le parc était redessiné, agrémenté d’un casino avec la mise en valeur du centre ville. Sur le plan clinique, le traitement thermal présente une haute valeur thérapeutique par le soulagement durable de la douleur et la restauration de la mobilité.

Journée du 22 novembre 2008

Yvette DELOISON
Le squelette et la bipédie

La bipédie est pour l’homme son mode de locomotion permanent, il s’agit de bipedie de type humain car beaucoup d’animaux peuvent se mettre debout sur leurs pattes arrière, quant il ne s’agirait que des oiseaux.

En commençant par le crâne, le foramen magnum (trou occipital) est situé en dessous du crâne et non en position plus postérieur comme chez les autres primates.

En dessous de lui, la colonne vertébrale présente quatre courbures rachidiennes spécifiques à l’homme : cervicale, dorsale, lombaire et sacrée. Les vertèbres lombaires présentent une augmentation nette du volume du corps vertébral, caractère spécifique à l’homme. Elle se prolonge par le bassin, siège chez l’homme du centre de gravité. Le pelvis humain (bassin) englobe avec le sacrum une partie du squelette axial. Il supporte à l’arrière les puissants muscles fessiers et s’articule avec le membre inférieur.

La valeur du membre inférieur plus long que l’antérieur est un caractère hautement différentiel de l’homme. L’indice intermembral (longueur du membre supérieur /longueur du membre inférieur x 100) est faible chez l’homme avec 70% contre 144% pour l’orang-outan. Avec 89% chez l’australopithèque Lucy, il confirme les observations effectuées sur le membre postérieur et notamment son pied pour l’exclure des hominidés bipèdes tels que les êtres humains. Les caractères arboricoles observés sur les os fossiles de pied des australopithèques les excluent de la lignée humaine.

Le pied humain est hautement spécialisé pour son mode de locomotion bipède avec son important tarse, ses métatarsiens et ses orteils parallèles, sa voûte plantaire longitudinale et son premier rayon plus long que les autres. Il n’a pu provenir que d’un pied non spécialisé ainsi d’ailleurs que celui des autres primates.

Pour l’ensemble des primates, la bipédie représente un caractère ancestral qui a dû précéder la quadrupédie.

Stanis PEREZ
La goutte de Philippe II d’Espagne

La présentation comprend essentiellement des données audiovisuelles.

Marie-Hélène MARGANNE
Aspects chirurgicaux du Codex de Nicétas dans les affections articulaires

Le Codex de Nicétas [Laurentianus pluteus graecus 74, 7, fin IXe/début Xe siècle), qui contient une collection de seize écrits classiques de chirurgie couvrant une période de plus de mille ans, d’Hippocrate (fin Ve/début IVe s. avant notre ère) à Paul d’Égine (VIIe s.), est exceptionnel par son ancienneté, sa présentation soignée, sa conception, sa magnifique illustration, son histoire et sa filiation. Codex d’apparat, le manuscrit n’en a pas moins été conçu selon le principe d’utilité généralement appliqué aux livres dans le monde byzantin, puisqu’il réunit des traités ou parties de traités copiés en vue de leur conservation et de leur consultation. Un nouvel examen du support, de la mise en page, de l’écriture, du contenu, – spécialement les trois poèmes iambiques placés en tête du recueil -, ainsi que du contexte culturel, permet de mieux comprendre les critères de sélection des écrits, l’organisation de la matière et les objectifs poursuivis, particulièrement dans le traitement chirurgical des affections osseuses et articulaires.

Jacques MONESTIER
La prothèse intelligente

« J’ai abordé le problème de la prothèse non en médecin ou en prothésiste, mais en sculpteur d’automates, donc en technicien et en artiste. Pour l’étude technique, j’ai appliqué les principes défendus depuis de nombreuses années par le Docteur Jean-Eric Lescoeur, c’est-à-dire la main à préhension molle qui empaume les objets.

C’est une prothèse mécanique à fils, dont la face dorsale, en métal, est articulée entre les phalanges et dont la face interne, en caoutchouc mousse, est recouverte de cuir souple. J’ai supprimé le gant, qui gênait considérablement la préhension, et j’ai transformé la prothèse en véritable sculpture animée.

Pour que la prothèse ne soit plus un sujet de honte et de répulsion, j’ai voulu créer un objet que tous, à commencer par l’amputé lui-même, aient plaisir à regarder.

La prothèse devient ainsi pour l’entourage de l’amputé un objet de curiosité saine, celle que l’on a pour une œuvre d’art. Je voudrais voir des amputés heureux et fiers de leur prothèse. »

Une vidéo de présentation est visible sur le site www.jacques-monestier.com

Jean-Christophe BEL
Histoire du traitement des fractures du col du fémur

Le traitement des fractures du col du fémur -surtout des femmes après 80 ans-, a désigné dans le langage commun et médical celui de toutes les fractures de l’extrémité supérieure du fémur : l’immobilisation prolongée par des dispositifs multiples a été la règle. Vers 1900 -du fait d’un traitement différent- les fractures du col proprement dit ont été séparées de celles de la région trochantérienne. Vers 1930 le traitement chirurgical de fixation interne a pris son essor. Le concept d’une réadaptation fonctionnelle précoce comme avantage de la fixation ou comme objectif principal n’a été conçu qu’après 1940. Vers 1950 on a commencé à remplacer le col fracturé par une prothèse de hanche. Depuis les matériels de fixation (surtout pour les fractures de la région trochantérienne), de même que les prothèses articulaires sont en perpétuelle évolution. Les modalités du traitement (actuellement toujours chirurgical dans les pays développés) reste controversés. L’augmentation du nombre de fractures (du fait de l’allongement de l’espérance de vie) en a fait le traitement chirurgical le plus fréquent.

Pierre THILLAUD
Le diagnostic des maladies rhumatologiques en paléopathologie

Le diagnostic actuel des maladies rhumatologiques repose sur la clinique, la biologie et l’imagerie du vivant. Le diagnostic ostéo-archéologique de ces affections ne dispose que de l’os sec. Dans ces conditions, le paléopathologiste est contraint à procéder à une reconstitution physiopathologique des lésions observées qui lui permettra d’identifier des lésions élémentaires puis, bien souvent, de regrouper celles-ci dans un syndrome ostéo-archéologique dont nous avons posé le principe dès 1983. En prenant pour exemple la PR, il est montré combien le recours au syndrome ostéo-archéologique de Polyarthrite Erosive Symétrique (PAES) a permis d’avancer dans la connaissance de l’histoire naturelle de cette maladie et d’apporter quelques éléments nouveaux propres à clarifier le débat qui oppose les historiens de la médecine sur la chronologie de son émergence sur le continent européen.

Bernard HOERNI, Jean-Louis HONTON, Guy LIORZOU et Jean-Pierre CLARAC
L’orthopédie à Bordeaux au XXème siècle, avant, avec et après Louis Pouyanne

Après la création de la première chaire de chirurgie infantile en 1893, son extension à l’orthopédie en 1906 avec Denucé, puis à l’orthopédie adulte avec Rocher dans les années 1930, l’ortho-pédie-traumatologie s’épanouit avec Louis Pouyanne et un des premiers centres de traumatologie pluridisciplinaires ouvert en 1960, à Bordeaux, en France et dans le monde, et se diversifie en plusieurs surspécialités menées par ses élèves après lui.

Michel GERMAIN, Eric MASCARD et Jean DUBOUSSET
Les sarcomes des os longs chez l’enfant : une longue histoire

  1. La préhistoire : un ostéosarcome découvert sur un squelette.
  2. 1905 : Huntington utilise un péroné pédicule pour traiter une ostéomyélite.
  3. 1950 : Van Ness pratique une rotation-plastie après résection du fémur.
  4. Avant 1970, le traitement des sarcomes des membres se limite à l’exérèse et à l’amputation.
  5. 1970 : début de la chimiothérapie et de la radiothérapie.
  6. 1980 : association chimiothérapie première suivie de résection et reconstruction par fibula revascularisée avec microchirurgie, aboutissant à la reprise d’une vie quasi normale.
  7. Progrès incessants depuis lors, avec transplants de cartilage articulaire de fibula, et association à une allogreffe pour éviter les fractures de la fibula.