N° 17 - Novembre 1998

Le séminaire Histoire des sciences de l'homme et de la société :
concilier dialogue et formation

Organisé par trois membres de la SFHSH, Claude Blanckaert (CNRS, historien de l'anthropologie), Jacqueline Carroy (Paris VII, historienne de la psychologie) et Nathalie Richard (Paris I, historienne de la préhistoire et de l'histoire), sous le patronage du Centre Koyré et de notre société, ce nouveau séminaire est l'une des conséquences des échanges de vues qui se sont déroulés lors de l'assemblée générale du 23 janvier 1998 (Pour plus de détails, voir le n° 16 (mai 1998) du Bulletin d'information de la SFHSH, p. 42-45). À cette occasion en effet, le Conseil d'administration a proposé aux membres présents de discuter des moyens à mettre en oeuvre pour mieux promouvoir l'histoire des sciences de l'homme. Plusieurs formes d'actions ont été envisagées, pour tenter tout à la fois de mieux faire connaître nos activités (grâce, par exemple, au site internet qui fonctionne depuis avril), de mieux faire comprendre l'intérêt de nos recherches et d'attirer vers nos domaines les jeunes chercheurs. Parmi ces actions à mener, la discussion du séminaire a été particulièrement animée. Globalement, au sein du CA et de l'assemblée, deux besoins se sont exprimés. D'un côté, nombreux étaient ceux qui regrettaient de n'avoir pas de lieu permanent de débat où les membres de la SFHSH pourraient apprendre à mieux connaître leurs travaux respectifs et confronter leurs points de vue. Les colloques, trop espacés dans le temps malgré leur nombre, et centrés sur des thèmes qui bien que transversaux n'intéressent pas toujours tout le monde, étaient jugés insuffisants pour remplir ce rôle. De l'autre, certains regrettaient l'absence de structure où les jeunes chercheurs pourraient s'initier à l'histoire des sciences de l'homme et être mis en présence d'acteurs plus confirmés dans la discipline. À long terme, la création d'une formation doctorale pouvait apparaître comme une étape nécessaire ; mais dans l'immédiat, elle semblait impossible à réaliser.

Le séminaire Histoire des sciences de l'homme et de la société est une tentative de réponse à ces revendications.

Premier et seul en son genre à Paris, il s'efforcera de combler une lacune et  peut apparaître, si besoin est, comme une preuve supplémentaire de la vitalité de l'histoire des sciences humaines et sociales en France depuis une quinzaine d'année. Il tentera de tenir les deux objectifs affirmés lors de l'assemblée générale : d'être tout à la fois un lieu de dialogue régulier entre tous les collègues qui souhaiteront y participer, et un lieu d'initiation à la diversité du champ et de ses approches pour les chercheurs débutants.

Dans un double souci d'ouverture et d'actualité, il est accessible à tous et les intervenants seront ou non membres de notre société. Il s'agit en effet de ne privilégier aucun domaine, ni aucune approche ; mais au contraire de jouer de la curiosité et de l'étonnement des auditeurs en présentant des travaux encore inédits, des ouvrages récemment publiés et des recherches en cours, tout en passant de l'histoire d'une discipline à une autre. Le pari d'une pluridisciplinarité systématique est peut-être risqué ; nous espérons néanmoins que les participants seront fidèles à tous les rendez-vous du vendredi et que chaque présentation spécialisée sera l'occasion de réflexions communes et transversales, prolongées d'une séance à l'autre, sur le transfert des notions d'un champ à un autre, sur la pratique de l'histoire des sciences de l'homme, sur la définition de certains objets, ou d'autres thèmes encore. En d'autres termes, les interventions auront moins pour visée l'érudition, que l'explicitation et la discussion en commun des démarches qu'elle sous-tend.

Nous espérons, dans la même perspective d'ouverture et de comparatisme, faire aussi du séminaire un forum international, où pourront s'exprimer les chercheurs étrangers en visite à Paris. Dès cette année en effet sont prévues les interventions de collègues allemands et britanniques, qui viendront nous présenter leurs travaux récents.

Nous sommes dans le même temps convaincus de la valeur pédagogique d'une telle démarche de large ouverture et d'orientation vers l'actualité. Il nous paraît en effet nécessaire et urgent de proposer un lieu où de jeunes doctorants, mais aussi des étudiants de maîtrise ou de DEA, pourront rompre l'isolement qui est souvent encore le leur, et dialoguer avec des acteurs plus confirmés de leur discipline. Il s'agit de les familiariser ainsi avec les enjeux propres à notre domaine, de leur faire connaître les problématiques nouvelles et, dans un cadre moins formel que celui des colloques, d'écouter ce qu'ils ont à nous apprendre. Mais par-dessus tout, il s'agit peut-être de leur permettre de se forger une image de la diversité et de l'unité de l'histoire des sciences de l'homme et de renforcer le sens d'une identité disciplinaire souvent brouillée, pour les plus jeunes arrivés, par l'éparpillement et le disparate des situations institutionnelles.

Comme la SFHSH s'efforce de le faire depuis plus de dix ans, nous espérons que ce séminaire généraliste contribuera à dépasser les clivages entre spécialités, à repenser de manière critique et comparative des traditions historiographiques, et à mieux situer un corpus dans le mouvement des sciences. Il peut constituer ainsi une étape importante pour l'identification, la visibilité et la promotion intellectuelle et institutionnelle de notre domaine. Aussi attendons-nous l'active participation de très nombreux membres de la Société aux réunions qui se tiendront au Muséum national d'histoire naturelle à partir du 20 novembre.

Nathalie Richard