Livre II
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[Illustrations]

Seconde figure
OPartie du processus externe de l'ulna, qui est toujours sans chair [olécranon].
POn voit ici le quatrième nerf qui gagne le bras, à l'endroit où il s'étend à l'arrière du tubercule externe [épicondyle latéral] de l'humérus, et où il présente des branches aux muscles originaires ici de l'humérus.
QDébut du muscle postérieur [m. brachial] parmi ceux qui fléchissent l'avant-bras.
RTête du long muscle [m. brachioradial] inséré sur l'appendice du radius près du carpe ; il met le radius en pronation.
SMuscle extenseur du carpe par un tendon bifide [m. court et long extenseur du carpe radial].
TDeuxième muscle extenseur du carpe [m. extenseur du carpe ulnaire], qui s'implante sur le métacarpe dans le voisinage du petit doigt.
VMuscle s'étendant le long de l'ulna et fléchisseur du carpe [m. fléchisseur du carpe ulnaire].
XMuscle extenseur de l'index, du médius et de l'annulaire.
YMuscle extenseur principalement du petit doigt, comme je l'enseignerai.
ZPartie charnue du muscle qui se sépare en trois tendons ; le premier s'insère sur l'os du carpe soutenant le pouce [m. long abducteur du pouce], le deuxième sur la première phalange du pouce, et le troisième [m. court abducteur du pouce] sur la deuxième et la troisième phalanges du pouce.
aMuscle qui met le pouce en adduction vers l'index [m. long extenseur du pouce].

Le muscle est l'instrument intrinsèque du mouvement volontaire, dépendant de notre arbitre[139]comme l’admettent tous les maîtres en anatomie, de même qu’ils acceptent tous la même description de la structure du muscle. Cette structure apparaît certes plausible et montre le grand art de notre Créateur, cependant comme je ne l’observe que dans très peu de muscles, ou plutôt dans aucun muscle, je suis obligé d'avoir une opinion totalement différente. Je vais commencer par indiquer ci-dessous l’opinion de ces maîtres, en la présentant le plus brièvement et en même temps le plus clairement possible, et en donnant leurs enseignements tout en poursuivant mon exposé, afin de rester le plus près possible de la vérité, et d'enseigner plus clairement quelle est leur opinion.La nature du muscle et sa composition selon l'opinion des autres maîtres en anatomie Ils définissent donc le muscle comme une partie instrumentale fabriquée à partir de nerf, de ligament, de chair, de veines et d'artères, comme étant l'organe propre au mouvement volontaire. Ils considèrent le travail de la Nature dans la composition du muscle plus ou moins ainsi : le muscle devait nécessairement être formé de cette manière, puisque c'est par son aide que les membres et les grands os devaient être mus dans le mouvement volontaire.[sans appel de note] Recherchez-les dans l'ordre d'après la première figure.Nécessité du ligament et du nerf dans un muscle En effet, puisque les deux corps dont il est question dans cet exposé (qui concerne la constitution du muscle), c'est-à-dire le ligament et le nerf à proprement parler, sont semblables, bien que le ligament soit résistant et le nerf souple[140], il faut admirer le savoir-faire du Créateur, qui dans chacune des parties préposées au mouvement volontaire, a utilisé ces deux substances, mais en ne mettant jamais un nerf là où il fallait un ligament, ni un ligament dans la région qui demandait un nerf. En effet il est admis par tout le monde que ce qui est résistant ne convient pas à la sensibilité (parce qu'il ne se laisse pas facilement affecter), et que ce qui est souple ne convient pas au mouvement (parce qu'il manque de force)[141]. Aussi, il n'existe aucune partie mue uniquement par des nerfs ou par des ligaments. En effet, le nerf est sensitif, puisqu'il est souple, mais il a trop peu de force pour mouvoir et bouger un membre entier. Le ligament pourrait certes attacher les membres solidement, sans empêcher leurs mouvements,

×Vésale distingue le mouvement « naturel » (par exemple le pouls artériel) et le mouvement « volontaire » dépendant de notre libre arbitre.
×Le terme de "souple" est ambigu car les ligaments comme les tendons sont souples (dans le sens de "non rigide" comme l'est un os) s'ils ne sont pas tendus par l'effet d'une contraction musculaire ou d'un mouvement articulaire. Le nerf, lui, est toujours souple, mais beaucoup plus qu'un tendon au repos, au sens de plus extensible. Nous traduisons donc l’adjectif durus appliqué au ligament par « résistant » qui paraît plus approprié que « dur ». Le passage se réfère également à Galien, qui distinguait les nerfs durs (moteurs) et les nerfs mous (sensitifs), Utilité des parties, IX, chap. 9-11.
×Les parenthèses sont de Vésale.