Livre II
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sont, en ce qui concerne leur substance nerveuse, plus fines que leur tendon musculaireaa à partir de n, o, q, planche XIV qui s'insère sur le talon [m. calcanéen dit talon d’Achille] ; ou comme si le muscle élevant le bras avait moins de fibres à son début que lorsqu'on les voit réunies près de son insertionbb Comparez A, B, C avec D dans fig. insérée dans la légende de la planche XI [de terminaison]. Il aurait donc fallu d'abord vérifier la chose avant d'en induire une conclusion fausse.Les têtes des muscles dépourvues de chair n'ont pas moins de sensibilité que leur tendon. Ce que les nerfs apportent réellement aux muscles Et voici encore une autre assertion gratuite : le tendon a une sensibilité très précise, dit-on, c'est donc qu'il est composé d'un nerf et d'un ligament. Cela revient à dire que les têtes des muscles, et principalement les têtes ligamenteuses et donc dépourvues de chair, auraient moins de faculté sensitive que les tendons, et courraient moins de risques de convulsions que ces derniers en cas de lésion ; et cela même si le nerf ne se porte pas à l'origine exacte de la tête du muscle, mais qu’il est en contact avec le muscle en le longeant ou qu’il s'insère seulement à une distance considérable de la tête. Pour cette raison et pour beaucoup d'autres, qu'il serait trop long d'énumérer, je suis forcé d'affirmer que la distribution d'un nerf dans les muscles n'est pas différente de celle d'une veine et d'une artère, et qu'un nerf accède au muscle de la même manière qu'une veine ou une artère. Je ne relève qu'une seule différence entre une veine et une artère d'une part et un nerf de l'autre : un nerf ne s'insère jamais près de l'insertion de terminaison d'un muscle, ce que font parfois ces autres vaisseaux, bien que nous ne puissions énumérer qu'un très petit nombre de muscles de ce genre. Ce sont, parmi d'autres, les muscles droitscc Voyez f, a, planche VI de l'abdomen, qui prennent des branches des veines et des artères descendant sous le sternum [veine et artère épigastriques supérieures] et le muscle temporaldd Γ planche III [IV] qui accepte des vaisseaux [veines et artère temporales superficielles supérieures]ee œ dans la fig. du chap. 6, livre III et g dans la fig. du chap. 12 de sa partie inférieure, alors que son origine est située plus haut. Par ailleurs, de même que la veine sert à nourrir le muscle et que l'artère restaure sa chaleur innée, je pense que le nerf lui apporte constamment l'esprit animal, et ne laisse jamais le muscle manquer de cet esprit, tout comme une veine ne laisse pas un muscle sans nourriture.Comment les muscles accomplissent leur office Je pense que le muscle se contracte et se relâche par la force de l'esprit animal et grâce à la structure intrinsèque du muscle, et qu'il accomplit son office de la même manière que l'œil et les autres organes des sens ; tous ont une structure intrinsèque et individuelle et ils accomplissent leur office lorsque l'esprit animal (que le cerveau leur envoie par les nerfs) les imprègne. En effet l'esprit animal n'est pas distribué aux muscles différemment qu'à l'œil, la langue ou l'organe de l'audition. C'est donc à cause de leur structure intrinsèque et de l'esprit qui s'y ajoute, que l'œil voit, que la langue goûte, que l'organe de l'audition entend les sons, et que le muscle gouverne les mouvements volontaires. Et c'est pour cette raison que toutes les parties pénétrées par un nerf ont la faculté de ressentir, sauf si leur substance intrinsèque les en empêche. Une artère ne pénètre pas toujours dans les muscles, parfois elle s'étire seulement à leur surface ou elle y est simplement attachée, parfois elle étend ses rameaux plus profondément dans leur substance ; mais cependant elle modère la chaleur de tous les muscles, aussi bien ceux qu'elle touche à peine que ceux à la surface desquels elle s'attache et ceux dans la substance desquels elle se distribue plus profondément. C'est ce qui arrive aussi pour les nerfs : ils confèrent leur faculté aux muscles, aussi bien ceux qu'ils touchent à peine que ceux à la surface desquels ils s'attachent et ceux dans la substance desquels ils se distribuent dans une série de rameaux. Mais on pourrait encore dire que les nerfs sont plus proches des veines que des artères. En effet il y a moins de muscles dépourvus de veine que de muscles sans insertion ni contact d'artères, bien que j'en aie recensé précédemment un certain nombre qui, comme vous l'observerez, ne sont touchés ni par un nerf ni par une veine, et qui cependant ne sont pas pour autant privés de nourriture et de faculté vitale, ni non plus d'esprit animal.La vraie nature du muscle Donc le muscle est l'instrument du mouvement volontaire, comme l'œil est l’instrument de la vision et la langue celui du goût ; il est constitué par une substance ligamenteuse divisée en plusieurs fibres et par de la chair qui maintient et renforce les fibres ; il reçoit cependant des branches provenant des veines et des artères ainsi que des nerfs, et grâce aux nerfs, le muscle n'est jamais dépourvu d'esprit animal, tant que l'être vivant est en bonne santé.La chair est la substance principale du muscle Cette chair est selon moi le principal instrument du mouvement, et pas seulement un tore[152]ou un étai pour les fibres. De même nous dirons en lieu approprié que la substance intrinsèque de l'encéphale, du cœur, du foie, des poumons, de la rate, des reins et de l'estomac est le principal responsable de leur office.La chair contient aussi de la graisse L'opinion commune a prétendu jusqu'ici que la chair des muscles ou que la chair toute seule ne contient pas de graisse, mais c'est faux comme le prouve la préparation du bœuf gras au sel par les Brabançons[153], préparation dans laquelle la graisse est présente dans les fibres des muscles à travers la chair. Et chez les femmes obèses, les muscles extenseurs de la cuisse semblent si pleins de graisse que l'on doute si la chair est mêlée de graisse ou si la graisse est mêlée de chair. Et je ne parle pas ici de la surface des muscles, mais de leur substance intime, principalement de leur substance charnue qui est la partie essentielle du muscle, comme je l'ai affirmé.Les muscles avec tendons. Les muscles sans tendons. Livre 2 du Mouvement des muscles Les tendons ou « énervations », qui sont dépourvus de chairs, se trouvent seulement dans les muscles qui ont une certaine longueur. En effet les muscles courts en sont dépourvus et sont entièrement charnus, par exemple tous les muscles du larynx, excepté les deux muscles droits [m. crico-arythénoïdiens postérieur et latéral]ff P dans les fig. 6 et 7, chap. 21. R marque les obliques dans les fig. 7 et 8 parmi les quatre joignant le troisième cartilage au premier, qui ont une insertion plus ou moins nerveuse par nature. Ensuite (même si Galien suggère autre chose), parmi les muscles moteurs des os, on compte ceuxgg κ , λ dans planche VI qui fléchissent la première phalange du pouce et celuihh ∫ dans planche XI qui amène le pouce vers l'index. Parmi les grands muscles de ce genre, il y a le muscle carréii Γ dans planche X
k L dans planche VII
qui mène la scapula en arrière et celuik[m. grand dentelé ou serratus antérieur], originaire de la base de la scapula, qui s'insère sur les huit côtes supérieures. Mais nous allons traiter des muscles qui n’ont pas de tendons et de ceux qui ont ce genre de tendons lorsque nous aborderons les différences entre les muscles et nous y consacrerons un chapitre en particulier, afin que le présent chapitre ne s'accroisse pas trop ; après avoir étudié les différences[154], j'ajouterai quelques mots au sujet des fonctions et du nombre de muscles, avant que nous ne commencions la description de chacun des muscles en particulier.

×Cf. page 220.
×La recette du bœuf (plat de côtes) gros sel est toujours en usage à Bruxelles.
×Il faut noter cette chute brutale après un exposé particulièrement répétitif et long, qui occupe plus de six pages.