Livre II
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Chapitre III. Les différences entre les muscles

Comment différencier les muscles Il est très facile de recenser de nombreuses différences[155]entre les muscles à partir de la substance, l'origine, l'insertion, la partie qu'ils mettent en mouvement, la forme, les foramina, la couleur, l'emplacement, l'aspect des fibres, la tête du muscle, le ventre, le tendon, et enfin à partir de la réunion de plusieurs muscles en un seul ou de la division d'un seul muscle en plusieurs.[Différenciation] à partir de la substance, Les différences que l'on recherche à partir de la substance dépendent essentiellement des veines, des artères et des nerfs. En effet vous ne trouverez aucun muscle dans le corps qui ne soit pas formé d'une partie de ligament divisé en fibres, et de chair maintenant et étayant ces fibres. En plus de ces parties [c'est-à-dire ligament et fascia], certains muscles tolèrent aussi la distribution d'un nerf, d'une veine ou d'une artère dans leur corps, par exemple le septum transverseaa Δ dans planche VII [diaphragme], le plus grand muscle de tout le corps, qui sera le cinquième muscle moteur de la cuissebb Σ , Ξ dans planche XII [muscle grand adducteur], tous les muscles de l'abdomen et principalement les musclescc f dans planche VI droits. Dans d'autres, aucun nerf, aucune veine, aucune artère ne s'insère[156] : dans cette catégorie, on compte le muscle [m. long palmaire]dd Π dans planche III qui allonge dans la main un large tendon, ensuite, parmi d'autres très nombreux, le muscle carré qui met le radius en pronationee X dans planche VII
f ζ dans planche VI ; d dans planche VII
[m. carré pronateur], et les muscles finsf[m. fléchisseurs profonds des doigts] qui mènent les doigts vers le pouce. Un nerf unique [nerf tibial] se distribue par plusieurs branches dans les têtes des muscles qui sont originaires de la base des têtes fémorales et qui vont au talongg Φ , Ψ , ω dans planche XII : aucune veine, aucune artère ne s'insère profondément dans la substance de ces muscles. Le large muscle dans le cou [platysma]hh Γ dans planche III qui met les joues en mouvement, est abondamment pourvu de veines et de nerfs, mais dépourvu d'artère. Mais on ne trouve aucun muscle qui n'ait qu'une seule artère. Par ailleurs, la graisse qui accompagne parfois les fibres musculaires distribuées à travers la chair, comme nous l'avons dit, ne se rencontre pas chez les personnes maigres. Mais chez les sujets obèses, elle se trouve surtout dans les musclesii Π dans planche IX ; Σ dans planches X et XI qui couvrent l'ilium et dans les fesses, formant pour ainsi dire un coussin quand ils s'assoient.[Différenciation] par l'origine, Les muscles diffèrent encore plus par leur origine ; en effet, même si Galien affirme plus d'une fois le contraire, ils n'empruntent pas tous leur origine à un os, mais certains tirent leur origine d'un ligament de l'os, par exemple les muscleskk Il sont visibles à leur emplacement, sans qu'il soit nécessaire de les indexer qui descendent du fémur et de l'os coxal dans la jambe, et beaucoup d'autres. D'autres ont leur origine à partir d'un cartilage, par exemple tous les muscles du larynx, que nous désignerons comme les muscles intrinsèques du larynx, et les muscles intercostauxll X dans la planche VI dans les interstices entre les cartilages des côtes. D'autres sortent d'une membrane, par exemple tous les muscles de l'œilmm voir fig. 1 et 2, chap. 11 [muscles de l’orbite], issus de la dure membrane qui entoure le nerf optique, ensuite les deux muscles entourant l'œsophage et insérés sur les bords du cartilagenn I dans les fig. 2, 3, 5, chap. 21 thyroïde[157], dont le début provient de la tunique externe de l'œsophage. On peut dire la même chose du muscle circulaire de l'anus [muscle sphincter externe de l'anus] et de celuioo M dans les fig. 1 et 2, chap. 49 ; N dans la fig. 4 du col de la vessie. D'autres sortent d'une membrane recouvrant des tendons, par exemple les quatre muscles fins [m. fléchisseurs profonds des doigts]pp ζ dans planche VI ; d dans planche VII qui inclinent les doigts de la main vers le pouce. D'autres tirent leur origine d'un ligament quelconque ; à cette catégorie appartiennent les deux muscles fléchisseursqq κ , λ dans planche VI de la première phalange du pouce, originaires du ligament transverse [retinaculum des muscles fléchisseurs]rr Θ dans planche IV qui envoie des tendons dans la partie interne du poignet. Tels sont aussi les musclesss Ω dans planche VI logés dans la région dorsale du pied qui conduisent les orteils latéralement : ils sont issus des ligaments qui relient le tibia au talus, le talus au calcanéum et à l'os naviculaire, et le calcanéum à l'os cuboïde. D'autres apparaissent comme issus d'un autre muscle, par exemple ceuxtt H, I dans les fig. 1 et 2 qui proviennent du muscle circulaire de l'anus et qui, semblables à deux doigts, enserrent le méat urinaire, à l'endroit où il commence sous les corps du pénis. D'autres n'ont pas de début, mais sont des parties membraneuses qui à un certain endroit deviennent charnues et musculeuses ou deviennent des muscles. À cette catégorie appartiennent tous les musclesuu A et aussi Γ dans planche III constitués d’une membrane charnue dans le cou et dans la face des hommes, ensuite le muscle du testicule [m. cremaster]xx Ψ dans la fig. 22, livre V dont le début est comme une ligne plus charnue dans l'enveloppe rouge des vaisseaux séminaux [spermatiques] des testicules. Nous devrons aussi admettre que l'origine du septum transverse [diaphragme] provient des parties du péritoine et de la tunique recouvrant les côtes qui sont attachées à son centre, à moins de dire que l'origine de ce muscle est son insertion sur les côtes, contrairement à l'explication de tous les autres muscles. Par ailleurs, tous les muscles ne tirent pas leur origine d'une seule partie, beaucoup sont originaires de plusieurs os. Par exemple plusieurs vertèbres fournissent leur origine aux muscles moteurs du rachis. De même le muscle abdominal descendant obliquement [m. oblique externe de l'abdomen]yy Θ dans la planche III provient de plusieurs côtes ; celui qui amène le bras sur la poitrine [m. grand pectoral]aa Δ dans la planche III provient de l'os de la poitrine [sternum] et des cartilages de quelques côtes et enfin de la clavicule même, et celui qui élève le bras [m. deltoïde]bb Ξ dans la planche IV ; Δ dans la planche X provient de la scapula et de la clavicule également. De même les muscles droits de l'abdomencc Δ dans la planche V
d ϛ dans les figures intégrales, livre I
proviennent du cartilage intermédiaired entre les os du pubis et des os eux-mêmes. Ainsi, on pourrait dire avec raison que si certains muscles sont originaires de plusieurs os, d'autres le sont d'un os et d'un cartilage. D'autres proviennent de plusieurs processus d'un même os, comme le premier muscle fléchisseur de l'avant-brasee Θ dans planche VI [m. biceps brachial][158], qui sort de la partie supérieure du col de la scapula et de son processus interne que nous avons comparé à une ancre [processus coracoïde].[Différenciation] par l'insertion, [En différenciant les muscles] par l'insertion, on peut dire que certains s'insèrent sur un os, tels les muscles moteurs de la cuisse, de la jambe et de la tête, d'autres sur un cartilage, par exemple

×On notera le très grand parallélisme avec le chapitre correspondant au livre I : même structure générale et même présentation des caractères individuels.
×Auto correction de Vésale en 1555 : aucun nerf artère veine (qui soit visible) ne s’insère.
×Littéralement : en forme de bouclier.
×Ce muscle est désigné comme le muscle antérieur dans la planche VI, item Θ.