Livre II
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sous prétexte qu'ils laissent passer des veines, des nerfs et des artères vers les muscles couvrant les côtes. Mais alors on pourrait aussi dire que les musclesqq Θ , planche V ; Θ , planche XIV qui présentent des tendons à la deuxième phalange des doigts et des orteils en vue de leur flexion, sont également perforés, puisque ces tendons sont dédoublés par une longue scissure qui permet au tendon placé par dessous de passer par dessus ceux-là en direction de la troisième phalange.[Différenciation] par la dimension, Les muscles sont également différents par leurs dimensions. Certains consistent en une très grande masse, par exemple le plus grand muscle du corps [m. grand adducteur]rr Ξ , Π , Σ , planche XIII inséré sur presque toute la longueur du fémur, qui sera compté comme le cinquième muscle moteur de la cuisse. Ensuite le premier muscle moteur de la cuisse [m. grand fessier]ss Π , planche IX est également un grand muscle, ainsi que quelques muscles moteurs de la jambe, principalement le septième [m. vaste latéral du quadriceps]tt Λ , planche V
u Π , planche VI
et le huitièmeu[m. vaste intermédiaire du quadriceps], ainsi que le quatrième muscle moteur du piedxx Ψ , planche XIII [m. soléaire ou m. soleus], originaire de la fibula. Les plus petits musclesyy V dans les fig. 6, 7, 8, chap. 21 sont ceux placés à la base du troisième cartilage du larynx, ceux qui relient le premier cartilage au second, ensuite presque tous les muscles intrinsèques du larynx et ceux du pénis. Les autres ont des dimensions intermédiaires entre ces extrêmes, certains assez grands, d'autres assez petits.[Différenciation] par la couleur, Tous les muscles ont à peu de chose près la même couleur ; aux endroits où ils sont dépourvus de chair, essentiellement à leurs débuts et dans leurs « énervations »[174], ils sont blancs comme des corps nerveux, mais aux endroits où ils sont charnus, ils sont rouges comme la chair à laquelle se mêlent des fibres nerveuses. Mais dans la partie où ils sont rouges, ils sont quelquefois aussi d'une blancheur éclatante ; cela arrive pour les muscles qui semblent produire un tendon au milieu de leur ventre avant que la chair ne se termine. Tel est le muscle, issu de la fibula, qui pénètre dans la plante du pied par son tendon entre la fibula et le talon, et qui s'insère sur l'os du métatarse proximal de l'hallux ; il sera compté comme le septième muscleaa Φ , planche VI moteur du pied [m. vaste latéral du quadriceps]. Il y a plusieurs muscles de ce genre dans la jambe comme dans l'avant-bras, d'autres montrent quelque chose de semblable dans leur insertion. Le muscle qui porte le bras vers le haut [m. deltoïde]bb Ξ , planche IV est d'une blancheur éclatante près de son insertion sur sa face interne en regard de l'os, mais il est plus rouge sur sa face externe. D'autres muscles apparaissent partiellement livides ou couleur de plomb, par exemple le plus grand muscle du molletcc Ψ , planche XIII qui sera compté comme le quatrième muscle moteur du pied [m. soléaire ou m. soleus], ensuite plusieurs muscles issus de l'ilium, et principalement celui qui recouvre l'articulation, qui sera le troisième muscledd Σ , planche XI moteur de la cuisse [m. petit fessier], et quelques musclesee dans l'ordre Λ , Π , 4, 5, planche V moteurs de la jambe, principalement le septième et le huitième, à l'endroit où le neuvième les recouvre. Cette lividité des muscles est due à la spécificité de leur membrane, qui est parfois si épaisse qu'elle n'est plus transparente ; et comme elle devient épaisse et nerveuse, et que la chair par-dessous est rouge, ou plutôt tire sur le noir, sa couleur est donc intermédiaire entre le noir et le blanc. Toutefois la couleur rouge de la chair n'est pas la même chez tous les hommes car la nature du sang qui nourrit la chair n'est pas la même chez tous. En outre dans la suite de l'exposé nous appellerons la substance blanche du muscle dépourvue de chair la « substance nerveuse », comme si nous disions de la nature du ligament, en la distinguant par ce terme de la substance charnue [rouge] ; mais la substance intermédiaire entre elles, nous l'appellerons à juste titre la « substance livide ».[Différenciation] par la position, Tous les muscles n'ont pas la même position : certains se trouvent près de la surface du corps et s'étendent sous la peau : ce sont tous ceux constitués par une membrane charnue et d'autres, très nombreux, que je compterai généralement comme les premiers des muscles moteurs des articulations. D'autres sont profondément dissimulés, par exemple le muscleff Γ , planche XIV dissimulé dans le mollet [m. poplité], les muscles adjacents aux foramina des os du pubisgg F,G , planche XVI ; Ψ , planche VIII
h A, B, planche VI [VIII]
et ceuxh dissimulés sous l'œsophage. D'autres encore sont placés tout le long d'un membre, par exemple tous ceux logés dans la jambe, sauf celui qui se dissimule dans le mollet et qui réclame un emplacement en oblique pour lui seul, et aussi ceux qui s'insèrent sur environ la moitié de la longueur du radius [m. rond pronateur]ii Q, planche VII ; m, planche XI et qui servent exclusivement aux mouvements du radius. Un autre musclekk X, planche VII placé près du poignet et mettant le radius en pronation, est placé transversalement [m. carré pronateur]. Les muscles abdominaux montrent très bien la diversité des positions des muscles, ou plus exactement la direction de leurs fibres, puisque certainsll Θ , planche III se portent obliquement en avant [m. obliques externes], en bas [m. obliques internes], en haut [m. oblique externe], d'autresmm Π , planche IV verticalement en haut [m. droit de l'abdomen], d'autresnn Δ , planche V
o Δ , planche VI
encore en cercle ou transversalemento[m. transverse de l'abdomen].[Différenciation] par l'espèce de fibres, Presque tous les muscles n'ont qu'une unique espèce de fibres. À part le fait que nous attribuerons deux espèces de fibres au muscle amenant le bras sur la poitrine [m. grand pectoral]pp Δ , planches III et IV
q Γ , Δ , planche IX
et au deuxième muscle moteur de la scapulaq[m. trapèze], et un ensemble encore plus complexe de fibres aux musclesrr Γ , planche III ; M, N, planche IV des joues et des lèvres, nous n'assignerons aux autres muscles qu'une unique espèce de fibres correspondant majoritairement à la forme et à la direction du muscle. Les muscles qui nous ont semblé être des exceptions sont les suivants. Le muscle amenant le bras sur la poitrine [m. grand pectoral] a des fibres s'étirant vers le bas et en-dehors à partir des fibres de sa partie supérieure, et d'autres s'étendant vers le haut et en-dehors, à partir du bas. Le deuxième muscle moteur de la scapula [m. trapèze] a certaines fibres descendant en avant ou en arrière à partir des fibres supérieures, et d'autres montant de la même manière en avant ou en arrière à partir des fibres inférieures. Donc, ces deux muscles ont deux espèces de fibres : dans celui par lequel nous amenons le bras sur la poitrine, les fibres se croisent à la façon d'un X, c'est-à-dire qu'elles forment une croix à l'endroit proximal de son insertion. Mais les fibres ne s'entrecroisent pas dans le muscle qui sera compté comme le deuxième muscle moteur de la scapula. Si parmi les muscles moteurs des lèvres nous examinons ceux qui sont originaires de la mandibule et des joues, nous verrons parfaitement la complexité et la diversité des fibres près de leur insertion. Nous voyons que le grand muscle constitué par la membrane charnue a des fibres droites, obliques et transversales,

×Cf. note 143. Entre l'origine et l'insertion de terminaison, les parties constituant le muscle ne sont pas toujours distinctes les unes des autres ; enervatio est ici synonyme de tendon ou de ligament.