Livre II
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que l'on voit sous l'épine de la scapula s'étendent en-dehors et en haut, mais il n'y a aucune intersection en forme de croix entre elles. De même le muscle qui élève le bras [m. deltoïde]cc Δ planches IV et X et dans la figure insérée dans l'index de planche XI est un seul muscle du fait de sa continuité, cependant il semble que parmi les plus éminents Anatomistes, il n'en ait pas manqué pour dire qu'il est fait de deux muscles, l'un originaire de la clavicule, l'autre de la scapula, parce qu'ils considéraient ses mouvements et non sa continuité. À ces muscles on peut ajouter, parmi beaucoup d'autres, tous ceuxdd Π planche IX ; Σ planches X et XI ; Λ planche VIII qui servent aux mouvements de la cuisse, dont la figure est plus ou moins triangulaire, sans qu'il y ait pour autant de signe de discontinuité ou de rupture de continuité, mais qui allongent leurs fibres pour ainsi dire de la base vers la pointe, et ne les envoient donc pas toutes dans la même direction. Pour d'autres la variété d’orientation des fibres définit quatre muscles intercostauxee V, X planche VI ; et E, E dans la partie interne du thorax gisant sur le sol planche VIII dans les interstices entre les vraies côtes, à cause de la diversité de la disposition de ces fibres entre les os et les cartilages des côtes ; cependant la continuité est conservée, ce qui explique que d’autres ne recensent que deux muscles dans tout l'interstice. Beaucoup de muscles moteurs du rachisff A, B planche VIII, O planche XIV montrent qu'on peut assigner un nombre variable aux muscles, puisque, en s'appuyant sur la continuité, l'un dira qu'il y a un seul muscle de chaque côté de l'œsophage, tandis qu'un autre examinera attentivement les fibres du point de vue de leur origine et de leur insertion et comptera autant de muscles que d'os d'où le muscle est issu et sur lesquels il s'insère.[Pour d'autres, ce nombre dépend] des lignes, Un autre sera attentif non pas aux os, mais aux « impressions » et aux lignes peu marquées, et il comptera autant de muscles qu'il aura vu d'impressions. Cela arrive très fréquemment pour la seconde paire de musclesgg A, B, C, D, E, F planche XIII moteurs de la tête, originaire de plusieurs os[190]et montrant un grand nombre de fibres ; en plus, chez l'homme, cette paire peut esquisser l'image de muscles individuels de façon si diverse que certains ne considèrent pas qu'elle est constituée de deux muscles mais d'un plus grand nombre de muscles, sans néanmoins s’accorder sur ce nombre pluriel.[Pour d'autres, ce nombre dépend] des têtes, Par ailleurs, les têtes des muscles perturbent aussi le compte. Je suis certain que plusieurs éminents Anatomistes ont compté le muscle originaire du sternum et de la clavicule et inséré ensuite sur le processus mastoïde de la têtehh Θ planche IV comme étant deux muscles : car ils ont considéré que la partie du début issue du sternum est quelque peu séparée de celle qui s'avance depuis la clavicule, et que l'une est un tout petit peu plus nerveuse que l'autre, même si sur le reste de sa direction, le muscle ne se divise nullement et qu'il n'a pas de substances fibreuses différentes. Il est absolument certain que le même raisonnement a conduit un grand nombre d'anatomistes à décréter que le premier et le second des muscles moteurs du piedii Φ planche XII, et aussi Ψ , ϖ et ρ originaires des bases des têtes du fémur, sont chacun deux muscles, parce qu’une portion de leur origine est nerveuse et que l'autre est charnue, comme aussi dans les muscles droitskk Δ planche V, et aussi n, o de l'abdomen. D'autres en revanche n'ont pas fait cas de cette diversité d'origines au point d’accroître le nombre de muscles et ont compté chacun de ces muscles pour un seul. C’est ce qui finalement a prévalu dans l’usage pour le muscle antérieur fléchisseur de l'avant-bras [m. biceps brachial]ll Θ planche VI, et aussi m, n, o que personne, que je sache, n'a considéré comme deux muscles, même s'il a deux têtes distinctes et beaucoup plus séparées que celles du muscle qui vient d'être décrit. D'autre part, quand des muscles se réunissent en un seul ventre qui produit un unique tendon, ceux qui ne prennent que les têtes en considération ne sont pas tous du même avis. Il semble cependant qu’ils se soient mis d’accord pour appeler un muscle unique celui dont les têtes se dirigent dans un seul ventre, comme dans les muscles déjà cités, et pour considérer qu'il y a plusieurs muscles quand ils ne sont pas unifiés au regard des ventres, même s'ils se réunissent ensuite en un seul tendon. Cela a été très exactement observé dans les musclesmm n, o, q planche XIV du mollet, puisque les anatomistes veulent que les muscles qui forment le tendon très solide du talon [tendon calcanéen] soient aussi nombreux que leurs ventres, qui sont trois : deux proviennent du fémur–d'autres les comptent pour quatre, comme je l'ai dit-, et le troisième, qui est de couleur livide, est le quatrième des muscles moteurs du pied. Même remarque à propos des très grands musclesnn Λ , Π et 5, planche V extenseurs de la jambe, soit le septième, le huitième et le neuvième des muscles moteurs de la jambe [m. quadriceps fémoral] : bien qu'ils produisent ensemble un seul tendon inséré sur le tibia, ils sont comptés comme plusieurs muscles, puisqu'ils ne sont pas continus par les ventres.[Pour d'autres, ce nombre dépend] des tendons, En ce qui concerne les tendons, tous s'accordent pour compter comme un seul muscle celui qui est issu d'une seule tête et qui produit un seul tendon, même si ce dernier se divise ensuite, comme dans le muscleoo Ξ planche XIV qui fléchit les troisièmes phalanges des quatre orteils [m. long fléchisseur des orteils]. Ainsi, un muscle n’ayant qu’une seule tête et se séparant, pendant qu'il est encore charnu, en plusieurs tendons, responsables du même mouvement, doit être compris comme un seul muscle, comme le musclepp Θ planche V fléchisseur de la deuxième phalange des quatre doigts, et celui qui fléchit les troisièmes phalangesqq Ξ planche VI en-dedans, et que nous allons différencier, au lieu approprié, de celuirr η planche VI qui fléchit la troisième phalange du pouce ; car ce dernier est bien distinct du précédent, et s'il semble continu avec le précédent, c’est à peine visible, et encore tout au début de son origine. En plus des rares autres muscles inclus dans la catégorie des muscles déjà mentionnés, il faut compter celuiss Z planche IX qui étend indubitablement l'index, le médius et l'annulaire. Mais si les tendons s'insèrent sur des os différents, ceux qui ont la maîtrise de la dissection comptent le muscle qui produit ces tendons comme plusieurs muscles. Beaucoup ont donc compté comme deux muscles celuitt Ξ planches X et XI qui envoie deux tendons au pouce et un tendon à l'os du carpe en regard du pouce, même si tous ces tendons servent à des mouvements d'éversion[191], respectivement du pouce et du carpe.Quelque chose de semblable

×Les items de la treizième planche montrent que Vésale rattache ces muscles au muscle long de la tête.
×Vésale utilise le terme eversio, au sens de tourner vers l'extérieur ou latéralement.