Livre II
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se voit encore mieuxuu Ψ , Ω planche IV à l’avant de la jambe, environ à la moitié : du muscle extenseur des quatre orteils [m. long extenseur des quatre orteils] sort un muscle charnu [m. troisième fibulaire] qui s'insère sur l'os du métatarse en regard du petit orteil et qui aide à relever le pied vers l'intérieur alors que les tendons des orteils étendent ces derniers. Aussi l'un croira devoir compter ici deux muscles, l'autre un seul, selon que ce dernier prendra en compte la continuité de l'origine, et le premier les différents tendons, leur insertion sur différents os et leurs différentes fonctions.[Pour d'autres, ce nombre dépend] de leur connexion mutuelle, La connexion mutuelle des muscles n'engendre pas moins d'obscurité dans le calcul de leur nombre. Par exemple, les musclesxx S, T planche IV issus du haut du sternum et insérés sur l'os hyoïde [m. sterno-hyoïdiens], sont tellement attachés les uns aux autres par leurs bords internes [médiaux] que l'un dira qu'il y a deux muscles, tandis qu’un autre dira, tout aussi logiquement, qu’il n’y a qu’un seul muscle. Cela est aussi montré par les muscles issus du muscle circulaire de l'anus qui entourent comme deux doigts le méat urinaire dès qu'il commence à s'étendreyy H, I dans les fig. 1 et 2, chap. 49 sous les corps du pénis.[Pour d'autres, ce nombre dépend] de l'union entre muscles La réunion de muscles rend leur compte encore plus difficile. Le meilleur exemple dans cette catégorie est donné par le vigoureux muscle [m. biceps fémoral] issu de l'appendice de l'os coxal qui se dirige en bas, devient nerveux à peu près à la moitié du fémur [chef long du m. biceps fémoral] et s'unit avec une autre portion, charnue, qui reçoit son début du fémuraa Ψ planche X ; ϖ , ρ planche XI [chef court du m. biceps fémoral]. Et les deux portions, celle qui provient de l'os coxal et celle que nous attribuons au fémur, forment ensemble un unique tendon qui s'insère fermement sur la partie supérieure de la fibula, de telle sorte que rien n'interdirait de le compter pour un muscle ou pour deux, du moment que l'on ne dévie pas de sa vraie description. Ce muscle sera compté comme le quatrième muscle moteur du tibia, dont la conformation est très différente chez l'homme et chez le singe. En effet le muscle du singe ne s’associe à aucun élément provenant du fémur, mais c'est un muscle unique, fort et large, que Galien appelle toujours Latus, « un large muscle»[192]pour cette raison. En conséquence, j’établirai toujours le nombre de muscles avec la plus scrupuleuse attention tout au long de mon exposé. Mais il est temps d'aborder les muscles un par un, pour ne pas paraître m'arrêter trop longtemps dans une explication générale. Mais pour que le discours suivant ne donne pas lieu à quelque obscurité, principalement lorsque je traiterai en détail les muscles moteurs de la peau et toutes les fois où je serai amené à mentionner la membrane charnue, je vais commencer par décrire la nature de la peau et de sa membrane.

Chapitre V. La peau, la cuticule et la membrane sous cutanée sur l'ensemble du corps, ainsi que la graisse placée entre la peau et la membrane charnue

Les parties qui seront décrites dans ce chapitre ne sont dessinées que sur la vingtième figure du cinquième livre, aux lettres r, ʃ et t, et sur la vingt-cinquième figure du même livre, à côté du sein droit. Mais ces parties sont telles que chacun peut les connaître, sans illustration, pourvu qu'il ait fait une dissection lui-même ou qu'il ait assisté un anatomiste.

La nature de la peau La peau, comme un tégument inné, recouvre entièrement toutes les parties d'un corps, non seulement toutes les parties du corps humain, mais toute substance que nous savons assujettie à la génération et à la corruption. Elle est intermédiaire entre dureté et souplesse.La substance de la peau En effet la peau ressemble à un tendon nourri de sang, et elle apparaît clairement comme intermédiaire entre le tendon et la chair [muscle], comme si elle était constituée d'un mélange des deux. Le tendon n'a pas de sang et est froid, la chair contient beaucoup de sang et est chaude. La peau se situe entre les deux, pas tout à fait dépourvue de sang, comme le tendon, mais ne contenant pas beaucoup de sang, comme le fait la chair.Comment différencier la peau, La peau de l'homme, appelée par Hérophile « [peau] humaine »[193], ressemble à celle du dos des bœufs et des chevaux, dont on tire le cuir, elle adhère et est attachée à toutes les parties sous cutanées de différentes façons.par ses attaches, Dans la paume des mains et dans la plante des pieds, elle est attachée aux parties sous cutanées d’une façon, à la substance musculeuse dans le front d’une autre façon, encore autrement aux lèvres, aux paupières, aux oreilles, au nez, à l'anus et aux parties génitales, encore différemment aux parties sous cutanées dans l'ensemble du corps ; et dans la dissection, elle est détachée de ces parties par différents moyens.en fonction du nombre de nerfs, La distribution des nerfs n'est pas la même dans toutes les régions du corps, aussi la peau n'a pas non plus la même épaisseur partout. En effet, un grand nombre de fibres nerveuses s’étendent dans la peau de la paume, mais très peu dans la peau du vertex.par le degré de souplesse, La peau de la face est souple et fine, alors que celle du vertex et de la plante des pieds est dure. La peau qui recouvre la paume de la main (à moins d'être calleuse par le travail) est, par rapport à la dureté et à la souplesse, intermédiaire entre le reste de la peau et tout autre corps, qui serait le plus près possible d'un équilibre entre la consistance et le poids. Dans tous les cas, la peau de l'homme est, en proportion de ses dimensions dans le corps, plus fine que celle des quadrupèdes vivants[194], bien que, chez l'homme, elle soit aussi plus épaisse au vertex, dans le dos, dans le membre inférieur et la plante du pied, mais de façon inégale.par le mouvement, Certaines parties de la peau sont immobiles et résistent au mouvement, comme la peau de la paume et de la plante [du pied], d'autres sont mobiles mais ne sont mues par aucun mouvement volontaire,

×Cf. Galien, Procédures anatomiques (de Anatomicis administrationibus II : ὁ πλατὺς μὺς, « le large muscle »).
×Référence corrigée dans l'édition de 1555 par le nom d'Hérodote, Histoires V, 25.
×Cf. Aristote, Génération des animaux 785b.