Livre II
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puis attirez les muscles vers l’avant en dirigeant leurs têtes depuis le nerf encore attaché jusqu'à leur insertion (qui se trouve à proximité de l'iris). Mais la première méthode sera plus facile et plus commode. Néanmoins, dans les deux procédures, il faut toujours être attentif à l'emplacement de l'œil : cela vous sera indiqué par la caronculedd λ dans la planche [fig.] 19, chap. 14, livre VII qui occupe le grand angle [canthus médial] chez l'homme, et qui (comme on le croit) empêche la pituite de s'écouler sur les joues. Cette caroncule est toujours en regard du grand angle (il suffit pour cela de prendre l'œil droit ou l'œil gauche dans la main) ce qui vous indiquera immédiatement les autres parties de l'œil. Il est utile de très bien connaître les parties de l'œil à cause des muscles obliques. Si vous préférez, ne tenez pas compte de la caroncule, mais coupez la membrane charnue avec un rasoir à un point quelconque, avant d'enlever l'œil du crâne : à partir de là, vous pourrez toujours établir les parties de l'œil.

Chapitre XIII. Les muscles des joues, des lèvres et des ailes du nez

Dans le Livre précédent, nous avons écrit que les deux os du nezaa Ξ , Ξ dans la fig. 1, chap. 9, livre I
b K dans la planche IV
se terminent en deux cartilagesb et qu'à l'extrémité de ceux-ci sur leurs côtés s'attachent encore deux autres cartilagescc L dans la planche IV mous et larges (que l'on nomme « ailes »). Maintenant nous allons poursuivre avec la description des muscles moteurs des ailes, et des muscles des joues et des lèvres. Lorsque nous parlons des mouvements des joues et des lèvres, nous comprenons ceux que nous faisons quand la mandibule reste immobile ; car il y a certains muscles qui donnent le mouvement volontaire à la mandibule, d'autres à la bouche et aux lèvres.Premier muscle de chaque côté [du corps] ou premier et deuxième de la totalité des muscles Le premier muscle symétriquedd Γ dans la planche III des muscles, circonscrit par H,I,O,N,K,M moteur des joues et des lèvres est membraneux et très ample [platysma][246]. Il est originaire des régions des épines de toutes les vertèbres cervicales, de régions des scapulae, des clavicules et du sternum, et s'étend jusqu'au milieu de la face. Il n’est rien d'autre qu'une membrane (que nous appelons à juste titre « membrane charnue ») augmentée de fibres charnues ; en effet sur toute la surface que nous avons mentionnée, cette membrane est musculeuse et charnue. Mais ces fibres charnues ne sont pas originaires d'un os (comme d'autres Anatomistes s'y sont laissés tromper) etLivre 4 des Procédures anatomiques quiconque dira que ce muscle demande son origine à un os ne dira pas la vérité. Car ce muscle n'est pas constitué d'autre chose que de fibres charnues s'étendant dans la membrane susdite, accompagnées par de multiples rameaux nerveux qui proviennent des corps sous jacents à la membrane et qui la parcourent ; ils attachent la membrane à ces corps sous jacents plus fermement qu'elle n'est soutenue par les muscles qui la recouvrent dans tout le reste du corps. D'abord, ces rameaux nerveux courent dans la membrane, tout le long du cou ou depuis le thorax jusqu'à l'occiput dans la région où se trouvent les épines des vertèbres cervicales. Ensuite, longeant les épines des scapulae, les acromia, les clavicules et le haut du sternum, de petits nerfs, qui ressemblent à des fils extrêmement fins, s'étendent à partir des muscles sous jacents. Tous ces petits nerfs se retournent et courent en suivant la direction (qui est très variable) des fibres charnues. Certaines fibres [du platysma] proviennent de la région du sternumee De K à L, planche III et de la région moyenne des clavicules en regard du haut du sternum et s’étendent verticalement vers la face le long du cou. Cellesff De L à O, planche III qui commencent à partir de la surface restante des clavicules, de l'acromion et de la région des scapulae, en direction de l'épine cervicale, montent obliquement et apparaissent d'autant plus obliques qu'elles se rapprochent de l'épine cervicale. Car toutes les fibres qui proviennent des régions des épines des vertèbres cervicales, en même temps que les rameauxgg Cette série de nerfs est montrée dans la fig. 3, chap. 11, livre IV des nerfs de cette partie, ont une direction transversale, et ceci d'autant plus que le muscle est plus proche de l'occiput. La direction de telles fibres est bien visible dans le cou, sans intersection de fibres, de même qu'il n'y en a pas à la pointe du menton ni dans la région de la mandibule près de l'oreille. Mais à la commissure des lèvres, les fibreshh H, M, dans la planche III sont tellement emmêlées qu'il est très difficile ou même impossible de distinguer des fibres verticales, obliques ou transverses, surtout le long de la lèvre inférieure. En effet, aux commissures de la lèvre supérieure, les fibres se dirigent seulement vers les ailes du nez. Ainsi, l'origine postérieure de ce muscle [platysma] provient entièrement de la région de l'épine cervicale, il se porte ensuite le long de la base de l'os occipital, puis sous l'oreille, dont il touche la baseii De O à H dans la planche III sur son passage.Quelques hommes peuvent bouger leurs oreilles Ce muscle monte parfois si haut qu'avec son aide certains hommes peuvent bouger les oreilles (et ce ne sont ni des abrutis, ni des ânes) ; ainsi parmi quelques autres ici à Padoue, on peut voir cela chez Claude Symion de Fréjus[247], un docteur en droit, d'un esprit plaisant, non moins érudit qu'élégant, et chez Pierre Ravascher de Gênes[248], qui n'est pas moins audacieux que courageux et actif. Ce muscle qui s'étend de l'oreille à la face

×Muscle peaucier du cou, aussi nommé platysma, cf. Epitome, éd. Vons-Velut, Paris, Les Belles Lettres, 2008, p. 121 note 39 : Le nom de platysma (signifiant « plaque » en grec) a été donné à cet ensemble de fibres musculaires par Galien, Utilité des parties XI, 16 et L'anatomie des muscles I, 6 (éd. Garofalo-Debru), Paris, Les Belles Lettres, 2005, p. 121. Il y incluait des muscles que Vésale décrit séparément, en particulier le buccinateur.
×Selon Garrison, op. cit. I, p. 493, note 9, Claude Symion de Fréjus serait un docteur en droit, de noble naissance, étudiant à Padoue, également cité au chapitre XIV du livre V de la Fabrique. Son rôle est ici anecdotique pour illustrer la contraction volontaire des muscles auriculaires postérieur, inférieur et supérieur chez certains individus.
×Pierre Ravascher de Gênes : inconnu.