Livre II
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sont clairs et évidents, du moins avant qu'ils ne se mêlent aux commissures des lèvres ; dès qu’ils les ont atteintes, ils se fondent complètement avec la substance des lèvres et en deviennent inséparables.La structure des lèvres ; les quatre muscles intrinsèques des lèvres, ou la troisième et quatrième paires, ou le 5e, le 6e, le 7eet le 8e muscle Les lèvres de l'homme sont tout entières formées de la peau des lèvres ainsi que de la tunique tapissant la cavité buccale mêlée à toute la structure musculeuse, et de muscles qui sont pour ainsi dire « corrompus » à cet endroit avec une substance spongieuseyy G, planche V que nous expliquerons ensuite. Il y a donc quatre muscles, puisqu'il fallait quatre débuts de mouvements pour les lèvres, deux de chaque côté, et leur taille doit convenir aux organes qu'ils doivent mouvoir. Les deux premiersaa G, H, planche III sont communs à la lèvre supérieure, ils sont symétriques, et leur début charnu est issu de l'os du maxillaire, là où se trouve la joue ; ils se portent obliquement en avant et en bas, jusqu'à ce qu'ils s'insèrent sur la commissure des lèvres. On observe également un muscle symétriquebb N, planche IV situé plus bas à la commissure des lèvres, plus large que le muscle supérieur, mais plus court. Son début est également charnu, il s'étend pour ainsi dire de la partie inférieure de la mandibule vers les côtés latéraux du menton, de là obliquement en avant et en haut, et, tout en restant large, il s'insère sur le milieu de la lèvre[251]. Ces quatre muscles sont donc larges et ont plus ou moins un double début, pour ce qui est de leurs fibres ; en effet celles-ci se croisent en forme de X près de leur insertion, comme nous l'avons remarqué, et se mêlent à la peau des lèvres. Avec ces quatre muscles, nous accomplissons au minimum douze mouvements : quatre mouvements obliques- deux dans chaque lèvre-, huit autres mouvements verticaux-quatre par lèvre. Deux mouvements sont absolument verticaux quand les lèvres sont très distantes l'une de l'autre : l'une est dirigée vers le nez par les deux muscles ascendants, et l'autre vers le bas en direction du menton quand les deux muscles inférieurs travaillent. Quand les lèvres se rapprochent l'une de l'autre et se rejoignent, l’une est mue vers le bas à partir de la position supérieure, l’autre vers le haut à partir de son emplacement inférieur. En outre, les fibres internes de ces muscles tournent les lèvres vers le dedans et les plissent, tandis que les fibres externes les poussent vers l'extérieur ; ainsi il y a deux autres mouvements verticaux dans chacune des lèvres, qui ne sont pas entièrement obliques mais sont considérés comme quasiment obliques. Mais les quatre [vrais] mouvements obliques ne se réalisent qu'avec un seul muscle au travail, l'autre étant au repos. En effet, si le muscle [du côté] droit de la lèvre supérieure se contracte alors que celui [du côté] gauche est relâché, la partie droite de la lèvre est portée vers le haut par un mouvement oblique, et la partie gauche penche vers le bas ; les trois autres muscles obliques sont sollicités de la même manière dans le mouvement des lèvres.Les muscles des ailes du nez, soit la cinquième paire ou le 9e et le 10e muscles Pour que la lèvre supérieure ait un mouvement plus ample et qu’elle ait des muscles dans toute sa substance, une des portions du musclecc F, planche III
d L, planche IV
qui donne aux ailes du nezd un mouvement en-dehors et en haut lui vient en aide. En effet, à côté du muscle élévateur appartenant à la lèvre supérieure, se trouve un autre muscle [muscle élévateur commun de la lèvre supérieure et de l'aile du nez]ee G, planche III originaire des joues ; il est charnu, mais fin et membraneux ; il descend légèrement vers l'avant et se divise en deux portions, dont l'une s'insère sur la racine de l'aile du nez, l'autre sur la partie de la lèvre supérieure que les Latins appellent mustax et les Grecs hypene (« moustache »). La partie qui va à l'aile du nez la meut en-dehors et vers le haut, celle qui appartient en propre à la lèvre l'élève également, et la connexion de cette partie avec la partie de l'aile du nez est si forte que l'on ne pourrait pas relever la lèvre supérieure en gardant l'aile du nez immobile.La sixième paire de muscles, ou le 11e et le 12e En plus de ce muscle de l'aile, il y en a un autre [muscle nasal transverse]ff près de K, planche IV dissimulé à l'intérieur de la fosse nasale, sur le côté latéral, sous la tunique qui tapisse la fosse nasale. Ce muscle est fin et membraneux, il s'insère sur la région médiale de l'aile et l'attire en-dedans. Ce muscle a un petit nerf issu de celuigg P dans la fig. 2, chap. 2, livre IV qui, comme nous le rappellerons[252], provient de la troisième paire de nerfs crâniens et passe par le foramenhh C dans la fig. 1, chap. 12, livre I dans le grand angle [canthus] oculaire en direction de la fosse nasale. Les muscles des ailes du nez devaient être formés ainsi de façon à contrôler leurs mouvements lors de l'inspiration et de l'expiration.Épilogue aux muscles Donc, dans ce chapitre, nous avons énuméré douze muscles, si nous comptons les symétriques : deux muscles larges, constitués par la membrane charnue, deux qui sont sujets aux variations et qui vont d'une mâchoire à l'autre, quatre appartenant en propre aux lèvres, autant appartenant aux ailes du nez. À moins que vous ne décidiez de diviser celui qui va en même temps à la lèvre supérieure et à l'aile du nez et de le représenter comme deux muscles symétriques, parce qu'il se divise pendant son trajet et s'insère sur des lieux différents, et vous pourriez alors conclure qu'il y a quatorze muscles. De même rien ne s'oppose au fait de dire que les deux muscles formés par la membrane charnue ne sont qu'un muscle, puisqu'ils sont si continus dans la partie antérieure du cou qu'ils ne montrent aucune divisionii De M à K dans la planche III notable. En revanche, si vous voulez prêter attention aux fibres et aux mouvements non seulement ici mais aussi dans les muscles appartenant en propre aux lèvres, et que vous les sépariez en un grand nombre de muscles, votre nombre total de muscles sera assurément plus élevé que celui que nous avons établi.

×Probablement muscle dépresseur de la lèvre inférieure.
×Cf. Fabrique IV, chap. VI, p. 325 [425], en ligne.