Livre II
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qui tapisse la fosse nasale doit être entièrement grattée avec un petit couteau et ôtée des parties sous jacentes afin que vous puissiez regarder commodément le fin muscle membraneuxkk K, planche IV qui meut l'aile du nez vers l'intérieur [muscle nasal transverse].Dissection des 11e et 12e muscles. Dissection des 3e et 4e muscles Quand tous ces muscles ont été réséqués, la face externe du deuxième muscle [m. buccinateur]ll M, planche IV que j'ai décrit dans le chapitre précédent, sur un côté du corps, est parfaitement visible ; cependant pour examiner attentivement sa nature, vous devez le déchirer entièrement avec vos ongles ou avec des crochets, le raser des mâchoires et des gencives, et le détacher enfin de la tunique tapissant[259]la cavité buccale. Parce que la structure de ce muscle est très rare et admirable, et l'entrelacement des fibres merveilleux, vous aurez d'autant plus de plaisir en le séparant soigneusement en plusieurs morceaux et en observant qu'il aide au mouvement des joues mais pas à celui de la mandibule.

Chapitre XV. Les muscles moteurs de la mandibule

La mandibule est mobile pendant que le maxillaire reste au repos Chez l'homme, la mandibuleaa Fig. du chap. <10>, livre I est mue par un mouvement volontaire pendant que le maxillaire reste au repos, comme chez tous les animaux, excepté chez le crocodile de rivière qui est le seul animal dont la mâchoire supérieure soit mobile, alors que sa mâchoire inférieure est si intimement unie aux os temporaux qu'elle est incapable du moindre mouvement ; sa mâchoire supérieure s'articule de chaque côté avec deux fosses au moyen d'un unique et large tubercule, en tout point semblablebb A dans les fig. 1 et 2, chap. 10, livre I au nôtre. Sa mâchoire inférieure est presque parfaitement identique à celle des lézards et des tortues, de même que l'aspect général du crocodile ressemble à celui du lézard (mais pas par la taille ni par les tubérosités noueuses de la queue)[260].Les mouvements de la mandibule Par ailleurs, la mandibule de l'homme a des mouvements dans trois directions. Le premier mouvement a lieu pendant la mastication, la mandibule est alors mue latéralement, en avant, en arrière et en cercle ; le second est la fermeture de la bouche, le troisième son ouverture.Les noms des muscles de la mandibule Tous ces mouvements ont leurs musclescc Δ , planche IV propres. Parmi eux, ceux qui donnent à la mandibule des mouvements variés, en particulier des mouvements circulaires, et des mouvements en avant et en arrière, sont appelés masseteres par les Grecs, venant de l'action de mastiquer[261] ; beaucoup de Grecs nomment ainsi également les muscles temporauxdd Γ , planche IV parce que ces derniers sont aussi très utiles à la mastication, en relevant la mâchoire lorsque nous mordons ou broyons. Le muscle est aussi appelé muscle temporal, parce qu'il est si intimement uni au masséter qu'ils ont trompé Galien dans ses livres de l' Utilité des parties, comme s'ils n'étaient qu'un seul muscle ;Livre 11 il a cru que le masséter est une partie du muscle temporal, et il a déclaré que ce dernier produit un tendon à partir de son milieu, contrairement à tous les autres muscles, mais ensuite (pour éviter de paraître en désaccord avec les autres Anatomistes dans le nombre de muscles) il a également inclus dans le compte un muscle masséter, mais de façon tout à fait différente du quatrième livre des Procédures anatomiques, où il reconnaît le masséter et où il ne dit rien au sujet de cette production mirifique, fausse et mensongère d'un tendon. Aussi, en suivant Galien dans ce dernier livre, et fuyant avec lui l'équivoque d'un seul nom pour des objets différents, nous appellerons dans toute la suite de notre exposé les muscles qui se terminent sur la mandibuleee Γ , planche IV « muscles temporaux », et ceux qui donnent à la mandibule un mouvement en avant ou en arrièreff Δ , planche IV « muscles masséters » ou « muscles de la mandibule » ou « muscles masticateurs ». Mais même s'ils ont à peu près la même action, nous appellerons « muscles dissimulés dans la bouche » [m. ptérygoïdiens internes]gg D, planche VI ceux que je décrirai comme tels, comme nous appellerons « muscles ouvrant la bouche » les muscleshh H, I, planche V qui seront comptés comme les muscles abaissant la mandibule [m. digastriques], ceci pour qu'on se souvienne plus facilement de ces expressions que de noms en quelque sorte imaginés.Le masséter ou le premier muscle symétrique Donc le masséterii Δ dans la planche IV ; I dans la planche III ; C dans les planches II et IX ; D dans la planche V
k V, X dans les fig. 3 et 5, chap. 6, livre I
est ce muscle que nous pouvons entourer de la main, à l'arrière de la mandibule, sous le zygomak[arc zygomatique]. Pour cela, insérez le pouce entre la base de l'oreille et la mandibule, mettez le médius sur la joue et essayez de la repousser dans la cavité buccale, vous embrasserez alors toute la surface externe du masséter ; vous pourrez aussi le reconnaître au toucher, si vous essayez de serrer très fort les mâchoires l’une contre l’autre après avoir fermé la bouche, parce qu'alors le masséter se rassemble sur lui-même, et il appuie sur le pouce et l'index en se dilatant et en se contractant[262]. En outre, vous verrez très clairement ce muscle chez les chevaux ; en effet, ce muscleuu D, planche VI et celui qui est caché dans la bouche, ainsi que nous l'enseignerons, sont les deux muscles que nous entourons habituellement [de la main] pour voir si le cheval qui nous est proposé est charnu ou bien nerveux. Et je dis cela avec d'autant plus de scrupule que je ne voudrais tromper personne, comme moi-même j'ai été abusé par quelques passages de Galien dans les livres de l' Utilité des parties  : à cause d'eux, j'ai cru que le masséterxx Γ [ Δ ], planche IV que je vais décrire maintenant, était une moitié du muscle temporalyy Δ [ Γ ], planche IV et j'ai estimé que le large muscle dans les joues [m. buccinateur]aa M, planche IV que j'ai décrit plus haut comme reliant une mâchoire à l'autre, était le masséter. Cependant, je ne me suis jamais écarté de la vérité au point de ne pas expliquer aux étudiants qu'il y a toujours deux muscles temporaux de chaque côté, appelant l'un « muscle supérieur », qui est le vrai muscle temporal, et l'autre « muscle inférieur », qui est le masséter. Le masséter est issu, au moyen d'un débutbb E, planche IV nerveux, large et très vigoureux, de la région des jouescc a dans la fig. 1, chap. 9, livre I

×Nous traduisons en rétablissant la forme oblinente (coquille pour obtinente) utilisée dans d’autres passages de la Fabrique avec le même sens en 1543 et corrigée en 1555.
×Digression tirée d'une observation faite par Aristote qui assure que le crocodile de rivière est le seul animal dont la mâchoire supérieure soit mobile, Histoire des animaux III, chap. 7 et Parties des animaux IV, 11. d'Aristote. L'anecdote est reprise en 1555.
×Cf. Hippocrate, Articulations 30. Voir le commentaire de Galien, L'anatomie des muscles (éd. Garofalo-Debru), Paris, Les Belles Lettres, 2005, p. 125.
×Cette petite expérience qui associe le lecteur à la description théorique disparaît dans l'édition de 1555.