Livre II
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se trouve la partie inférieure de la suture qui unit l'os du maxillaire [os zygomatique]dd Γ dans la même fig. occupant tout le petit angle [canthus] de l'orbite oculaire et formant la moitié du zygoma, au plus grand des os du maxillaireee Λ dans la même fig. [os maxillaire] : le livre précédent a établi qu'il contient la rangée des dents[263]et qu'il constitue la majeure partie des fosses nasales. Ensuite, à partir des joues, le début du masséter se dirige en arrière, en sortant de toute la partie inférieure et médiale du zygoma, jusqu'à l'oreilleff De E à F, par D dans la planche IV. De fait, le début du muscle masséter est originaire de toute la longueur du zygoma, qui s'étend des joues à l'oreille ; comme je le disais, il est très nerveux dans les joues et il paraît nerveux et de couleur livide[264]à l'endroit où il s'avance depuis la région inférieure de la surface latérale du zygoma ; mais là où il prend son origine de la partie médiale du zygoma, il est charnu ; et en fait, tout le muscle se présente comme charnu et épais, non loin de son début. Le muscle issu de ce début se dirige vers le bas, et embrasse toute la cavitégg E dans la fig. 1, chap. 10, livre I visible sur la partie latérale et postérieure de la mandibule [angle de la mandibule], sur laquelle il s'implante par une très large insertion en partie charnue, en partie nerveuse. Sur toute la largeur de cette insertion, aucune partie n'est plus remarquable ni plus robuste que celle dans la surface âpre de la mandibule dans sa partie inférieure formée pour ainsi dire par plusieurs petits processus. Dans cette régionhh G, dans la planche IV, à l'endroit où le muscle est circonscrit par E, F, G, le masséter est très mince et a plus ou moins l'aspect de l'angle obtus d'un triangle. De fait, tout le masséter est plus ou moins triangulaire. Un de ses côtés s'étend le long de toute la largeur de son début, c’est-à-dire du zygoma, le deuxième va de la joue, ou partie antérieure de son début, en arrière, jusqu'au bas de la mandibule, contenant la région âpre que nous avons signalée. Le troisième va de l'oreille, ou partie arrière de son début, en avant et vers le bas, jusqu'à rejoindre la fin du deuxième côté, formant avec ce dernier un angle si obtus qu'il ne serait pas stupide d'affirmer qu'un quatrième côté peut être ajouté au masséter à cet endroit et qu'il a donc une forme quadrilatérale. Quoi qu'il en soit, cet angle obtus ou, si vous préférez, le quatrième côté du masséter est beaucoup plus étroit que son début : ce dernier est large, ce qui explique que les directions des fibres du masséter sont nécessairement variées. En effet, les fibresii De à G dans la planche IV originaires de la partie antérieure du début, se dirigent vers le bas en arrière, celleskk De F à G dans la planche IV qui proviennent de la partie postérieure du début descendent obliquement en avant, et toutes s'étendent de ce large début vers l'angle obtus que j'ai mentionné, et s'insèrent dans la large partie de la mandibule, sans produire de tendon. Dans le quatrième livre des Procédures anatomiques, Galien soutient que beaucoup de professeurs d'anatomie, attentifs à ce large début (que lui-même appelle « jumeau ») et à la direction variée des fibres, ont placé deux masséters de chaque côté du corps, le premier étant constitué par la partie antérieure du début, le deuxième par la partie postérieure[265]. En revanche il y en eut d’autres qui ont prêté attention au périmètre triangulaire de ce muscle et qui ont compté trois masséters symétriques, en considérant chaque angle comme un masséter, car Galien semble nous persuader aussi de quelque chose de tel. Cependant, je considère que ceux qui ont placé trois masséters symétriques n'ont pas tenu compte de ces trois angles, mais qu’ils ont appelé « premier muscle » ce masséter»ll Δ dans la planche IV que je vais décrire, qu’ils ont compté comme « deuxième muscle »mm Γ dans la planche IV le muscle temporal, et comme « troisième muscle »nn D, planche VI celui que j'appelle « le muscle caché dans la bouche ». Ensuite, ceux qui ont compté deux masséters [symétriques] ne me semblent pas avoir été attentifs aux débuts, comme l'affirme Galien, mais ils ont compté notre masséter pour le premier masséter et l'union du muscle temporal avec celui qui est caché dans la bouche pour le second masséter. Cela se déduit très facilement du discours d'Hippocrate qui nomme ces muscles masseteres[266]. En outre, à moins d'associer les actions du muscle caché dans la bouche avec celles du masséter, nous ne pourrons jamais expliquer correctement les mouvements latéraux de la mandibule pendant la mastication. Il vaudra donc mieux poursuivre l'action du masséter lorsque j'aurai décrit en détail le muscle temporal et celui caché dans la bouche [muscle ptérygoïdien interne].Le muscle temporal ou le deuxième muscle symétrique Le muscle temporaloo Γ dans la planche IV ; B dans les planches III et V ; A dans les planches VI et IX
p On trouvera ces os à R, R dans les fig. 3 et 4 , chap. 6, livre I
est originaire des osp du vertex, des tempes, du front, du sphénoïde et de l’os qui constitue le petit angle [canthus] de l'orbite oculaire et qui est pour moi le premier os du maxillaire [os zygomatique]. Cette origine est en forme de demi-cercleqq A, B, C dans la planche IV et provient principalement de l'os du vertex et de l'os frontal, beaucoup plus haut que la commissure écailleuse qui joint l'os temporal à l'os du vertex ; à partir de là, il s'épaissit progressivement, devient plus charnu et plus étroit, et descend dans une cavité [fosse temporale] dans les os de la tête, en restant attaché à l'os temporal, au sphénoïde, à l'os frontal, et à celui qui constitue le petit angle [canthus] de l'orbite oculaire. Lorsqu'il atteint le zygoma, il est devenu très épais, mais très étroit ; il s'attache aussi au sommet du zygoma, et est tellement adjacent au masséterrr Δ dans la planche IV que l'on pourrait justifier l’argument selon lequel l'os temporal et le masséter ne sont qu'un seul os. Par ailleurs tout le corps du muscle temporal est charnu, jusqu'au zygoma, et sa surface externe est livide, à cause de l'épaisseur de sa membrane intrinsèque[267], et ceci particulièrement au début de son origine et dans sa connexion avec le zygoma. Mais sa surface interne[268], qui est issue des os avec une ample et large insertion d'origine, est charnue ; quand il atteint le processusss C dans les fig. 1 et 2, chap. 10, livre I ou B en-dessous A dans la planche VI pointu [processus coronoïde] de la mandibule,

×Cf. Fabrique I, chap. XI, p. 46.www.biusante.parisdescartes.fr/vesale/?e=1&p1=01047&a1=f&v1=00302_1543x01&c1=12
×Sur l'emploi de l'adjectif lividus, voir introduction.
×C'est-à-dire la partie superficielle et la partie profonde du masséter.
×Cf. Hippocrate, Articulations 30. Voir le commentaire et les critiques de Galien à l'encontre de ses prédécesseurs dans L'anatomie des muscles (éd. Garofalo-Debru), Paris, Les Belles Lettres, 2005, p. 125.
×Sur l'emploi de l'adjectif lividus, voir introduction.
×C'est-à-dire en profondeur.