Livre II
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il se termine en un tendon court, mais remarquablement robuste et nerveux qui entoure ce processus pointu et s'y insère très fermement. Toutes les fibrestt Γ dans les planches XI et VII ; Π , planche IX ; Σ , planches X et XI ; Λ , planche VIII du muscle temporal convergent vers ce tendon, comme si elles allaient du pourtour d'un demi-cercle au centre d'un cercle ; comme nous l'enseignerons, elles forment ce tendon sur le modèle des muscles qui remplissent les surfaces convexes et concaves de la scapula, de ceux qui sont issus de l'ilium et qui servent aux mouvements de la cuisse, et de celui au moyen duquel le bras est porté en haut ; aussi je serais vraiment incapable d'admirer ce que ce muscle présente de particulier qui ait mérité si souvent les éloges de Galien Utilité des parties XI. Et je suis tout aussi incapable de comprendre pourquoi il adresse tant de louanges à la Nature, sous prétexte que la forme de ce muscle se serait écartée ici de celle des autres muscles en produisant un tendon non pas à l'extrémité du muscle, comme partout ailleurs, mais à partir du milieu du muscle. De tous les éloges de Galien adressés à la Nature, je ne conclus rien d'autre que ceci : il a pensé que le muscle que nous avons décrit comme le muscle temporal est un seul muscle avec le masséter, et que le tendon que le muscle temporal insère sur le processus pointu de la mandibule provient du muscle temporal et du masséter. Si cela était, le tendon proviendrait du milieu du muscle, à partir des fibres du muscle temporal dirigées vers le bas et de celles du muscle masséter courant vers le haut pour constituer ce tendon. Mais quel intérêt y a-t-il de s'étendre plus longuement sur les éloges de Galien, qui (si on les examine attentivement) ont été composés plutôt pour discréditer la Nature que pour l'honorer ? D'autant plus que la Nature non seulement ne s'est pas écartée ici de la manière habituelle dont le tendon est produit dans les autres muscles, mais que si elle s'en était écartée, la conclusion aurait nécessairement été que le même muscle meut la mandibule vers le haut et vers le bas ; la partie en-dessous du tendon du muscle tirerait nécessairement la mandibule vers le bas, celle au-dessus l'attirerait en haut. Aussi célébrons l'Artisan du monde par nos hymnes, lui qui a produit un muscle avec une si grande tâche à partir d'un si petit espace d'où est originaire cet insigne tendon, entourant le processus pointu de la mandibule. Quelle est la vigueur de ce muscle temporal et comment, compte tenu de sa taille, lui a été confiée la tâche qui requiert la plus grande vigueur parmi tous les muscles, nous l'apprenons chaque fois que nous mordons quelque chose avec force, et que nous essayons énergiquement de broyer quelque chose avec les dents, ou que nous admirons des bateleurs soulever un poids énorme avec les dents. Pour ne rien dire de la diversité des façons dont les hommes mordent, nous avons récemment vu à Padoue un bateleur qui a soulevé de terre avec les dents un poteau en fer de vingt-cinq livres, l'a gardé dressé quelque temps en bouche, puis l'a lancé en arrière en pointant contre un mur, à une distance de trente-neuf pieds du bateleur, comme je l'ai mesuré moi-même[269]. Et j'ai entendu dire que récemment, à Venise, un Turc a montré une force encore bien plus grande dans le fait de mordre, et qu'en plus, devant un public admiratif, il a manipulé dans tous les sens, comme si c'était un bâton, une poutre qui avait demandé cinq hommes pour être levée !Le muscle caché dans la bouche ou le troisième muscle symétrique Bien que le muscle temporal soit vigoureux, pourvu de nombreuses ramificationsuu Q, R, b,c,d dans la fig. 2, chap. 2, livre IV nerveuses, et à cause de son importance, entouré de remparts osseux et enclos dans des cavités adaptées, la Nature lui a néanmoins associé un autre musclexx D, planche VI, semblablement robuste et nerveux, caché dans la bouche [m. ptérygoïdien interne], qui a la même action que le muscle temporal. Son début, extrêmement nerveux, sort de toute la cavité- ou sinus- creusée dans les processusyy P et 2, 3, 4, 5 dans la fig. 5, chap. 6, livre I du sphénoïde que nous avons comparés à des ailes de chauve-souris. La Nature a fabriqué ce sinus avec les processus osseux qui entourent le début de ce muscle (pour sa protection et sa sécurité)[270], et en même temps elle a prolongé ces processus pour faciliter la sortie du début du muscle. Donc, dès qu'il émerge de la cavité du sphénoïde, ce début est charnu, large et épais, et absolument semblable au masséter par sa forme ; en effet ce muscle plus médial s'implante au moyen d'une forte et large insertion sur la partie postérieure et interneaa D dans la fig. 2, chap. 10, livre I de la mandibule, à l'endroit où elle est le plus large. Ainsi, pour que le présent muscle soit reçu plus facilement par la mandibule, sans occuper trop de place dans la bouche, une cavité peu profonde mais large a été creusée dans la mandibule, comme nous l'avons dit lorsque nous avons expliqué sa structure dans le premier Livre. En outre, parce qu'il accomplit la même fonction que le muscle temporal et qu'il lui est partiellement joint et uni, le muscle caché dans la bouche a été considéré par plusieurs Anatomistes comme une partie du muscle temporal ; mais d'autres les considèrent comme deux muscles, même s'ils se joignent l'un à l'autre, puisqu'ils ont deux débuts différents et qu’ils s'insèrent dans des régions distinctes du même os. Quant à nous, nous les séparons, de telle sorte que nous puissions énumérer un muscle temporal, un muscle masséter et un muscle caché dans la bouche [m. ptérygoïdien interne] symétriques.Fonctions du masséter, du muscle temporal et du muscle caché dans la bouche La première fonction confiée à ces trois muscles est de tirer la mandibule vers le haut, afin de la joindre au maxillaire. Mais le masséter a une action particulière, qui est la suivante : quand les parties antérieuresbb E, planche IV des débuts des masséters sont contractées, la mandibule est poussée en avant et le menton pointe en avant, mais quand les parties postérieures des débuts se tendent, la mandibule se rétracte en arrière en direction des oreilles[271] ; c'est ainsi que les masséters agissent pour les deux mouvements dont nous avons besoin quand nous mastiquons. Le muscle contribue aussi à ce mouvement, dans la mesure où les fibres de son début

×Vésale insère plusieurs anecdotes de bateleurs, de spectacles de rue dans la description anatomique.
×La parenthèse est de Vésale.
×Vésale décrit ici le phénomène de pulsion et de rétropulsion de la mandibule.