Livre II
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Retournez alors le muscle temporal en bas et en-dehors et observez son tendon très nerveux qui entoure le processus pointu de la mandibule [processus coronoïde] comme s'il le dissimulait à l’intérieur de lui-même. Ensuite regardez comment il est joint au muscle caché dans la bouche [m.ptérygoïdien interne] et au muscle masséter. En dernier lieu, si la bouche est ouverte, n'hésitez pas à tirer vers le haut les débuts du muscle temporal, afin d'apprendre facilement son action.Le muscle masséter Lorsque le massétercc Δ , planche IV a été détaché du zygoma et des joues, vous pouvez maintenant également le séparer de la mandibule avec un petit scalpel et examiner attentivement son insertion, en observant qu'aucune partie ne va du masséter au tendon du muscle temporal inséré sur le processus [processus coronoïde] de la mandibule. Il sera également possible de rechercher l'action du masséter après avoir dénudé la mandibule de sa chair au cours de la dissection. Pour tous les membres dont nous avons décidé d'examiner les mouvements dans des cadavres, il est en effet courant que nous enlevions toute la chair des os dont nous recherchons le mouvement, et que nous laissions intacts seulement les muscles moteurs de ces os. Donc après avoir libéré la mandibule des corps qui lui sont attachés en-dessous, si vous dirigez les débuts du masséter de-ci de-là, vous verrez très facilement que ces débuts poussent la mandibule latéralement, en avant et en arrière, et enfin en haut.Le muscle caché dans la bouche Vous ne pourrez pas[273]disséquer correctement le muscle caché dans la bouche [m. ptérygoïdien interne]dd D, planche VI sans avoir coupé la mandibule en deux moitiés dans la région du menton ; pour cela, utilisez un grand couteau et commencez à couper depuis la pointe du menton en passant par le milieu des incisives ; prenez chaque moitié par une main et retournez-les violemment sur les côtés, comme pour luxer l'articulation de la mandibule dans le sinusee h dans les fig. 4 et 5, chap. 6, livre I du maxillaire[274]. Ensuite, pelez la tunique de la bouche comme si c'était une peau autour des extrémités de la mandibule, jusqu'à ce que le muscle caché dans la bouche se présente à la vue. Si vous préférez, vous pouvez le laisser attaché aux os ou bien l'enlever entièrement quand vous l'aurez rasé, en observant attentivement son action. Mais le cours de la dissection ne sera pas gêné si vous reportez la dissection de ce muscle jusqu'au moment où vous aborderez celle des muscles de la langue et de l'os hyoïde, ceci pour éviter de lacérer imprudemment ces muscles en ne voulant voir que le premier.Le muscle abaissant la mandibule Vous trouverez le muscle qui ouvre la bouche [m. digastrique]ff H, I, planche V s'étendant sur toute la longueur de la mandibule et, comme nous l'avons dit, inséré sur la mâchoire à la partie interne de la pointe du menton. Il ne demande pas de procédure de dissection particulière, si vous avez réséqué auparavant le masséter et les petites glandes avec les veines et les artères qui sont sous les oreillesgg En-dessous de F, planche IV. Si vous tractez son début vers le processus styloïde, vous verrez que la mandibule s'abaisse ; elle se dirige aussi un peu latéralement en oblique, si vous avez tiré seulement le début d'un des muscles symétriques.Le mouvement oblique de ce muscle Lorsque les débuts des deux muscles sont tirés, la direction du muscle abaissant la mandibule est verticale et non pas inclinée latéralement. Mais la dissection de ces muscles et de ceux cachés dans la bouche se fera plus opportunément quand on abordera celle des muscles de la langue, de l'os hyoïde et du larynx.Ligaments des articulations de la mandibule Les ligaments reliant la mandibule au maxillaire ressemblent aux ligaments entourant les autres articulations comme une membrane, et n'ont pas de caractéristique individuelle.

[Illustrations]

Cartilage intrinsèque de l'articulation de la mandibule avec le maxillaire

Mais si vous coupez le ligament en l’encerclant et en libérant ainsi l'articulation, vous rencontrerez le cartilage intrinsèque de cette articulation [disque articulaire][275], qui n'est articulé avec aucun os, mais est seulement posé au milieu de ceux-ci et est attaché au ligament entourant l'articulation ; il absorbe et modère la force des os lors des mouvements importants et violents de la mandibule.Dessins de muscles dans les tempes Galien a enseigné dans le quatrième livre des Procédures anatomiques[276]que des esquisses de muscles sont visibles derrière les oreilles, mais jusqu'à présent, je n'en ai jamais trouvé chez des hommes ; mais chez des chiens, j’ai parfaitement compris la nature, la forme, l'origine et l'action des muscles moteurs des oreilles, et j'ai aussi observé que le singe montre vaguement ces muscles, mais de manière peu manifeste. Cependant la membrane que nous appelons « charnue » est quelquefois augmentée de quelques rares fibres charnues au-dessus des oreilles, et elle peut donner un léger mouvement volontaire à la peau près de l'oreille et aussi à l'oreille elle-même.

Chapitre XVII. Les muscles de l'os hyoïde

Les muscles joints à cet os sont symétriques ou bien lui appartiennent en propre Nous avons déjà dit[277]que l'os hyoïdeaa en entier dans les fig. 1 et 2, chap. 13, livre I ; A dans la fig. 1, chap. 21, livre II est placé dans la gorge, au sommet du larynx, qu'il sert de fondement à la base de la langue, lui permettant de se mouvoir au dessus de lui, et qu'il est comme une ancre pour beaucoup de muscles. Parmi les muscles joints à cet os, certains lui appartiennent en propre et ont été fabriqués en vue de ce seul os : ce sont tous les muscles originaires d'autres os et s'insérant sur l'os hyoïde ; en revanche, d'autres muscles procèdent de cet os et sont utiles à d'autres organes. Ceux qui sont les muscles intrinsèques de cet os et qui lui appartiennent en propre ont pour fonction essentielle d’assurer l'os, car il n'a pas une base très stable, et de l'empêcher de se déplacer latéralement, en haut ou

×Dans le texte latin, la négation est absente, mais cette lacune est bien signalée dans les errata.
×Sur l'articulation de la mandibule et du maxillaire, voir Fabrique I, chapitre X, fig. 1, p. 43. www.biusante.parisdescartes.fr/vesale/?e=1&p1=01044&a1=f&v1=00302_1543x01&c1=11
×Le dessin ne figure que dans l'édition de la Fabrique de 1543 et est repris du livre I chap. XXI, où il illustre le cartilage de l'articulation acromo-claviculaire décrit p. 99. www.biusante.parisdescartes.fr/vesale/?e=1&p1=01100&a1=f&v1=00302_1543x01&c1=22
×Selon Garrison, op. cit. I, p. 507, note 17, le texte de Vésale post aures (« derrière les oreilles ») est une traduction erronée du grec ἀμφι το οὖς (« autour de l'oreille ») de Galien, Procédures anatomiques IV, 6.
×Cf. Fabrique I, chap. XIII, p. 55 et 56.