Livre II
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en bas, en avant ou en arrière. Ils sont au minimum sept, au maximum huit, soit quatre muscles de chaque côté, pour constituer quatre paires de muscles au total.Première paire de muscles intrinsèques de l'os hyoïde ou premier muscle symétrique Le premier muscle [m. sterno-hyoïdien]bb S, T dans la planches IV ; C dans la planche I ; F dans la planche II est plus vigoureux et plus épais que tous les autres, il est bicornu ou jumeau, et s'étend au cartilage en forme d'écu [cartilage thyroïde] du larynx et à la dure artère [trachée] dans le cou. Son début large et charnu est originaire de la partie supérieure du sternum, plus vers sa partie interne [médiane]; il s’étend verticalement vers le haut, gardant toujours la même largeur qu’à son origine, et s'insère sur la partie antérieure de l'os hyoïde, embrassant par un lien charnu toute la largeur du milieu du petit os auquel les côtés de l'os hyoïdecc Voyez la fig. I, chap. 13, livre I, à *, A, B et C sont attachés. Sur toute la longueur de ce muscle, une ligne est incisée en son milieu, et à cause de cela, il n'est pas absurde de dire qu'il est constitué de deux muscles et de le compter soit comme deux muscles soit comme une paire de muscles : ils tirent l'os hyoïde vers le bas, après qu'il a été violemment tiré vers le haut par les muscles supérieurs, et ces muscles peuvent être considérés comme un rempart protégeant le cartilage thyroïde et la trachée.dd N, puis Q, planche VLa deuxième paire Le troisième et le quatrième musclesee R dans la planche IV ; B, planche I ; E, planche II [m. mylo-hyoïdiens], symétriquement disposés, sont opposés aux deux précédents ; ils sont larges, courts et charnus sur toutes leurs parties ; ils sont originaires de la mandibule, plus du côté interne, sous la pointe du menton. Au cours de leur progression à partir de cet endroit, ils s'amincissent un peu et, s'étendant vers le bas, ils s'insèrent sur l'os hyoïde à côté des deux muscles précédents, en ayant une insertionff Comparez B et C dans la planche I exactement de la même largeur que la première paire sur la partie antérieure de l'os. Ces muscles poussent l'os vers le haut et un peu en-dehors, par un mouvement contraire à celui des deux muscles inférieurs ou première paire, de même que les muscles situés plus bas poussent également l'os en-dehors, mais de façon très peu visible.La troisième paire Le cinquième et le sixième musclesgg Q, planche IV [m. stylo-hyoïdiens], symétriquement disposés, sont très fins et arrondis ; ils sortent de la base des processushh i dans les fig. 3, 4 et 5, chap. 6, livre I de l'os temporal que nous avons appelés processus styloïdes ou processus en ergot de coq et s'insèrent sur l'os hyoïde, sur le côté de la face occupée par les quatre premiers muscles : il s’agit de la région où les côtés de cet os sont joints à son milieu[278]. Sur tout leur trajet, ces muscles s'étendent latéralement le long des musclesii O [Q] dans la planche IV ; H, I, planche V qui abaissent la mandibule, comme je l'ai rappelé, et qui sont également originaires des mêmes processus styloïdes, mais un peu plus bas que ces muscles de l'os hyoïde. Ces deux muscles ont pour fonction d'empêcher l'os de se déplacer sur la droite ou sur la gauche, et en plus, ils le tirent légèrement vers le haut et en dedans.La quatrième paire Le septième et le huitième muscleskk R, D dans la planche V ; V, planche IV ; D, planche I ; H, planche II [m. omo-hyoïdiens] de cet os, symétriques, sont fins et longs, et on ne rencontre aucun autre muscle de tout le corps qui soit en même temps aussi fin et long que ceux-ci. Chacun d'eux possède une sorte d'énervation [tendon] qui lui appartient en propre, comme en ont les muscles abaissant la mandibule ; en effet au milieu de son cheminement, le muscle cesse d'être charnu et présente la substancell entre R et S dans la planche II d'un tendon, puis il redevient charnu comme s'il avait deux ventres[279]. Son début charnu est originaire du côté supérieur de la scapula, à côté de son col et de la base du processus en forme d'ancremm F dans la fig. 1, chap. 12, livre I [processus coracoïdien] ; caché sous le muscle [m. trapèze]nn b dans la planche IV ou Γ dans la planche IX tirant la scapula vers l'occiput, il s'étend obliquement vers le haut sous le muscleoo Θ , planche IV issu du sternum et de la clavicule et inséré sur le processus mastoïde de la tête [m. sterno-cleido-mastoïdien] ; et ce dernier comprime ce muscle de l'os hyoïde [m. omo-hyoïdien] à tel point que ce dernier cesse d'être charnu quand il est sous lui et qu’il présente l'aspect d'un tendon, comme s'il baissait la garde devant ce muscle moteur de la tête plus important que lui ou comme s'il avait été rendu plus dur pour supporter plus facilement la force du muscle moteur en se contractant[280]. En effet, dès qu'il repasse au-dessus du muscle moteur de la tête, il apparaît à nouveau charnu, jusqu'à ce qu’il s'implante dans la région de l'os hyoïde dans laquelle le sixième et le septième muscles[281]s'insèrentpp P, planche IV comme cela a été dit.La quatrième paire ne sert pas aux mouvements de la scapula Dans le quatrième livre des Procédures anatomiques, Galien estime que ces muscles sont des muscles intrinsèques de la scapula, affirmant qu'ils lui donnent un mouvement vers le haut et vers la gorge. J'aurais réellement souhaité qu'on pût observer que cela fût en accord avec la vérité, car pour moi ils semblent appartenir en propre à l'os hyoïde, et pas aux scapulae, et je pense qu'ils n'ont rien de commun avec le mouvement de la scapula. Le fait est qu'ils sont trop petits et trop peu stables sur leur base (lorsqu'ils sont joints à l'os hyoïde) pour pouvoir élever la scapula (à laquelle le bras, l'avant-bras et la main sont appendus) dans un mouvement oblique. En plus, par leur substance et par leur forme ils ressemblent à tous les autres muscles de l'os hyoïde, et pas du tout aux muscles moteurs des scapulae. Les Anciens connaissaient parfaitement cela, et c'est en accord avec leur opinion que Galien a écrit dans le onzième livre de l' Utilité des parties que ces muscles appartiennent à l'os hyoïde ; mais l'ayant oublié, il mentionne les mêmes muscles dans le treizième livre de l' Utilité des parties comme étant des muscles moteurs de la scapula, se trompant sur ceux-ci comme sur beaucoup d'autres muscles de la scapula. En fait, l'os hyoïde a bien besoin de ces muscles, s'il doit être mu par un mouvement contraire à celui réalisé par le cinquième et le sixième muscles. Assurément, ces muscles énumérés en dernier me semblent tirer l'os hyoïde en bas et latéralement, et si cette action ne leur avait pas été confiée, la position de l'os hyoïde serait complètement en porte-à-faux. Ajoutez à cela qu'un petit nerfqq à partir de la branche marquée i dans la fig. 2 du chap. 11, livre IV s'insère sur ces muscles à l'endroit où ils se joignent à la scapula, mais pas à l’endroit où ils s'insèrent sur l'os hyoïde. Donc, mon opinion sera qu'il y a huit muscles formés seulement dans l’intérêt de l'os hyoïde, pour l'empêcher d'être délogé de sa position et d'être un fondement trop instable pour la langue et pour le larynx lui-même.Les muscles qui n'appartiennent pas à l'os hyoïde Les muscles que j’ai mentionnés comme n’appartenant pas en propre à l’os hyoïde en sont cependant originaires.

×Endroit où la grande corne de l’os hyoïde rejoint le corps de l’os. Cf. Fabrique I, chap. XIII, p. 56.www.biusante.parisdescartes.fr/vesale/?e=1&p1=01057&a1=f&v1=00302_1543x01&c1=15
×Vésale décrit ici le ventre supérieur et le ventre inférieur du muscle omo-hyoïdien.
×Présentation humanisée assez précieuse de ces muscles qui semblent se régler sur un protocole en usage dans la noblesse.
×Correction en cinquième et sixième muscles dans l'édition de 1555.