Livre II
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donner une base ferme à la langue et une limite à ses mouvements dans toutes les directions. Mais si le ligament s'avançait dans la langue seulement sur une petite distance, il la gênerait, pas autant que s'il n'existait pas, mais guère moins et presque tout autant. À l'inverse s'il s’étendait sur une plus longue distance, la langue ne pourrait jamais atteindre le palais ni les dents du haut ni beaucoup d'autres parties de la bouche. La dimension de ce ligament est donc si exactement calculée que si vous y ajoutiez ou retranchiez si peu que ce soit, la fonction de toute la langue serait défectueuse. C’est ce que nous voyons chaque jour dans la pratique de notre art, chaque fois que nous coupons ce ligament[300]ou que nous le séchions lorsqu'il est devenu trop lâche à cause d'un excès d'humidité.

Chapitre XXI. Les muscles du larynx

Puisque tous les muscles du larynx n'ont pu être montrés dans la série de planches intégrales disposées au début du présent Livre, j'ai pensé qu'il ne serait pas inutile de les présenter séparément au début de ce chapitre dans les nombreuses figures suivantes.

[Illustrations]

Index des treize figures du vingt-et-unième chapitre et de leurs caractères typographiques.

La première figure représente la face antérieure de l'os hyoïde, ici sans aucun muscle, avec l'avant du larynx et le tronc de la trachée (qui se trouve dans le cou), aucun muscle du larynx n'ayant été enlevé. L'index expliquera clairement quels sont les muscles visibles ici.

La deuxième figure est la même que la première, mais en vue latérale droite, bien qu'ici nous n'ayons pas conservé une aussi grande partie du tronc de la trachée ; en plus, nous avons déjà coupé les côtés supérieurs de l'os hyoïde [petites cornes].

La troisième figure correspond exactement à la deuxième, sauf qu'elle montre la face postérieure alors que la précédente montrait une vue latérale ; les côtés supérieurs de l'os hyoïde [petites cornes] sont encore volontairement dessinés ici.

La quatrième figure montre la face antérieure du larynx avec une partie du tronc de la trachée et avec l'os hyoïde qui a été sectionné maintenant en même temps que les muscles qui s'étendent de cet os et du sternum au larynx. Sont donc conservés jusqu'à présent le cinquième et le sixième muscles communs du larynx [m. constricteurs inférieurs du pharynx] et aussi les muscles appartenant à l'ouverture [épiglotte] du larynx.

×Les deux opérations chirurgicales consistant à inciser un frein de langue trop court pour l'allonger (frénotomie) ou à en faire l'ablation (frénectomie) pour restaurer une meilleure fonction de la langue étaient pratiquées dans l'antiquité, lors de difficultés de phonation ou de prononciation. Voir à ce sujet Celse, De medicina, VII, 12, -5, ed. W. G. Spencer, Londres, Harvard University Press, Loeb Classical Library, t. III, p. 372-374.