Livre II
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ils s'étirent vers le haut le long de la face antérieure de la trachée, s'élargissent progressivement et s'insèrent, comme nous l'avons dit, sur le premier cartilage.[Muscles communs 5 et 6][312] Le cinquième et le sixième musclesii I dans fig. 1,2,3,4,5 communs du larynx [m. constricteur inférieur du pharynx] sont transversaux et embrassent l'œsophagekk H dans fig. 2,3,5 sur les deux côtés ; en effet ils débutent de la partie arrière de l'œsophage, en regard des vertèbres cervicales, et sont si proches l'un de l'autre que l'on dirait qu'il n'y a qu'un même et unique début pour ces deux muscles. À partir de là, ils s'élargissent et deviennent charnus, s'avancent transversalement vers l'avant et s'insèrent longitudinalement sur les côtés latéraux du premier cartilage, auxquels ils sont étroitement connectés et contigus sur toute leur surface en regard de l'œsophage.Fonction des muscles communs Les muscles que nous avons recensés en dernier [m. constricteurs inférieurs du pharynx] tirent les côtés du premier cartilage en arrière, en le pressant contre le deuxième cartilage de telle sorte qu'ils ferment le larynx ou lingula. Ceux qui procèdent de l'os hyoïde en écartant plus ou moins le premier cartilage des suivants [m. constricteurs moyens du pharynx] dilatent le larynx. Mais les muscles provenant du sternum et insérés sur le premier cartilage [m. sternothyroïdiens] ont une fonction opposée : en effet ils contractent les parties inférieures du premier cartilage et les tractent vers le bas, en contractant et en resserrant également quelque peu la trachéell Q dans la planche V de telle sorte que rien ne soit trop élargi ni trop dilaté quand l'homme émet des sons.Les deux muscles de l'opercule du larynx En plus des six muscles précédents, j'ai remarqué deux autres musclesmm K dans les fig. 2, 3, 4 à peu près ronds, issus du milieu de la partie interne de l'os hyoïde et s'insérant symétriquement sur la racine du corps [épiglotte] considéré comme l'operculenn L dans les fig. 2, 3, 4, 5 du larynx. Ils se présentent très facilement à la vue (du moins si on connaît la procédure pour les disséquer) ; Galien n'en fait cependant mention dans aucun de ses ouvrages qui subsistent aujourd'hui, et je pense qu'ils lui étaient inconnus, car il n'est pas pensable de les compter parmi les muscles communs du larynx. Or, Galien a dit que ces muscles sont au nombre de huit et en fait il n'en a décrit que six, bien qu'il ait ajouté ensuite que huit muscles s'attachent au premier cartilage. En plus, il est sûr que la fonction de ces deux muscles consiste à relever l'opercule du larynx, après qu'il a été abaissé par la nourriture et la boisson ; en effet, lorsque les débuts de ces muscles ont été tirés vers l'osoo A dans les fig. 2 et 3 hyoïde, on constate que l'opercule est dressé. Je n'ai observé aucun muscle ayant une action opposée à ces deux derniers ; et il n'y a rien d'étonnant au fait que la nourriture et la boisson puissent facilement abaisser l'opercule du larynx par leur propre poids quand il est levé ou dressé, ni qu'alourdi par son poids, il s'assujettisse facilement au larynx. Cependant ce ne sont pas les seuls muscles sans muscles opposés, nous parlerons aussi de ceuxpp Les muscles de l'intestin sont marqués B, C dans les fig. du chap. 51 ; ceux des testicules sont indiqués par Ψ dans la fig. 22, livre V qui tirent le rectum et les testicules vers le haut. Les corps qui par nature penchent suffisamment vers le bas et qui ne demandent pas un mouvement particulier vers le haut, n'ont pas besoin de muscles particuliers pour cette action.Les ligaments du larynx Le larynx n'a pas de ligament exceptionnel ou particulier à part les ligaments membraneux qui encerclent les articulations ; en son milieu se trouve la glotteqq On peut la voir dans les fig. 11, 12, 13 mentionnée dans le Livre précédent[313]. Elle est formée par les cartilages articulés, et principalement par des parties du troisième cartilage, dont les processus acérés font face au premier cartilage, par le ligament qui les relie, et par la grasse tunique [tunique muqueuse] qui entoure tout le larynx, dont je souhaiterais que vous appreniez la nature et l'art de sa structure en la disséquant de vos propres mains, comme je vais le faire ci-dessous.

Chapitre XXII. Procédure de dissection des muscles du larynx

Procédure de dissection des muscles communs [extrinsèques] 1 et 2 Commencez par examiner la structure du larynx dans un bœuf ou dans un veau, puis chez un être humain, selon la méthode suivante. Pour cela, utilisez les cartilages nettoyés de n’importe quel autre larynx, qui puissent servir d'os (vous devez toujours avoir des os sous la main lors d’une dissection des muscles). Ensuite, quand vous aurez disséqué les muscles intrinsèquesaa S, T, R, Q. V, X dans la planche IV de l’os hyoïde, les deux muscles [m. thyrohyoïdiens]bb O dans la planche V provenant de l’os hyoïde en direction du premier cartilage se présenteront immédiatement ; en détachant leurs débuts de l’os avec un très petit couteau et en séparant peu à peu les muscles du cartilage à l'aide d'un rasoir, vous pourrez les suivre jusqu’à leur insertion.[Procédure de dissection] des muscles communs 3 et 4 Ensuite, vous appliquerez la même méthode pour les muscles [m. sternothyroïdiens]cc I dans les fig. 2, 3, 5, chap. 21 allant du sternum au premier cartilage : commencez par les séparer du sternum puis détachez-les peu à peu de la trachée et tractez-les jusqu’au premier cartilage sur lequel ils s’insèrent. Lorsque vous aurez attentivement examiné ces quatre muscles, faites une incision à travers la tunique du palais jusqu’au fond de la gorge, et ôtez de la gorge le larynx en même temps que l’œsophage, de la façon dont les bouchers enlèvent habituellement les larynx des bœufs. Lorsque le larynx a été détaché avec une partie de la trachée et de l’œsophage, sortez-le complètement de l’animal, jetez la langue, et donnez tout le larynx à tenir à celui qui vous assiste et qui étudie l’anatomie avec vous. Mon assistant le plus assidu pour apprendre la structure du larynx fut ANTOINE SUCCHA[314], un jeune homme qui est un grand et rare espoir pour Bruxelles, notre ville commune, et pour tout notre pays belgique, grâce à sa connaissance exceptionnelle de la médecine et des mathématiques.[Procédure de dissection] des muscles communs 5 et 6 Après avoir préparé le larynx de cette façon,

×La note marginale est absente en 1543.
×Cf. Fabrique I, chap XXXVIII, p. 153.www.biusante.parisdescartes.fr/vesale/?e=1&p1=01154&a1=f&v1=00302_1543x01&c1=39
×De famille noble, cet étudiant de Vésale, né à Bruxelles en 1519, obtint son doctorat en médecine à Padoue le 9 février 1545. Vésale le cite encore dans la Lettre sur la racine de chine en 1546, mais son nom n'apparaît plus dans la Fabrique de1555. Voir article avec sources inédites de O. Steeno, M. Biesbrouck, T. Goddeeris, « Antonius Succa : een nobele student van Andreas Vesalius », Tijdschr. voor Genneeskunde, 69, n°14-15, 2013, p. 734-739. La province belgique était une des provinces des Pays-Bas dans l'Empire.