Livre II
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et un début large, ample et varié, il conduit le bras en différentes directions sur la poitrine. Si ses fibres supérieures issues de la clavicule et de la partie supérieure du sternum se contractent, le bras est conduit en adduction vers le haut de la poitrine et vers la clavicule ; au contraire, si les fibres inférieures sont étirées, ce muscle devient l'auteur du mouvement d'adduction de la partie inférieure du bras vers la poitrine, puisque le bras est attiré vers le cartilage pointu [processus xiphoïde]kk k dans la fig. 1, chap. 19, livre I et les fausses côtes proches des vraies. Mais si les deux espèces de fibres travaillent ensemble, elles conduisent le bras sur la poitrine sans l'incliner vers le haut ou vers le bas. Donc, puisque ce muscle a un début ample, qu'il est originaire de plusieurs os, qu'il a des fibres qui se croisent et se contrarient dans leur direction et qu'en outre il produit des mouvements variés, il n'y aurait probablement aucun obstacle à le considérer comme un muscle double et à le compter comme deux muscles, comme un certain nombre d'éminents anatomistes l’ont fait ; cependant je le compterai comme un seul muscle dans toute la suite de mon discours. De fait, puisque la partie inférieure du muscle, qui produit les fibres inférieures, amène le bras sur la poitrine vers le bas, c'est à juste titre qu'elle est plus petite, et par rapport à son épaisseur, plus fine que la partie supérieure qui élève plus le bras et à laquelle est confiée une action plus vigoureuse et plus forte.Le muscle amenant le bras en adduction sur la poitrine est fréquent chez les singes. Livre V des Procédures anatomiques et livre XIII de l' Utilité des parties À part ce muscle (soit dit sans offenser Galien), il n'y a aucun autre adducteur du bras sur la poitrine. Car le muscle que Galien compte comme le premier muscle moteur du bras et qu'il décrit comme étant un petit muscle près des mamelles, élevant le bras vers l'articulation de l'épaule et le menant en adduction vers les fausses côtes, vous ne le trouverez jamais chez l'homme. Il n'aurait pu nous échapper, puisque Galien considère que c'est un muscle superficiel, qu'il court sous la peau, vers le haut, obliquement en direction de l'articulation de l’épaule, et qu'il affirme que le muscle qui se termine dans une fine membrane s'insère sur l'articulation, près de la dépression [gouttière bicipitale]ll H, I dans la fig. 1, chap. 23, livre I dans l'humérus qui entoure la tête externe du muscle antérieur fléchisseur de l’avant-brasmm Θ dans la 6e planche des muscles [m. biceps brachial]. Et personne ne pourra penser que je l'ai enlevé par négligence en même temps que la peau, du moins s’il a pratiqué une dissection des muscles de l'articulation de l'épaule ou assisté celui qui dissèque. Et comment, je vous le demande, un muscle originaire de la région des mamelles et couché à la surface d'autres muscles, même si son épaisseur était égale à celle d'une seule fibre, pourrait passer inaperçu chez l'homme ? Surtout s'il montait en direction de l'articulation entre le musclenn Planche III, entre Δ et P, sur une ligne, de L à Q que je viens de décrire et celui qui élève le bras, comme vous allez l'apprendre ? Et même si on enlevait la partie sous-cutanée de ce muscle, la partie qui s'insinue entre les deux muscles et qui est proximale de l'articulation serait nécessairement toujours visible (ceci dans le cas où quelqu'un aurait l'intention de l'enlever)[320]. Mais pourquoi prétexter ici l'excuse de la négligence, puisque, en un mot, Galien décrit la structure des singes, et moi, autant que je puis, celle des hommes, comme en témoigne ce muscle du bras, parmi d'innombrables autres exemples : ce muscle n'existe pas chez les hommes, mais chez les singes et surtout chez les singes caudés (dont je dispose en plus grande quantité que de singes sans queue)[321], et on l'observe de la manière suivante. Lorsque la peau a été ôtée, le muscle que nous appelé le premier muscleoo Δ dans la planche III chez l'homme est également visible chez le singe, recouvert par aucun autre muscle. Mais sous son côtépp entre R et S, planche V inférieur, au-dessus du début du muscle oblique de l'abdomen (que nous appelons couramment « muscle oblique descendant »), on trouve le début fin et membraneux d'un muscle qui est situé loin de la région des tétons. Ce début devenant charnu, mais restant cependant fin, se dirige vers le haut en diagonale sous le grand muscle mettant le bras en adduction sur la poitrine [m. grand pectoral], vers l'articulation où il fait cette insertion que Galien a rapportée. Et ni l'insertion de ce muscle, ni même sa direction, ne sont visibles si ce grand muscle n'est pas complètement étiré vers le haut, ce qui demande à être observé avec grand soin pour comprendre Galien, même si sur ce point certains se vantent de n'enseigner que la médecine humaine. Si vous n'avez pas compris que ce muscle de Galien est si dissimulé sur tout son chemin, et est si peu issu d'une origine membraneuse, la première page elle-même du cinquième livre des Procédures anatomiques vous apparaîtra immédiatement erronée et en même temps très difficile à comprendre, puisque Galien a rapporté partout à tort que ce muscle s'étend sous la peau, mais sur la surface d'autres muscles et en particulier sur celle du muscle que nous avons cité comme le muscle adducteur du bras sur la poitrine. Mais je prie instamment les savants qui, à cause de leur vénération envers Galien, seraient tentés de ne pas souscrire immédiatement à mon opinion, d'examiner si l'homme partage ce muscle avec le singe, et secondairement si ce muscle se trouve sur la surface d'autres muscles chez les singes caudés (comme le prétend Galien).Galien considère à tort le muscle qui meut la scapula vers l'avant comme le muscle moteur du bras Outre ce muscle, Galien en décrit un autreqq Γ dans la planche V ; k, planche IV qu'il considère comme l'auteur du mouvement du bras plus haut sur la poitrine [m. petit pectoral]. Assurément ce muscle ne m'a jamais échappé chez l'homme , mais il ne porte absolument pas le bras vers le haut de la poitrine, comme Galien le prétend ; en réalité il a été fait pour ramener la scapula vers la poitrine, ce que l'origine, la direction et l'insertion de son tendon mettent clairement en lumière, surtout chez l'homme. En effet il a son originerr De i à k, dans la planche V
s Δ dans la planche III
sous le muscles que j'ai compté comme le muscle adducteur du bras sur la poitrine et il lui est complètement sous jacent. Il provient par un début charnu des deuxième, troisième, quatrième et cinquième côtes thoraciquestt voyez I dans la planche IV, et aussi 2, 3, 4 et k supérieures, parfois (mais très rarement) de la sixième côte, non pas à l'endroit où elles s'articulent avec l'os de la poitrine [sternum] (même si c'est cela que Galien affirme à plusieurs reprises), ni du sternum lui-même,

×Nous rappelons que les parenthèses sont le fait de Vésale.
×Tout ce passage révèle l'assurance de l'anatomiste fondée sur l'expérience, avec le double sens de la pratique acquise et de la recherche par l'expérimentation sur l'animal.