Livre II
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mais bien avant que les os des côtes ne commencent à devenir le cartilage qui sera articulé avec l'os de la poitrine [sternum] ; ce début ne se fait pas par un chemin rectiligne, mais il progresse à la manière de plusieurs doigts [digitations] dont l'origine serait plus éloignée des os des côtes. À partir de là, ce muscle se fait plus étroit mais plus épais en se dirigeant vers l'extérieur[322]jusqu'à ce qu'il se termine en un large tendonuu l sous b dans la planche V nerveux mêlé de chair à l'articulation de l'humérus avec la scapula, où il s'insère sur le côté interne du processus de la scapula en forme d'ancrexx b dans la planche V, ou E,f,F dans la fig.1, chap. 21, livre I [processus coracoïde], devenant plus nerveux à l'endroit où ce processus émet à partir de son appendice la partie la plus nerveuseyy n dans le muscle marqué Θ , planche VI de la tête interne [m. court biceps] du muscle que nous compterons comme le muscle antérieur fléchissant l'avant-bras [m. biceps brachial]. Ce tendon n'atteint jamais le ligament de l'articulation chez l'homme, comme il le fait assurément, quoique de manière peu visible, dans les singes caudés, chez qui le processus coracoïde est peu en relief ; enfin,vous ne trouveriez aucune aucune région de la scapula vacante sur laquelle ce tendon puisse commodément s'implanter à part ce processus. Si vous considérez attentivement la nature de ce muscle [m. petit pectoral] vous admettrez sans aucun doute que la Nature a produit ce processus de la scapula non en vue d'une autre fonction, mais spécialement pout permettre l'insertion de ce muscle, puisque ce processus offre une surface parfaitement adaptée à cette insertion. Les fibres de ce muscle ne se croisent pas comme celles du musclezz Δ dans les planches III et IV que nous avons mentionné comme étant adducteur du bras. Puisque la Nature a créé ce muscle à cet emplacement et avec cet aspect, comment, je vous prie, pourrait-il mener le bras plus haut sur la poitrine que la partie supérieureaa K, L dans les planches III et IV du muscle précédent [m. grand pectoral]? Son début en effet ne monte pas aussi haut que le début du muscle précédent, dont la direction, à partir de la clavicule et de la partie supérieure de l'os de la poitrine, est remarquablement oblique vers le bas, alors que ce dernier muscle [m. petit pectoral], qui a un début issu de la deuxième et de la troisième côtes aussi haut que possible, est situé plus bas et a une direction moins oblique, s'étendantbb De i à l dans la planche V. Comparez cette direction avec K,L vers Q dans la planche III
c L dans la planche V
plus ou moins vers le haut. C'est pourquoi si vous examinez tout cela attentivement et si vous acceptez avec Galien que l'insertionc du muscle en question se fait dans la région de la tête de l'humérus, et s'étend quelque peu dans le ligament de l'articulation, vous reconnaîtrez nécessairement que ce muscle réalise une adduction du bras ni plus bas ni plus haut que celle qui est réalisée par le premier muscle, comme je l'ai dit précédemment. Puisque je sais de manière très certaine que ce muscle a été créé chez les hommes en vue de la scapula uniquement, et non en vue du bras, je placerai sa description dans mon exposé sur les muscles moteurs de la scapula, et j'aborderai à présent les autres muscles moteurs du bras.Le deuxième muscle moteur du bras Donc, je considère qu'un muscle uniquedd Δ dans la planche III est l'auteur de toutes les adductions du bras sur la poitrine et j'établis également comme un seul muscleee Ξ dans planche X ; et K dans planche I ; M dans planche II ; P dans planche III ; γ dans planche V ; L dans planche IX ; M,P dans planche XI, et en particulier la figure insérée dans l'index de cette planche celui qui élève le bras [m. deltoïde]. Ce muscle est charnu et formé de plusieurs débuts mais contigus, il est formé pour ainsi dire par plusieurs muscles (si vous considérez son propre début et ses nombreuses lignes)[323]. Il provient du milieu de la longueur de la claviculeff A partir de e sous f, planche IV
g Ligne de l à Q, planche III
face à la scapula, il est contigug au muscle adducteur du bras sur la poitrine. Ce muscle est également originaire du sommet de l'épaule [acromion]kk de N à O en passant par M, planche X
h De Q à λ dans les fig. à la fin du livre I
i De K à i, vers G, dans la fig. 2, chap. 21, livre I
à l'endroith où ce dernier se joint à la clavicule, et de toute l'épinei de la scapula. De toute cette région de la clavicule, du sommet de l'épaule et de l'épine de la scapula provient sur une ligne continue un début nerveux, qui à peine né, devient immédiatement charnu, très épais et saillant. Restant charnu à partir de son début, ce muscle devient progressivement plus étroitll Dans les fig. insérées dans l'index de la planche XI : A,B,C se réunissent à D
m P inférieur, planche XI
pour former comme une pointe triangulaire jusqu'à ce qu'il s'insèrem sur l'humérus par un large et robuste tendon fait d'un mélange de chair et de substance nerveuse, sur la largeur de l'humérus, à une certaine distance de son col. Son insertion, plus nerveuse en dedans qu'en-dehors, ne se fait pas complètement en travers, elle est légèrement oblique depuis l'avant en se dirigeant en bas vers l'arrière, mais elle n'est nullement droite ou verticale (bien que Galien atteste du contraire,[324]Livre 5 des Procédures anatomiques en lui attribuant la même forme d'insertionnn Δ vers Q, T dans la planche IV qu'au muscle adducteur du bras sur la poitrine [m. grand pectoral], lequel s'insère longitudinalement sur l'humérus comme nous l'avons dit. Donc quand on regarde son périmètre, tout le muscle présente l'image d'un triangle, et pour cette raison les Grecs l'ont appelé «  deltoïde  » d'après sa ressemblance avec un delta majuscule Δ. De même, parce qu'il s'étend par-dessus l'articulation de l'humérus avec la scapula, que les Grecs appellent ômos, « épaule », et qu'il la recouvre plus ou moins, ils l'ont appelé le muscle épômis, « muscle de l'épaule ». Mais dans tout mon exposé narratif, je l'appellerai le « muscle qui élève le bras ». Par ailleurs, les côtés qui circonscrivent ce muscle sont les suivants. Le premier côtéoo Dans la fig. insérée dans l'index de la planche XI : A marque le premier côté qui va de B à C ; le deuxième va de A à D ; le troisième de C à D. Ou consultez les planches IV, X et XI (ceci pour économiser de l'espace ici) va du milieu de la clavicule au sommet de l'épaule [acromion], et de là par l'épine de la scapula jusqu'à sa base. Le deuxième côté va en diagonale depuis la clavicule en descendant vers le côté interne de l'insertion, c'est-à-dire qu'il se trouve entre ce muscle et celui qui est adducteur du bras sur la poitrine, là où les deux muscles se rencontrent. Le troisième côté s'étend depuis la base de la scapula, là où son épine commence à se projeter, et va en diagonale vers le bas jusqu'au côté externe de l'insertion du muscle.

[Illustrations]

A indique le sommet du triangle dont il est question ici.

Par ailleurs les anciens Grecs qui enseignaient soigneusement à leurs enfants la fabrique du corps et qui comparaient toute chose - comme cela est véridique - à des formes familières aux enfants, ne se contentaient pas de cette figure triangulaire et semblent avoir comparé l'origine de ce présent muscle à une pointe triangulaire que le muscle ne montre pas avant d'être libéré de son origine et d'être placé sur une surface plane.

×C'est-à-dire latéralement.
×Inscriptio désigne les « lignes » ou sillons à la surface des muscles ou les intersections de tendons.
×La parenthèse est fermée dans le texte, probablement une erreur typographique, car la phrase continue comme si elle ne l'était pas.