Livre II
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saisissez la membrane charnue avec un crochet ou les ongles et détachez-la de tout le thorax et de l'abdomen, en progressant vers l'épine, en la laissant cependant attachée aux petites glandes qui se trouvent dans les aisselles. Lorsque la membrane a été détachée de cette manière jusqu'au creux de l'aisselle, elle doit être tendue à la lumière et soigneusement examinée pour voir si elle dégénère en un muscle charnu sous les aisselles, depuis la région des lombes et des fausses côtes. Si par hasard vous voyez que cette membrane a été augmentée de fibres charnues (je sais que cela n'arrivera pas), séparez-la avec grand soin des aisselles en observant si elle s'insère par un tendon sur l'humérus ou si elle adhère seulement à ces parties par des connexions fibreuses (comme sur le reste du thorax). Et soyez très attentifs : ne vous montrez pas ignorants au point de prendre la graisse, qui se trouve sur les flancs du thorax et sur tout le rachis, pour de la chair. J'en ai vu certains, si ignorants et si négligents dans la distinction des parties similaires qu'au premier regard, ils estiment que la graisse dorsale est de la chair, parce qu'ils la voient ici beaucoup plus rouge que partout ailleurs, à cause de la position couchée. En effet quand un cadavre a été couché sur le dos un jour ou deux, toute la partie qui est couchée devient rouge comme si elle était enflammée, de même que la graisse de cette partie. Donc par cette méthode de dissection, vous verrez facilement si la membrane se transforme en muscle ou si elle a été faite telle pour mouvoir la peau du bras. Pour moi cette membrane ne devient jamais musculeuse chez l'homme et elle ne s'insère pas sur l'humérus par un tendon, elle ne lui est même pas contiguë.Procédure de dissection du premier muscle moteur du bras Par ailleurs, quand vous aurez séparé toute la membrane du tronc et de la région au milieu du bras et que vous aurez eu accès au muscle adducteur du bras sur la poitrinedd Δ , planche III [m. grand pectoral], cherchez avant tout si ce muscle fin dont sont dotés les singes à queue et qui se dirige de la région des seins en diagonale vers le haut est bien visible à quelque endroit. Mais puisque ce muscle n'existe pas chez l'homme, coupez la tête du muscle adducteur du bras sur la poitrine, en la séparant à l'aide d'un rasoir ou d'un scalpel de la clavicule et de toute la région de l'os de la poitrine [sternum] et des cartilages qui s'y insèrent, érignez-le par des crochets ou par le bout des doigts, et écartez-le avec les doigts ou un couteau en buis des corps sous jacents, en direction de l'épaule. Pendant que vous séparerez la tête de ce muscle à l'aide du rasoir, soyez très attentif à n'enlever aucun autre corps que celui-là. En effet chez les chiens et les singes, au-dessus des cartilages des vraies côtes s'étend un muscleee De r à ∫ et t, planche V que nous considérerons faisant plus ou moins partieff Δ , planche V du muscle droit de l'abdomen, et qui selon les dires de Galien a été formé en vue de la respiration ;Livre 6 des Procédures anatomiques il est considéré comme un muscle appartenant au thorax, distinct du muscle droit, comme nous l'expliquerons plus longuement dans la description des muscles moteurs du thorax. Même si pour ma part je ne trouve pas ce muscle, je vous préviens que certains parmi ceux qui étudient l'anatomie essaient cependant de l'observer et qu'entre collègues ils pourraient se dire au cours d'une dissection qu'un muscle de ce genre, selon l'opinion de Galien, serait dissimulé ; par conséquent ils sépareraient mal le muscle adducteur du bras sur la poitrine de son début ou l'ayant détaché sans y faire attention, ils le rejetteraient. Et il faudra prêter attention non seulement à ce muscle, mais aussi à celui qui, chez les singes, est caché sous le muscle adducteur du bras sur la poitrine et qui s'étend vers le ligament de l'articulation différemment que chez les hommes, comme cela a été dit. Et il n'est donc pas étonnant que, lorsque je montre la fabrique de l'homme dans une dissection publique, je montre systématiquement aussi un singe ou un chien[336].Procédure de dissection du deuxième muscle moteur de la scapula, pour avoir accès au reste des muscles du bras Par ailleurs, en laissant à présent ce grand muscle adducteur du bras sur la poitrine encore appendu à l'humérus, vous aurez accès aux autres muscles du bras que vous ne pourrez pas disséquer facilement sans avoir enlevé d'abord le muscle [m. trapèze]gg Γ , Δ , planche IX, là il est clairement délimité qui s'avance depuis l'os occipital, s'étend à travers toute la nuque et s'insère sur toute l'épinehh G,I,K dans la fig. 2, chap. 21, livre I de la scapula, sur l'acromion et en même temps sur la régionii De I à Q dans les fig. 1 et 2, chap. 22, livre I de la clavicule qui en est proche, et qui, de là, s'étend vers le bas en passant par la partie convexe et la base de la scapula, jusqu'à ce qu'il se joigne au sommet de l'épine de la huitième vertèbre thoracique. En effet ce muscle se joint en quelque sorte aux sommets des épines, de l'occiput à la huitième vertèbre thoracique, et tire son origine d'elles. Nous traiterons ultérieurement de ce muscle et des autres muscles moteurs de la scapula ; mais il est nécessaire de le mentionner rapidement ici, parce qu'on ne pourrait pas voir correctement les muscles moteurs postérieurs du bras tant que ce muscle n'a pas été coupé et séparé depuis l'épine et l'occiput jusqu'à son insertion. Cette dissection est faite au moyen d'un rasoir ou d'un scalpel, après avoir fait une incision le long de la colonne spinale -ce qui risque de blesser ce muscle jusqu'aux organes sous jacents, puis une autre incision doit être faite le long de l'occiput pour séparer au même endroit le début du muscle de l'os occipital. Mais si vous craignez peut-être d'abîmer un muscle sous jacent par ces incisions, introduisez un petit couteau en buis sous les bords externes du muscle sur le côté qui va de l'occiput à la clavicule et ensuite sous celui qui descend de l'acromion ou de la clavicule à l'épine de la huitième vertèbre thoracique. Lorsque le scalpel a été inséré de cette façon et manipulé vers le haut et vers le bas, vous forcerez ce muscle à s'écarter des muscles moteurs de la scapula sous jacents, et vous pourrez alors facilement conjecturer l'épaisseur de son début nerveux, en tractant sans effort le muscle libéré des corps sous jacents jusqu'à son insertion. Mais de nouveau, comme nous le dirons dans la description particulière de ce muscle, il faut veiller à ne pas enlever en même temps le muscle qui s'avance de l'occiput à la scapula ; c'est celui qui, selon l'enseignement de Galien, tire également la scapula vers le haut en compagnie de celui que vous venez de disséquer. Et je ne dis pas cela comme si je supposais que les hommes ont ce muscle en commun avec les singes,

×Même si Vésale montre l'animal pour que les spectateurs voient la différence avec l'homme, et par conséquent, puissent se détacher de Galien, ce procédé ouvre la voie à l'anatomie comparée.