Livre II
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il sera coupé au rasoir : tracez deux lignes, la première par le côté supérieur de l'épine de la scapula, la seconde le long du sommet supérieur de ce même muscle, ensuite examinez comment ce muscle se joint au ligament de l'articulation de l'épaule.Procédure de dissection du sixième muscle Le musclexx Γ , planche VII donnant un mouvement de rotation au bras [m. sous scapulaire] qui occupe la face interne de la scapula ne se présente pas facilement à la vue si vous n'avez pas séparé la scapula des clavicules au préalable dans l'ordre de la dissection, et tant que les muscles moteurs de la scapula sont encore intacts, vous auriez du mal à séparer la scapula de la clavicule ou même à l'enlever du thorax en même temps que la clavicule. Donc, quand vous aurez vu que la scapula est libérée de la clavicule selon le sens de la dissection, ou qu'elle aura été entièrement enlevée du thorax, vous pourrez très facilement procéder à la dissection de ce muscle que j'ai compté comme le sixième dans la série des muscles moteurs du bras : alors le muscle entier sera plus rapidement détaché de la cavité de la scapula par le rasoir, et vous examinerez sans difficulté sa fonction et celle des autres muscles. Cependant, je suis aussi d'avis qu'il faut reporter la dissection du muscleyy I, planche VII que nous avons compté comme le cinquième muscle, jusqu'à ce que vous ayez libéré la scapula de la clavicule, car ce muscle est dissimulé dans la cavité de la scapula adjacente au thorax.

Chapitre XXV. Les ligaments de l'articulation de l'humérus avec la scapula

J'ai établi dans le premier Livre que la tête de l'humérusaa Voyez dans l'ordre A, B, C, D, E, F, G dans les fig. 1 et 2, chap. 23, livre I
b A, B dans la fig. 2, chap.21, livre I
avait été faite large et ronde avec pertinence, comme l'acétabule de la scapulab avait été fabriqué ni très large ni très profond (à cause des mouvements variés que nous accomplissons avec le bras). Mais, ai-je ajouté, pour que cette articulation si lâche ne soit pas trop peu protégée ou que l'humérus ne quitte pas son emplacement au moindre mouvement, la Nature a produit des processuscc μ , λ dans la première des trois dernières fig. du livre I de la scapula et plusieurs ligaments reliant les os l'un à l'autre. Par ailleurs, puisque j'ai terminé la description des processus protégeant l'articulation et de la plupart des musclesdd principalement les muscles moteurs du bras qui l'enserrent, le temps est venu de traiter aussi les ligaments de l'articulation. Dans le Livre précédent, nous avons écrit comment la partie supérieure de l'humérus pouvait être plus ou moins divisée en deux têtes inégales : la tête interne [médiale] qui est grande et arrondie en forme de demi-sphère, à cause du cartilage lisse et propre à l'articulation qui la recouvre, et la tête externe [latérale], présentant une surface externe âpre et irrégulière, qui est séparée de la tête interne [médiale] par une dépression peu profonde et large. Et à cause d'une autre dépressionee H, I dans la fig. 1, chap. 23, livre I [sillon intertuberculaire][343]creusée dans la partie antérieure de la tête externe [latérale], pour donner passage à la tête externeff la tête du muscle Θ dans la planche VI du muscle antérieur fléchisseur de l'avant-bras [longue portion du muscle biceps brachial], cette tête externe [latérale] de l'humérus semble double, plus en relief sur les deux bords [crêtes] de cette dépression que partout ailleurs. Et tout cela a été fait principalement pour les ligaments de cette articulation, la tête médiale pour l'articulation, la tête latérale pour recevoir l'insertion des ligaments ou pour en être l'origine.Les ligaments attachant l'humérus et la scapula Trois robustes ligaments attachent l'humérus à l'acétabule de la scapula, en plus du lien commun entourant toutes les articulations comme une membrane, tantôt fine, tantôt épaisse [capsule articulaire].Le ligament commun à toutes les articulations Donc ce ligamentgg Comme il n'a pas d'épaisseur, il n'a pas pu être représenté individuellement, en-dehors des planches montrant les os, par exemple planche VIII ample et membraneux est commun à toutes les articulations, il prend son début en cercle à partir des sourcils[344]du col de la scapula, entoure toute l'articulation, s'insère d'abord sur la base de la tête interne [médiale] de l'humérus puis s'implante sur toute la volumineuse surface de la tête externe [latérale] et sur le col de l'une et de l'autre.Les trois ligaments intrinsèques Parmi les trois autres ligaments, deuxhh d et e, planche V
i V, planche I [erreur pour XIII]
k d, planche V
l b, planche V
sont parfaitement cylindriques comme des nerfs, mais le troisièmei est plus ample. Le premier ligament Le premierk ligament[345]est originaire de l'apex du processus interne [processus coracoïde]l de la scapula, et progressant à partir de là, il s'étend autour des parties interne et antérieure de la tête externe [latérale]mm D dans la fig. 1, chap. 23, livre I de l'humérus, en étant très solidement attaché à une ligne sur cette surface de la tête.Le deuxième ligament Mais le deuxième ligamentnn e, planche V [tendon de la longue portion du muscle biceps brachial], qui est plus épais et plus grand que le précédent, est originaire de la partie supérieureoo A dans la fig. 1, chap. 21, livre I du col de la scapula, sous l'acromion, et passant par-dessus la tête interne [médiale] de l'humérus, il s'insère sur toute la région de la tête externe [latérale]pp E dans les fig. 1 et 2, chap. 23, livre I (près de H dans la fig. 1)
q m dans le muscle Θ , planche VI
qui fait saillie sur le bord externe de la dépression qui offre un passage à la tête externeq du muscle antérieur fléchissant l'avant bras. Le côté antérieur de ce ligament se joint au côté postérieur du premier ligament, et tous deux forment ensemblerr f, planche V une espèce de ligament transverse, maintenant la tête de ce muscle dans cette dépression [gouttière].Le troisième ligament Le troisièmess V, planche XIII et dernier ligament [ligament gléno-huméral][346]prend son début de la même région que le deuxième, et s'avançant en diagonale, il s'insère sur toute la région postérieurett De E à F dans la fig. 2, chap. 23, livre I de la tête externe [latérale] de l'humérus ; il en résulte que ce ligament entoure la région postérieure de l'articulation, car de même que son début est plus large il fait une plus ample insertion sur l'humérus.Le ligament s'étendant du processus interne de la scapula au processus supérieur Outre ces trois ligaments, servant principalement à maintenir l'humérus en place et à l'empêcher de glisser vers le bas et hors de l'acétabule de la scapula, il y a encore un autreuu c, de b à a, planche V ligament [ligament coraco-acromial][347]qui empêche l'humérus de se luxer vers le haut et en avant ; il se trouve à mi chemin entre l'acromion et le processus interne [processus coracoïdien] de la scapula, il est également robuste et s'étend également depuis le processus interne de la scapula vers le haut et en diagonale vers l'acromion, mais sans jamais toucher l'articulation de l'humérus avec la scapula.

×Voir Fabrique I, chap. XXIII. Vésale décrit ici la gouttière qui sépare le grand tubercule et le petit tubercule de l’humérus. « Dans cette gouttière glisse le tendon d’origine de la longue portion du muscle biceps brachial entouré de sa gaine séreuse. Cette gouttière se prolonge sur la face médiale de l’humérus, bordée par deux crêtes, l’une médiale, la crête du petit tubercule ou lèvre médiale de la gouttière ; l’autre latérale, la crête du grand tubercule ou lèvre latérale de la gouttière. La lèvre latérale donne insertion au tendon du muscle grand pectoral ; la lèvre médiale donne insertion au tendon du muscle grand rond. Le tendon du muscle grand dorsal s’insère au même niveau dans le fond de la gouttière » (Dict. Académie nat. Médecine).
×Voir Fabrique I, p. 10. L'image du « sourcil » (supercilium) employée par Vésale ne semble pas avoir été utilisée ailleurs et le terme est inconnu en ce sens par les modernes qui lui préfèrent lèvre (labrum).
×Il s'agit du ligament coraco-huméral, épais de 3mm, qui se détache du bord latéral du processus coracoïde et se termine sur le col anatomique de l’humérus par deux faisceaux qui prennent en fourche le sillon intertuberculaire (dictionnaire-academie-médecine.fr)).
×Ce ligament provient de la cavité glénoïdale ou surface articulaire portée par l’angle latéral de la scapula, qui s'articule avec la tête de l'humérus.
×Ligament triangulaire formant une voûte fibreuse au-dessus de l’articulation gléno-humérale. Il s’insère par sa base sur le bord latéral du processus coracoïdien et par son sommet à l’extrémité antérieure et à la face inférieure de l’acromion (dictionnaire-academie-médecine.fr).