Livre II
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[Illustrations]

Bien que l'on puisse trouver une illustration du muscle dont nous nous occupons actuellement dans la deuxième planche des muscles aux lettres K et L, et beaucoup plus clairement encore dans la neuvième planche, de Γ à Δ, et dans les autres caractères typographiques qui le circonscrivent, nous avons délimité grossièrement son périmètre ici par des lignes dans la figure du haut. Dans celle du bas, j'ai dessiné le trapezium que Galien décrit de manière obscure dans le quatrième livre des Procédures anatomiques[351]. La ligne transversale qui longe l'occiput s'étend de A à B. De A à C une ligne verticale va de l'occiput à l'épine de la huitième vertèbre thoracique. De B à D une ligne oblique s'étend de l'occiput à la clavicule. De D à C une ligne, également oblique, va de la clavicule à l'épine de la huitième vertèbre thoracique. Enfin, de D à E, est notée l'insertion du muscle sur l'épine de la scapula, l'acromion et la partie la plus large de la clavicule. Sur la figure du bas, F indique l'angle droit du triangle et sa base, G une ligne à égale distance de sa base sur toute sa longueur. Tout l'espace entre F et G indique le trapèze c'est-à-dire une figure en forme de « table à manger » dont on aurait enlevé l'angle aigu du triangle.

Les deux lignes de ce muscle sont donc les suivantes : la première, conduite transversalement le long de l'occiput, est fine mais néanmoins charnue ; la seconde descend verticalement le long de l'épine depuis le milieu de l'occiput jusqu'à la huitième vertèbre thoracique. Outre ces lignes, il en existe deux autresmm De F à H, planche IX qui sont obliques : la première s'étend depuis la terminaison de la ligne transversale à l'endroit où elle est en regard de l'oreille et descend obliquement vers l'avant, c'est-à-dire vers la droite dans le muscle droit, jusqu'à l'endroit où ce muscle est en contact avec la partie la plus large de la claviculenn De I à Q dans les fig. 1 et 2, chap. 22, livre I ; et aussi L dans la fig. 1, chap. 21, livre I
o De H à G, planche IX
articulée avec l'acromion.o La seconde ligne, également oblique, descend progressivement en diagonale vers l'arrière depuis la terminaison de la ligne qui vient d'être mentionnée, à l'endroit où elle touche la clavicule. Au cours de sa direction vers le bas, cette ligne forme un angle aigu dans la région de la huitième vertèbre thoracique avec la fin de la ligne verticalepp De E à G, planche IX qui s'étend le long de l'épine. Le muscle est circonscrit par ces quatre lignes, mais en outre il a une autre ligne transversaleqq De H à I, planche IX plus ou moins dans son milieu : c'est par elle qu'il s'insère sur la totalité de l'épinerr De G à L, par I, K, dans la fig. 3, chap. 21, livre I de la scapula, sur l'acromion et sur la partie la plus large de la clavicule. Dans cette partie (qui est pour ainsi dire son tendon), à l'endroit où il fait son insertion, il est nerveux et en même temps charnu, mais dans la partiess * entre H et G, planche IX en regard du col de la scapula, et là où sa quatrième ligne descend depuis la clavicule vers la huitième vertèbre thoracique, il a un aspect membraneux, plus ou moins en forme de demi-sphère, comme s'il ne pouvait pas être plus épais ou charnu à cet endroit (de crainte de comprimer trop fortement les musclestt principalement M, planche IX occupant la partie convexe de la scapula). Dans la partie restante, comme nous l'avons déjà fait remarquer, il est entièrement charnu (sauf à l'endroit où il se joint à l'épineuu b, planche IV du rachis), mais néanmoins fin partout, sauf dans la région où il a une implantation très robuste sur la totalité de la surface de l'acromion et de la partie la plus large de la clavicule. En outre ses fibresxx représentées par les lignes dessinées sur le muscle, planche IX ne vont pas toutes dans la même direction ; en effet celles qui s'étendent vers le bas depuis les épines des vertèbres cervicales s'avancent progressivement vers l'avant de manière oblique, comme la ligne externe de cette partie du muscle, jusqu'à qu'elles s'insèrent sur l'épine de la scapula, sur l'acromion et sur le côté le plus large de la clavicule. Ces fibres ont toujours une direction plus ou moins oblique ou transversale selon que leur origine sur les épines des vertèbres cervicales est plus ou moins proche [du corps] des vertèbres thoraciques ; ainsi, celles qui sont originaires de la base du cou sont presque complètement transversales. Mais celles originaires des épines des vertèbres thoraciques et s'étendant vers le haut et vers l'avant, sont d'autant plus verticales et moins transversales qu'elles sont proches de la huitième vertèbre thoracique. Un tel agencement de fibres montre que toute la scapula est non seulement tirée vers le haut par ce muscle mais qu'elle a également un mouvement vers le bas et un autre vers l'arrière. En effet, au cours d'une dissection, si la partie supérieureyy Γ , planche IX du muscle est tractée vers son origine, vous voyez que toute la scapula est tirée vers le haut. Mais si la partie inférieureaa Δ , planche IX du muscle située entre l'épine de la scapula et la huitième vertèbre thoracique, a été étirée en direction de son origine, toute la scapula est tirée vers le bas. Au cours d'une dissection, lorsque le muscle tout entier a été contracté, et particulièrement à l'endroit où il est attaché aux épines des vertèbres cervicales inférieures et à celles des vertèbresbb Cf. K, planche IX thoraciques supérieures, nous voyons que la masse de la scapula est amenée verticalement en arrière. Il s'ensuit que le présent muscle est responsable de mouvements opposés et, comme cela a été dit précédemment, qu'il exige pour cela des fibres en sens contraire ; et cependant on pourrait vraiment dire qu'il n'y a aucune disjonction ou rupture dans une quelconque de ses parties. En expliquant l'unité de ce muscle, je le considèrerai comme un muscle unique, bien que par rapport à sa fonction, je ne voie pas d'inconvénient à ce que quelqu'un le compte comme deux muscles ou davantage. Mais je m'étonne qu'environ à la moitié du quatrième livre des Procédures anatomiques, Galien ait divisé ce muscle en deux parties et ait décrit plus longuement la partie supérieure que le reste de tout son corps, disputant contre Lycos de manière agressive[352]. Cependant, à la fin de son livre, il a nommé sans y attacher d'importance la partie inférieure de ce muscle, quand il insinue que la scapula est mue vers le rachis par deux muscles intrinsèques, dont le muscle inférieur est la partie inférieure de notre muscle, prenant son origine principalement des épines des vertèbres thoraciques, qu'il appelle dans un autre passage « le muscle inférieur de la scapula ». Quoi qu'il en soit, sur ce point, notre dissension avec Galien aurait été minime, s'il avait accepté que les deux muscles qu'il a décrits sont en fait un seul corps continu. En effet, même si l'insertioncc De H à I, planche IX de ce muscle [m. trapèze], qui se fait sur une large ligne s'avançant complètement en oblique,

×Cf. Galien, Procédures anatomiques IV, 6. La suite immédiate de la description de Vésale correspond à la figure supérieure.
×Sur Lycos de Macédoine, voir Ivan Garofalo, La tradition de l'anatomie « pour étudiants », dans A. Garzya, Storia e ecdotica dei testi medid greci. Atti del II Convegno internazionale, Parigi 24-26 maggio 1994, Naples, 1996, p. 155-179 et Galien, L'anatomie des muscles, éd. Garofalo-Debru, Paris, Les Belles Lettres, 2005, p.91-92.