Livre II
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Chapitre XXVIII. Les muscles moteurs de la tête

Les mouvements de la tête Dans le Livre précédent, où nous avons longuement présenté la structure de la première et de la deuxième vertèbres cervicales, nous avons rappelé que la tête est mue par des mouvements intrinsèques et secondaires. De même que l'avant-bras est élevé en même temps que le bras, et que le cavalier avance en même temps que le cheval, la tête doit nécessairement suivre les mouvements de la nuque. Et ainsi, la tête est mue par autant de mouvements secondaires que la nuque l'est par ses mouvements intrinsèques : la nuque se tend ou se renverse en arrière vers le rachis, fléchit en avant, s'incline latéralement sur l'épaule, mais n'importe comment, elle est fléchie, tendue ou dressée. La tête est mue par un seul mouvement intrinsèque même quand la nuque est au repos : elle fléchit, se tend ou est mue en arrière et en avant, mais elle ne peut pas être mue latéralement sans l'aide de la nuque ; lorsque la nuque est immobile et rigide, personne ne peut incliner la tête sur les épaules. Bien que Galien n'ait pas bien vu cela dans le quatrième livre des Procédures anatomiques. Par ailleurs, outre la flexion et l'extension, qui, selon mon opinion, et contre la leçon de Galien, sont les mouvements que la tête produit au-dessus de la première vertèbre cervicale, nous avons écrit dans le Livre précédent[356]qu'un autre mouvement a été donné à la tête, qui est le deuxième mouvement intrinsèque de la tête : par ce mouvement, la tête tourne sur son axe comme sur une espèce de roue, qu'elle fléchisse ou soit tendue, avec la nuque ou sans la nuque, et cela se fait sur la deuxième vertèbre, contre la leçon de Galien, comme je l'ai dit.Quels muscles doivent être décrits dans ce chapitre C'est pourquoi il serait très utile maintenant de recenser tous les muscles qui servent aux mouvements intrinsèques de la tête et ensuite ceux qui président aux mouvements de la nuque. Certes, il sera nécessaire de revenir aux muscles de la nuque quand je décrirai les muscles moteurs du rachis, mais je vous laisse découvrir par ses propres livres avec quel soin Galien les a décrits.Surtout dans le livre 4 des Procédures anatomiques Quant à moi, si je dois les décrire de manière claire et vraie, je ne m'attacherai pas continuellement à ses pas, bien que je sois disposé, autant que je le puis, à suivre son ordre afin qu'ainsi ce coryphée des Anatomistes soit intelligible.Première paire de muscles moteurs de la tête ou de la première vertèbre Tout d'abord, il me faut expliquer six conjugaisons ou paires de muscles, logées dans la partie postérieure de la nuque, et servant en partie aux mouvements de la tête, en partie à ceux de la première vertèbre cervicale. Mais avant d'aborder leur description, Galien a placé deux autres paires de muscles, en-dehors de la série, servant aux mouvements de la scapula : la première paire, commune aux hommes et aux singes, est celle dont le muscle symétrique [m. trapèze]aa Γ dans la planche IX s'insère sur l'épine de la scapula, l'acromion et la surface la plus large de la clavicule, comme nous l'avons dit. Mais les hommes ne possèdent pas la deuxième paire, dont le muscle symétrique provient de l'occiput, et va en direction de l'angle supérieur de la base de la scapula chez les singes, comme nous l'avons rappelé. De là il s'ensuit que le muscle que nous appellerons le « premier muscle » a été compté comme le troisième par Galien. La première paire de muscles de la têtebb Γ dans planche XII ; A dans panches X et XI [m. splenius][357]consiste en deux muscles, un de chaque côté du corps : chaque muscle symétrique est originairecc A, planche XII de l'apex de l'épine de la cinquième vertèbre thoracique, ensuite de l'apex des épines des quatrième, troisième et première vertèbres thoraciques. À l'endroit où il est issu de la cinquième vertèbre thoracique, son début forme un angle aigu, qui s'étire vers le haut, en s'élargissant progressivement, et alors que ce muscle se porte déjà vers la troisième et la seconde vertèbres thoraciques, il devient si ample que son côté externe se trouve à l'extérieur de la région des processus transverses des mêmes vertèbres. Utilisant toute cette largeur, ces muscles dirigés vers le haut prennent leur origine (mais très légère) sur les épines des cinq vertèbres cervicales inférieures. Mais quand ils atteignent l'épine de la troisième vertèbre cervicale, alors que jusqu'ici dans leur ascension le muscle à droite était joint au muscle à gauche, ils s'écartentdd D, planche XII progressivement, jusqu'à ce qu'ils s'implantent le long d'une ligne transversaleee B, C, planche XII dans l'os occipital par une large et charnue insertion. La largeur de cette insertion est aussi grande que la distance entre le côté interne de l'un des muscles et le milieu de l'occiput, et entre son côté externe et la base de l'oreille ; la largeur de l'insertion des deux muscles est donc aussi grande que la distance dans l'occiput d'une oreille à l'autre qui n'est pas occupée par l'insertion des muscles. Par ailleurs cette récession des muscles l'un de l'autre a une forme parfaitement triangulaireff B, E, D, planche XII si vous tracez une ligne transversale à l'occiput, depuis le côté interne d'un des muscles jusqu'au côté interne de l'autre muscle, et ensuite deux autres lignes depuis chacune des deux terminaisons de cette ligne, suivant le côté interne de chacun des deux muscles en direction de l'épine de la troisième vertèbre cervicale, comme pour former le sommet d'un triangle. Chaque muscle séparément a de nouveau une forme triangulairegg BA, CA, CB dans la planche XII si vous considérez qu'à la place d'un des côtés, il y a une ligne longeant l'épine dorsale jusqu'à l'occiput, au lieu du second côté, une ligne qui suit le côté externe du muscle, et à la place du troisième côté, une ligne qui représente l'insertion transversale du muscle à l'occiput. Les fibres de ces muscles se dirigent vers le haut et légèrement en oblique à partir des épines des vertèbres, comme en direction des processus supérieurs des vertèbres, et elles se terminent toutes ensemble dans l'occiput.

×Voir Fabrique I, chap XV, p. 63-64 : longue controverse avec Galien sur les mouvements de la tête, dans laquelle Vésale se réfère à ce passage du livre II.
×Vésale regroupe les deux parties, muscle splénius de la tête et muscle splénius du cou, en un seul muscle profond.