Livre II
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Les muscles intercostaux externes ont de particulier le fait qu'ils apparaissent beaucoup plus nerveux et décharnés dans la région où les côtes commencent à se séparer des vertèbres que sur le reste de la longueur de l'interstice. Ils se dirigent non seulement de la région inférieure de la côte supérieure au sommet de la côte inférieure, mais ils commencent sur la partie externe de la côte supérieure et s'insèrent sur la partie externe de la côte inférieure.Les muscles intercostaux internes Les fibres des muscles intercostaux internesoo E, E planche VIII et aussi la fig. montrant l'intérieur de la poitrine sont disposées dans un sens opposé aux précédentes et se croisent avec celles des muscles externes en formant un X. En effet, à l'endroit où ils sont en contact avec les corps vertébraux, les muscles internes envoient des fibres s'étendant obliquement vers le haut et en avant, depuis la région supérieure de la côte inférieure vers le bas de la côte supérieure. Les muscles internes gardent cet arrangement de fibres à travers chacun des interstices des fausses côtes, et aussi dans les interstices des vraies côtes, jusqu'à l'endroit où elles dégénèrent en cartilages ; car dès que les muscles internes sont arrivés à cet endroit, ils changent la direction de leurs fibres : celles-ci s'avancent alors obliquement en avant vers le bas, depuis le cartilage de la côte supérieure à celui de la côte inférieure. En un mot, dans les interstices des vraies côtes, le sens des fibres des muscles situés entre les os est totalement à celui opposé à celui entre les cartilages. Les Arabes ont remarqué cela de manière plus concise, quand ils ont dit, comme certains anciens anatomistes, que dans chaque interstice il y a non pas deux, mais quatre muscles, bien qu'en fait cela ne fût vrai que pour les six interstices entre les vraies côtes (qui sont au nombre de sept). En effet dans les fausses côtes, on ne peut compter que deux muscles. Donc puisqu'il y a six interstices entre les vraies côtes, rien, dans l'alignement des fibres, ne nous empêcherait de compter trente-quatre muscles intercostaux symétriques, comme je l'ai fait peu avant, lorsque j'ai dit qu'il fallait décrire vingt-quatre muscles symétriques suivis de douze, en plus du muscle communpp Δ planche VII aux deux côtés.Fonctions des muscles intercostaux. Dans le fragment des Causes de la respiration En plusieurs passages Galien est d'avis que le thorax est resserré et élargi au moyen des muscles intercostaux, mais puisqu'ils sont doubles, il a écrit que les muscles externes produisent l'expiration, c'est à dire qu'en même temps que les côtes se rapprochent, elles compriment le thorax ; mais il a attribué la fonction d'inspiration aux muscles internes, c'est à dire qu'en même temps que les côtes s'écartent l'une de l'autre, elles agrandissent la cavité thoracique. Mais il n'est pas toujours constant avec lui-même, et il prétend parfois que les muscles externes sont préposés à l'inspiration et les muscles internes à l'expiration.À la fin du Mouvement des muscles Je souhaiterais que vous réfléchissiez soigneusement (mais sans sentimentalisme) pour savoir si une de ces deux opinions (n'importe laquelle, à votre guise) est conforme à la vérité. Pour ma part, qui me suis totalement dédié à Galien, je n'aurais absolument pas l'audace de contredire ses décrets, et encore beaucoup moins celle de les approuver[382], car jusqu'à présent je n'ai pas encore découvert comment les muscles intercostaux, qu'ils soient internes ou externes, peuvent séparer les côtes et les écarter l'une de l'autre ; et malgré toute l'attention que j'avais portée aux vivisections de Galien, dès que j'eus commencé à en faire, d'abord seul, puis en public dans les écoles de Padoue et de Bologne, elles ont prouvé le contraire des leçons de Galien plus qu'elles ne les ont confirmées. Ajoutez à cela que l'emplacement des muscles intercostaux, leur forme, leurs fibres et tout ce qui concerne leur fabrique, sont des arguments prouvant plus clairement que ces muscles rapprochent les côtes les unes des autres plus qu'ils ne les séparent. Les muscles externes placés entre les os des vraies côtes et dans les interstices des fausses côtes apparaissent amener la côte du bas vers celle placée au-dessus, et les muscles internes, avoir un mouvement opposé. Ensuite, je pense que les muscles externes, placés entre les cartilages des vraies côtes, tirent le cartilage supérieur vers celui placé en-dessous, et que les muscles internes attirent le cartilage inférieur vers celui placé au-dessus. Si cela est, que se passe-t-il d'autre sinon que tous en même temps contractent le thorax et le rendent plus étroit ? Par Hercule, il n'est pas irraisonnable que la Nature ait créé tous les muscles intercostaux pour l'expiration, c'est à dire, pour la constriction du thorax, puisque pour souffler, parler, tousser, éternuer, évacuer les fèces, faciliter l'expulsion du fœtus, bref, pour comprimer le thorax, nous avons besoin d'un mouvement et d'un élan plus forts que pour inspirer. C'est pourquoi les muscles auteurs de l'inspiration sont faibles et peu nombreux.Le septum transverse ou le muscle commun aux deux côtés Nous avons donc expliqué tous les muscles d'un seul côté, qui sont les mêmes sur l'autre côté, et il convient maintenant d'orienter notre propos vers le muscle communqq Δ planche VII ; I, I dans la fig. 1 du livre I ; r, r dans la fig. 2 ; H dans la fig. 3 ; Q dans la fig. 4 ; E dans la fig. 5 ; n, o dans la fig. 6 ; I dans la fig. 12 (du livre I) aux deux côtés [diaphragme]. C'est celui que les Grecs nomment phrenes, diaphragma, et anô koilian « au-dessus des creux », les Latins « muscle transverse » et quelquefois praecordia  ; il ne ressemble à aucun autre muscle du corps ni par son emplacement, ni par sa forme, car il est large, arrondi, et sa tête ou débutrr entre k, l, m dans la planche VII se trouve en son milieu. Il est entièrement membraneux sur toute sa largeur, des fibres courent comme des rayons depuis le centre vers la circonférence du cercle, et se distribuent dans les parties sur lesquelles le muscle s'insère. Ces fibres ne sont augmentées que de chair, elles rendent charnu le reste du muscle qui devient progressivement plus dense et plus charnu, au fur et à mesure que les fibres s'allongent. En effet, ces fibres progressent depuis le cercle membraneux vers le basss La planche VII montre l'insertion entière de l'os de la poitrine, près de la base du processus xiphoïde ; les autres fibres se succédant l'une l'autre s'insèrent près de l'extrémité des fausses côtes, non pas sur le côté externe des cartilages, mais sur leur côté interne, de telle façon que les cartilages des côtes avec celui du processus xiphoïde, fassent un rempart extrêmement solide pour le septum transverse [diaphragme].

×L'expression est ironique bien sûr, mais permet d'introduire l'éloge de la dissection (et de la vivisection) comme preuve de la vérité.