Livre II
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Ce muscle charnu ne s'insère pas vraiment sur les douze côtes, mais il s'y attache sur toute sa longueur, et, près de l'extrémité inférieure des côtes, il s'unit au muscle ascendant obliquett Π planche IV
u Δ planche VI
de l'abdomen, et encore plus auu muscle transverse. Par ailleurs les fibres du septum qui se dirigent vers les vertèbres du rachis ne font pas leur insertion sur la onzième vertèbre thoracique qui leur fait face, parce que la grande artère [aorte]xx q planche VII ; ou q dans la fig. 25, livre V allongée sous le septum transverse, et le sixième muscle de la cuisse [m. grand psoas]yy t planche VII recouvrent cette onzième vertèbre, si bien que le septum ne peut s'y attacher. Et les fibres qui auraient dû s'attacher ici à la onzième vertèbre thoracique, se terminent dans deux ligamentszz o, p planche VII ou tendons membraneux, mais très solides. Ceux-ci s'allongent vers le bas en direction des côtés de la grande artère [aorte], s'attachent à cet endroit aux muscles lombaires, et progressivement rendus plus étroits, ils s'étendent sous l'artère, et continuent leur chemin, mais sans être charnus, jusqu'à ce qu'ils trouvent les vertèbres lombales et s'y insèrent sur une longue distance par un tendon extrêmement solide. Donc tout le septum a une forme presque parfaitement circulaire, mais il a une position oblique, en effet il s'étend de l'extrémité de l'os de la poitrine [sternum] en passant par les extrémités des fausses côtes à la région dans les vertèbres lombales que nous avons décrite, et à cause de cela il a une position tournée vers le bas de l'avant à l'arrière. En plus il a deuxaa Dans la planche, l'un est sous k, l, m, n ; l'autre est à l'extérieur cercles, un membraneux [tendineux] qui est considéré comme sa tête, un autre charnu entourant le précédent, et de même que ce dernier devient encore plus charnu au fur et à mesure qu'il s'approche des côtes, de même, l'autre devient de plus en plus membraneux au fur et à mesure qu'il est près du centre ; aucun des deux ne forme l'image parfaite d'un cercle, mais chacun d'eux s'arrondit pour ainsi dire sur un côté et se termine en un angle aigu. Le cercle membraneux s'avance en angle aigu en haut et en avant, et le cercle charnu en bas et vers les parties inférieures[383] ; il montre une parfaite ressemblance avec la raquette utilisée pour jouer avec une petite balle, surtout quand le manche de cette raquette s'est défait et s'est légèrement ouvert, et que le bois lui-même est devenu plus court et plus large à force d'avoir été violemment cogné contre des parois[384]. Par ailleurs tout le corps du septum transverse [diaphragme] est recouvert par deux membranes ; toute sa partie inférieure, en regard des organes** Voyez les fig. des livres V et VI de la nutrition, est couverte par le péritoine ; mais toute sa surface supérieure, face au cœur et au poumon, est recouverte par la tunique enveloppant les côtes.Les foramina du septum Bien plus, contrairement à la nature des autres muscles, sauf de rares exceptions, le septum transverse [diaphragme] est troué de foramina ; en suivant l'opinion d'Hippocrate, Galien en avait compté deux : l'uncc q planche VII offre un passage aux vertèbres, à la grande artère [aorte] et à l'œsophage descendant vers l'orifice de l'estomac ; l'autredd ∫ planche VII est le foramen que la veine cave traverse pour aller dans le thorax[385]. En fait nous observons qu'ils sont trois : le premieree q planche VII se trouve à l'endroit où les débuts de leurs ligaments ou tendonsff o, p planche VII se séparent les uns des autres, ceux qui donnent passage seulement à l'artère, à la terminaison de la veine sans pair [veine azygos]gg Q dans la fig. du chap. 6, livre III qui nourrit les côtes, et aux rameaux de la sixième paire de nerfs crânienshh h dans la fig.2, chap. 2, livre IV qui se propagent sous la membrane enveloppant les côtes, et s'insèrent enfin en rangs nombreux sur le foie, la rate, les reins et l'omentum. Si quelqu'un souhaitait rejoindre Galien en ajoutant les vertèbres à cette liste, je ne m'y oppose pas, bien que le septum ne paraisse pas le moins du monde fournir une voie aux vertèbres, et que le nom de foramen donné à la voie par laquelle passe l'artère est encore plus inapproprié ; puisque cette voie creusée dans la circonférence du septum transverse [diaphragme] ressemble plus à un demi cercle et que le septum est joint à la partie supérieure ou antérieure des corps des vertèbres mais pas à leurs côtés. Le deuxième foramenii ∫ planche VII se trouve au milieu du septum transverse, un peu sur la droite cependant, et a été construit pour le passage de la veine cavekk B dans la fig. du chap. 6 , livre III dans le thorax ; le septum est très fermement attaché au corps de cette veine au moyen des membranes qui la recouvrent, tout comme ces membranes sont fortement attachées à tous les autres corps auxquels le septum offre une voie. Le troisième foramenll r planche VII est situé un peu au-dessous de la moitié du septum, tourné légèrement vers la gauche ; c'est par lui que l'œsophagemm D avec T et V à G dans les fig. 14 et 15, livre V et les branches de la sixième paire de nerfs passent en direction de l'orifice de l'estomac ; cela est totalement différent de ce que Hippocrate, Galien et les anciens Anatomistes ont pensé. Ce n'est pas seulement la dissection, mais la raison elle-même qui soutient mon opinion, car l'œsophage aurait été sévèrement courbé, s'il avait été appuyé sur le rachis dans le premier foramen à côté de la douzième vertèbre thoracique, et s'il s'était tordu ensuite vers le haut en avant dans l'orifice supérieur de l'estomac[386]. En effet le premier foramen est légèrement placé plus bas que la région du milieunn M, N dans la fig. 15, livre V de l'estomac, et l'estomac lui-même a une forme arrondie à l'endroit où l' œsophage le pénètre ; l'œsophage ne forme donc pas un corps continu avec l'estomac, pas plus à l'avant qu'à l'arrière.Fonction du septum Puisque j'ai suffisamment parlé de la forme et de la nature du septum [diaphragme], il est juste que je considère maintenant sa fonction. Platon a estimé que ce muscle n'est qu'une séparation entre l'âme désirante ou naturelle et l'âme belliqueuse[387] ; mais Aristote considérant que ces âmes sont les parties d'une seule âme placée dans le cœur, a affirmé que la Nature a créé le septum dans le but de séparer la région du cœur de celle du ventre et pour maintenir l'origine de l'âme hors d'atteinte des exhalaisons des aliments et d'un excès de chaleur adventice. Mais sa fonction ne s'arrête pas à cela : avec les muscles moteurs du thorax, il sert principalement à la respiration et à l'évacuation des excréments du ventre ; comment il meut le thorax est une fonction peu claire et j'ignore si quelqu'un a écrit quelque chose à ce sujet pour le laisser à la postérité ou si on a délibérément reproduit quelque chose qui avait été écrit auparavant[388]. En effet,

×Il s'agit ici des parties placées par dessous donc postérieures.
×Sur ce jeu de la raquette, commun dans les provinces du nord de la Belgique, décrit par Erasme dans Ludus spheræ per annulum ferreum (Coll. Fam.), voir Jean Hoyoux, Un « jeu » d'Erasme, Humanisme et Renaissance 4, n° 1 (1937): 78–80. http://www.jstor.org/stable/20673035.
×Rappelons que Vésale considère la veine cave comme unique, voir Fabrique III, chap. VII.
×Il s'agit de l'ostium cardiacum.
×Cf. Timée 70a. La citation introduit une très longue phrase exposant les théories philosophiques de Platon et d'Aristote concernant la définition de l'âme, sa situation près du cœur et le rôle de ce dernier. Nous réservons la discussion de ces arguments au livre V de la Fabrique.
×On remarquera le sujet indéfini de la phrase.