Livre II
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c'est une particularité de Galien (si j'ose dire ce que je pense) : lorsqu'il devient très prolixe, il se dérobe avec une histoire quelconque et, comme s'il ne le faisait pas de façon délibérée, passe sous silence ce qui aurait dû être expliqué en détail. Assurément, si l'on n'a pas une connaissance très précise de la situation du septum et de sa forme et si l'on n'a pas examiné ses fonctions dans une vivisection, l'action du septum ne sera jamais visible à un observateur superficiel. Autant que je peux le comprendre jusqu'à présent, le mouvement intrinsèque du septum consiste à attirer la partie terminale inférieure de l'os de la poitrine ainsi que les extrémités des fausses côtes vers sa tête c'est à dire vers son centre, en les tirant aussi légèrement vers le haut. En effet la tête du septum se trouve au milieu des parties qui doivent être mues, et les nerfs descendant de la nuque s'insèrent sur la partie supérieure de sa tête, face à la cavité thoracique. Donc, lorsque le septum est contracté et que les extrémités des fausses côtes sont plus ou moins attirées vers son centre, il contracte seulement la partie inférieure et antérieure du thorax qui est constituée par les cartilages des fausses côtes, mais en faisant cela, il dilate la partie postérieure qui s'étend du cartilage de ces côtes aux vertèbres, et accroît les interstices entre les cinq côtes inférieures [fausses côtes], avec la sixième et la septième côtes thoracique, sur le cartilage desquelles le septum s'implante aussi. Voilà comment le septum transverse dilate et élargit la partie inférieure du thorax. Pour suivre plus clairement ce que je dis, mettez d'abord les deux mains sur les cartilages de ces côtes [fausses côtes], inspirez fortement et sentez comment les extrémités des cartilages sont poussés en dedans et en haut ; ensuite laissez une main en place et posez l'autre à plat sur la région postérieure de ces côtes, inspirez à nouveau et examinez comment les côtes s'écartent du voisinage du rachis et comment les cartilages se rapprochent l'un de l'autre, à moins que vous n'ayez sous la main un chien ou un quelconque autre animal dont la vivisection puisse vous apprendre les fonctions du septum. Et dans cette procédure, il faut veiller à ne pas croire que l'animal expire, alors qu'en fait il inspire ; vous ferez cette constatation très facilement si vous regardez seulement les extrémités des fausses côtes et les régions sur lesquelles le septum s'insère. Il ne m'échappe pas que certains hommes éminents de notre époque, qui m'ont quelquefois assisté dans mes dissections, soutiennent que le mouvement intrinsèque du septum est vers le bas. Le fait que l'insertion des nerfs se fait depuis la moelle spinale de la nuqueoo n, n dans les fig. 2 et 3, chap. 11, livre IV ; et P dans lafig ; fig. 1, livre VI dans la partie supérieure du septum, aurait dû leur enseigner,tout comme la vivisection, que cela est très éloigné de l'évidence : en vidant nos intestins, nous retenons notre souffle et nous comprimons le thorax sans expirer de manière continue et sans élargir le thorax, ce qui serait sûrement nécessaire si le septum était poussé vers le bas dans la dilatation du thorax pour aider à l'évacuation, en même temps que les muscles abdominaux. Et une très forte inspiration vous enseigne cela aussi, chaque fois que vous essayez d'inspirer en empêchant les cartilages des fausses côtes de bouger vers le haut et en dedans, puisque quand vous les maintenez en place de force, et que vous faites deux inspirations à la suite, la région des cartilages souffre comme si vous l'aviez frappée avec vos poings. Mais je pense que vous faites cette expérience sur vous-même d'une manière ou d'une autre, comme moi-même à présent, je suis si attentif à ces mouvements de respiration variés que j'en laisse échapper ma plume de mes mains par fatigue ; j'ajouterai cependant que les morts souscrivent absolument à mon opinion[389] ! Chez ces cadavres le thorax a été étiré et élargi, et leur septum transverse [diaphragme] apparaît à l'anatomiste si étiré et si étendu vers le haut qu'il se trouve dans la cavité thoracique et qu'il tire le foie et l'estomac dans le thorax, rendant donc leur dissection très difficile. Mais on peut promptement le remettre en place, si l'on perce le thorax à un endroit quelconque entre les côtes, ou le septum lui-même : car alors, il devient immédiatement flaccide, et retombe comme un chiffon mouillé, et laisse le foie et l'estomac pendre vers le bas, plus qu'on ne l'aurait souhaité.Énumération des muscles moteurs du thorax. À quel moment ils accomplissent leur fonction. Nous avons expliqué jusqu'à présent tous les muscles servant uniquement aux mouvement des côtes : tous ensemble, ils sont quatre-vingt-cinq chez le singe, mais seulement quatre-vingt-un chez l'homme, mais puisque nous y joignons les huit muscles abdominaux qui doivent être classés dans la catégorie des muscles qui compriment le thorax, ils sont en tout au nombre de quatre-vingt-neuf chez l'homme, mais chez les singes quatre-vingt-treize. En effet, si les muscles descendants obliquespp Θ planche III sont tendus, ils compriment légèrement le thorax en comprimant sa partie inférieure ; les muscles droitsqq Δ planche V compriment fortement le thorax, lorsqu'ils tirent les côtes vers le bas, avec les muscles ascendantsrr Π planche IV
∫ Δ planche VI
obliques. Les muscles transverses tirent les côtes en dedans pour contracter le thorax. On pourrait penser que les muscles moteurs du bras et de la scapula sont peu utiles aux mouvements du thorax, même si parfois ils compriment le thorax assez fortement. Ainsi le nombre de muscles utiles à la respiration pourrait s'accroître considérablement, mais ils n'opèrent pas tous ensemble dans toutes les respirations. Pour chaque espèce de respiration, la Nature a distribué des muscles spécifiques. En premier lieu, il y a deux catégories de respiration : l'inspiration et l'expiration, et chacune d'elles est double. En effet, l'une des deux expirations est naturelle et ne demande pas de force : elle n'est provoquée par rien sinon par un besoin naturel ; l'autre est véhémente et a de la force, c'est celle que nous appelons efflatio[390]. De même une forme d'inspiration est naturelle, l'autre exige de la force pour engendrer la voix ou pour toute autre action ; et ces différences varient à leur tour entre elles, dans une échelle du plus grand au plus petit. Le septum [diaphragme]tt Δ planche VII seul est considéré comme l'auteur des mouvements de l'inspiration et de l'expiration naturelles ; les médecins pensent que lorsque le septum est contracté ou tendu, le thorax est dilaté et l'inspiration se fait. Au contraire, lorsque le septum est relâché

×Exemple d'humour vésalien.
×Le terme a subsisté en anglais avec le sens de « souffle fort ». En moyen français on rencontre encore « aflation ».