Livre II
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que le quinzième muscle passe sous le début du septièmehh de i à a, planche IV sur une certaine distance.[Procédure de dissection] du onzième et du douzième muscles Il faut maintenant faire une incision le long des épines dans les vertèbres lombales et dans le sacrum, avec un rasoir ou petit couteau solide et pointu, pour détacher le début du onzième muscle [m. long du thorax]ii Γ planche XIII des épines. Mais pour éviter d'enlever en même temps imprudemment le treizième musclekk T planche XIV (ce que Galien a assurément fait quelquefois dans les singes qu'il avait à sa disposition pour la dissection) et de juger que c'est une partie du dixième[401]muscle, il ne faut pas couper plus profondément que l'origine du onzième muscle : vous pourrez facilement juger de son épaisseur, si vous soulevez le muscle avec un petit couteau des processus transverses des vertèbres lombales et que vous le sépariez au rasoir du treizième muscle en le retournant sur les épines des vertèbres. Donc, lorsque ce muscle aura été détaché des épines des vertèbres lombales et du sacrum, vérifiez bien qu'il s'attache aux épines des vertèbres thoraciques pour ne pas enlever le quinzième musclell Y planche XIV en même temps que le onzième, en partageant les hallucinations de tous les autres anatomistes. Donc, après avoir complètement dégagé le muscle des parties sous jacentes qui lui sont attachées, examinez son côté interne : coupez-le au rasoir de l'ilium, saisissez son début et soulevez -le peu à peu en le détachant des parties sur lesquelles il s'insère, pour examiner enfin ses tendonsmm M, M planche XIII qu'il allonge selon une disposition très élégante, à la façon d'une racine d'aloès[402], vers l'apex des processus transverses des vertèbres thoraciques.[Procédure de dissection] du treizième muscles et des muscles 14, 15 et 16 Ce début une fois enlevé, le treizièmenn T planche XIV
o Y planche XIV
et le quinzièmeo muscles sont visibles sans autre dissection, mais pour examiner précisément leur nature, il est nécessaire également de les séparer soigneusement des vertèbres avec un rasoir ; ce travail vous donnera beaucoup plus de peine dans les muscles de l'épine[403], étant donné le plus grand nombre d'os auxquels ces muscles sont attachés ou d'où ils sont originaires. C'est pourquoi il faut louer le Créateur du monde, qui a fabriqué ces muscles de telle sorte que nous puissions bouger chaque partie du rachis séparément dans des mouvements successifs sans être obligés de bouger tout le rachis en même temps, ce qui serait un obstacle à beaucoup d'actions. Par ailleurs, lorsque vous aurez enlevé ces muscles, faites une incision transversale qui pénètre depuis l'avant dans le sacrum et la dernière vertèbre lombale jusqu'à la moelle spinale, de sorte qu'à la fin, en fléchissant le thorax avec les côtes, vous puissiez séparer le rachis du sacrum pour examiner les ligaments vertébraux.

Chapitre XL. Les ligaments vertébraux

J'ai déjà décrit les ligaments qui relient la première vertèbre à la tête, la deuxième vertèbre à la première, et la deuxième à la tête[404], je vais maintenant traiter des ligaments reliant le reste des vertèbres entre ellesaa Il nous a été impossible de représenter ces ligaments autrement que si l'on s'imaginait qu'ils entourent l'os ; c'est pourquoi vous devez aussi vous reporter aux os. en commençant par ceux qui relient les corps vertébraux. Entre la deuxième et la troisième vertèbres thoraciques, et ensuite entre les corps de toutes les vertèbres restantes, est placée une substancebb R, R dans la fig. du chap. 14, livre I [disque intervertébral], que Galien appelle « cartilage »Les ligaments reliant les corps vertébraux. Livre des Os., et dont il assure qu'elle ne relie nullement les vertèbres entre elles, contrairement à ce qu'ont dit les autorités en anatomie qui l'ont précédé. En effet ce n'est pas au moyen de ce cartilage qu'il veut joindre les vertèbres, mais par l'intermédiaire de la troisième tunique de la moelle spinale qui s'insinue entre les corps vertébraux. Ce qu'est cette troisième tunique, je le dirai quand je décrirai la moelle spinale et que vous apprendrez qu'en plus des deux membranes cérébrales, qui sont adjacentes à la moelle spinale, une espèce de membrane complètement attachée aux os recouvre la cavité (qui fournit une voie à la moelle spinale[405]) à l'intérieur de la vertèbre. Ce genre de membrane que l'on rencontre dans la cavité des vertèbres ne diffère en rien, sinon peut-être par l'épaisseur, de celle qui est appelée par les Grecs périosteon (« périoste ») puisqu'elle entoure l'os. Doit-on se rallier à l'opinion de Galien ou plutôt à celle des Anciens qui étaient très consciencieux dans leurs dissections, comme les écrits de Galien le montrent clairement, je vous laisse en juger. En effet, si vous n'avez pas de cadavre humain sous la main, il peut arriver qu'en levant la tête de votre lecture, vous trouviez sur la table l'échine d'un quelconque animal ou même celle d'un poisson qui sera servi au dîner, et que, juste par jeu, vous sépariez une vertèbre de l'autre (du moins si vous n'avez pas dédaigné les oracles du divin Hippocrate dans le Livre des articulations) ; en comparant ce cartilage avec n'importe quel autre cartilage du corps, demandez-vous si ce cartilage vertébral a la nature parfaite de n'importe quel cartilage ou celle d'un ligament cartilagineux. Avec cette explication, vous serez prêts à suivre, corps et âme[406], l'opinion des Anciens, en abandonnant désormais l'enseignement de Galien, et vous ne pourrez plus vous persuader qu'une membrane au moyen de laquelle les vertèbres seraient jointes l'une à l'autre, puisse se trouver entre l'os de la vertèbre et ce cartilage ligamenteux, fibreux, mou, muqueux, qui n'est ni solide ni continu comme un cartilage, sans même parler de sa dureté.

[Illustrations]

Pour que vous suiviez plus facilement ce dont il est question ici, deux vertèbres thoraciques en vue antérieure provenant d'un corps d'enfant ont été dessinées. 1 indique le cartilage de la vertèbre supérieure qui intervient entre l'appendice inférieur de son corps et son corps lui-même ; 2 l'appendice inférieur de la même vertèbre ; 3 le ligament cartilagineux entre les appendices de la vertèbre supérieure et de l'inférieure ; 4 l'appendice supérieur de la vertèbre inférieure ; 5 le cartilage qui joint l'appendice mentionné ci-dessus à sa vertèbre.

×Erreur pour onzième, comme le confirme la phrase suivante.
×L'image de la racine d'aloès est remplacée dans l'édition de 1555 par celle d'un palmier, peut-être plus commune pour la majorité des lecteurs.
×Emploi rare de spina par Vésale au sens de colonne vertébrale.
×Respectivement : ligament atlanto-occipital latéral ; articulation atlanto-axiale médiane et latérale ; ligament cruciforme de l'atlas.
×Vésale décrit ici le canal ou foramen vertébral, voir Fabrique I, chap. XIV, p. 57. www.biusante.parisdescartes.fr/vesale/?e=1&p1=01058&a1=f&v1=00302_1543x01&c1=15.
×Nous traduisons ainsi la formulation latine cum pedibus et manibus ire (« aller avec les pieds et les mains ») exprimant une soumission absolue.