Livre II
305

Les 28 muscles moteurs des doigts nous enseignerons que tous les mouvements des phalanges de ces doigts se font au moyen de vingt-huit muscles ; nous commencerons notre exposé par les muscles fléchisseurs des doigts, parmi lesquels on mentionnera nécessairement un musclebb k planche X ; p planche XI inséré sur le poignet [m. long abducteur du pouce], que nous compterons avec les muscles des doigt et qui sera décrit dans ce chapitre comme le vingt-neuvième muscle.Le premier muscle [moteur des doigts] Le débutcc Θ planche v ; β planche IV ; ε planche VI du premier muscle [m. fléchisseur superficiel des doigts]dd λ planche V est rond ; il s’élargit et est composé d’un mélange de chair et de substance nerveuse dès sa sortie du tubercule interne de l’humérusee S dans les fig. 1 et 2, chap. 23, livre I [épicondyle médial], non pas de la surface supérieure et assez saillante du tubercule, mais de la surface interne, sous les têtes du muscleff Π planche III produisant le large tendon sous la peau de la paume et des deux muscles fléchisseurs du poignetgg Λ , m planche III comme vous l’apprendrez, ensuite sous le début du musclehh t planche V ; Q planche VII qui sera compté comme le muscle supérieur parmi les muscles mettant le radius en pronation, bien que ce premier muscle moteur des doigts prenne son origine d'une région plus en avant et en dessous de l'origine précédente. Ce muscle s’élargit dès son épaisse origine et, s'avançant vers la moitié de l’ulna et du radius, il en tire plus ou moins une partie de son début. De là, devenu tout à fait charnu et rond, avec cependant une légère dépression, il progresse vers le poignet. Mais avant d’arriver à la base du poignet, encore à une distance considérable du poignet, son ventreii μ planche V ; examinez successivement les planches V et VI devient plus étroit et se divise en quatre parties charnues, dont chacune d'elles devient plus nerveuse et plus étroite et se termine immédiatement en un vrai tendon. Ces tendons sont parfaitement ronds et sont en même temps enveloppés par une membrane commune fine et muqueuse ; ils traversent l’articulation de l'avant-bras et du poignet, puis le poignet lui-même en étant tous recouverts par le ligamentkk θ planche IV commun[419]dans le creux du poignet. Ce robuste ligament est transversal, il s’étend d’une partie du poignet à l’autre, et sa forme ressemble beaucoup à celle d’un anneau (c'est-à-dire qu'il entoure toute la partie creuse du milieu), à l'endroit d’où il tire son origine. Dès que les tendons ont dépassé ce ligament, ils se séparent, formant trois angles aigus et des interstices égaux ; chacun d’eux va vers celui des quatre doigts qui lui fait face et, devenant plus large et membraneux, s’insère à la racine de la deuxième phalange [phalange médiane] des doigts en s’implantant sur toute la longueur de l’os. Pendant qu'ils courent le long de la première phalange des doigts, ils sont également recouverts par un ligament transversell Il n'y avait pas d'autre moyen de montrer cela en-dehors de ce que l'on peut voir dans les doigts de la planche IV et très robuste, qui provient d'un côté de l'os et s'insère sur l'autre côté, ou plutôt, qui provient de toute la surface de la partie interne de l'os, et forme un canal oblongue ou en forme d'anneau ; ce canal guide en toute sécurité le tendon du premier muscle avec celui du musclemm γ planche VI sous jacent que nous allons décrire, sur toute la longueur du doigt, et les ceint parfaitement, de telle manière que ces tendons ne puissent pas dévier de leur chemin ni se soulever, tout en laissant un chemin libre pour que le tendon passe à travers le ligament sans être attaché. De fait, ces tendons longent la première phalange des doigts sans être attachés à des ligaments transverses, à des os et sans être maintenus de tout autre façon, mais ils passent par des ligaments comme si c'étaient des anneaux assez lâches, sans être aucunement gênés. Par ailleurs, lorsque ces tendons du premier muscle sont couchés sur la première phalangenn Près de o dans la planche V ; ou bien voyez δ et γ dans la planche VI des doigts, et avant qu'ils ne passent sur la deuxième phalange (bien que Galien ait été d'un avis différent), Utilité des parties, livre 1 il se produit quelque chose de remarquable et de très rare : en effet ces tendons se séparent par une longue scissure et laissent passer dans les interstices un autre tendon, sous jacent, que je vais décrire, dès que j'aurai ajouté à mon exposé la fonction du présent muscle. Cette fonction consiste à fléchir la deuxième phalange des quatre doigts, en la rapprochant le plus possible vers le milieu du poignet où ses tendons peuvent être groupés. Et puisque la deuxième phalange du petit doigt est plus petite que celle des autres doigts, le tendon de ce doigt est plus fin que celui des trois doigts restants, comme la partie charnue du muscle produisant le tendon du petit doigt dépasse en finesse toutes les autres.Le deuxième muscle Le deuxième muscleoo Ξ planche VI ; c planche VII [m. fléchisseur profond des doigts], placé sous le premierpp Θ planche V [m. fléchisseur superficiel des doigts] prend une petite partie de son début sur le tubercule interne de l'humérusqq S dans fig. 1, chap. 23, livre I [épicondyle médial], sous la tête du premier muscle. Il naît principalement du processus antérieurrr C et L , fig. 5 et 11, chap. 24, livre I de l'ulna, à l'endroit où il est articulé avec l'humérus, principalement de la base de ce processus, puisque sa partie supérieure ou apex est prise dans l'insertion du muscle qui est le muscle postérieur parmi ceux fléchissantss Γ planche VIII
t v planche VI
l'avant-bras. À partir de là, le deuxième musclet progresse en étant parfaitement charnu et rond (un peu étalé cependant, et légèrement déprimé comme le premier), et lorsqu'il occupe la moitié de l'avant-bras, il s'attache encore à l'ulna, une origine d'où il tire une partie importante de sa force, à l'endroit où il s'attache au ligament membraneuxuu V entre S et T dans la planche VII de l'ulna qui se trouve entre l'ulna et le radius sur toute la longueur de l'avant-bras [membrane interosseuse]. Quand ce muscle a un peu dépassé la moitié de l'avant-bras, et qu'il est devenu plus étroit, il se scinde en quatre partiesxx β planche VI charnues, comme le premier muscle : elles se terminent en tendons ronds avant le poignet, plus épais que les tendons du premier muscle, dans la même proportion que la masse du deuxième muscle est plus grande que celle du premier. Ces tendons sont encerclés par une membrane entièrement muqueuse et plus rouge que toutes les autres, et ainsi, maintenus ensemble, ils cheminent sous les tendons du premier muscle, passent à travers le ligament transverseyy θ planche VII de la partie interne du poignet, vers la vola (« paume »)[420]de la main : comme les tendons du premier muscle, ils y forment des angles aigus égaux en se séparant immédiatement les uns des autres, se dirigeant chacun vers un des quatre doigts. Puisque sur toute la longueur de l'avant-bras et du poignet

×Rétinaculum des muscles fléchisseurs des doigts.
×Si l'existence du terme vola est attestée depuis Varron et Pline (Histoire Naturelle XI, 254) pour désigner la partie creuse de la paume ou de la voûte plantaire, il se rencontre cependant rarement dans les textes latins. Comme synonyme de « paume », il est peu utilisé par Vésale et par Colombo (De re anatomica, éd. Baldo, 2014, p. 445), alors qu'il est d'un emploi courant dans le traité de Canani, Musculorum Humani Corporis Picturata Dissectio, contemporain de la Fabrique ; il est toujours employé comme synonyme de « région palmaire » (http://dictionnaire.academie-medecine.fr) et a donné volar en anglais. Voir Jacques André, Le vocabulaire latin de l'anatomie, Paris, Les Belles Lettres, 1991, p. 97-98 ; Francis Van Glabbeek, Maurice Biesbrouck, Jacqueline Vons, Giovanni Battista Canani en zyn 'Musculorum Humani Corporis Picturata Dissectio', Anvers, Garant, 2022.