Livre II
222 [322]

mais si vous incluez la seconde origine et que vous la considériez comme une partie d'un seul muscle, il y aura huit muscles, parce que vous aurez compté un muscle là où nous en avons reconnu deux.Dans le bras Dans la région interne du bras, il y a deux musclesxx Θ planche VI ; Γ planche VIII fléchisseurs de l'avant-bras [m. biceps du bras et m. brachial] ; dans la loge postérieure, sont les musclesyy b, c, d planche XIII extenseurs[474] : trois, deux, ou un seul, selon que vous les rassembliez en un nombre moindre ou que vous les répartissiez en un nombre supérieur ; rien ne s’oppose à ce que vous les présentiez à votre guise, pourvu que vous ayez appris par la dissection leur emplacement correct, leurs connexions, leur volume, leur composition, leur fonction et d’autres choses de ce genre.L'indifférence des spectateurs aux dissections En fait, il est ridicule de s’inquiéter du nombre ; cependant, dans les dissections publiques, quand j’ai montré les muscles de l'une ou l'autre articulation de telle sorte qu’on puisse les connaître sur le bout des doigts, quelques rares étudiants ne notent qu'une seule chose, à savoir que « quarante muscles ont été montrés au cours de cette leçon ». Ils s'estiment satisfaits s'ils intimident un condisciple avec ce nombre et s'ils se plaignent de la difficulté de la matière et du fait que j’ai montré trop de choses en une seule démonstration anatomique. Pourtant, on devrait aussi dire que parmi eux certains voudraient paraître plus diligents, et qu'ils prennent beaucoup de peine pour relever mes points de dissension avec Galien, en ne comprenant souvent pas ma pensée, et pour les transmettre par écrit aux uns et aux autres encore moins doctes qu’eux-mêmes. Pour les affranchir de ce travail, je ne trouve jamais pesant le fait de décrire ces choses qui m’ont été si souvent demandées avec insistance et ma description sera plus claire que celles auxquelles on a accès chez beaucoup d'autres : mais j’avertis amicalement chacun de vous de ne pas vous fier à ce livre, ni à aucun autre, même s'il a été approuvé par son ancienneté et son autorité, sans avoir auparavant et plusieurs fois examiné ce qui est écrit, au moyen d’une dissection très minutieuse. C'est cette dissection que vous vous apprêtez à réaliser de la manière suivante dans les muscles de la main, après avoir enlevé le bras du cadavre que vous disséquez.L'écorchement du membre supérieur Vous devez d'abord enlever la peau, avec la graisse et la membrane que nous avons décidé d'appeler « membrane charnue » [fascia] : vous ferez cela très facilement, si vous la sectionnez depuis la partie externe de l'humérus le long du radius et la partie externe [dorsale] du pouce, en la séparant de la peau. Ensuite faites une autre incision sur le côté de chaque doigt pour séparer ce que je pourrais appeler « la peau de la main sans poils » de la peau [dorsale], de telle sorte que cette dernière puisse être enlevée en même temps que celle du bras et de l’avant-bras, pour garder seulement la peau qui recouvre la paume de la main. Et pour enlever cette peau, vous n’avez présentement pas besoin d’autre technique que celle avec laquelle les bouchers écorchent les bœufs. Lorsque vous aurez atteint la base du poignet, dans la partie interne du membre supérieur, prenez la peau qui est maintenant détachée et sectionnez-la transversalement pour la séparer de celle qui est encore dans la paume ; cette dernière doit être conservée en vue du tendonaa tendon du muscle marqué Π , planche III qui s’élargit à cet endroit. Mais avant d’aborder ce tendon, examinez très attentivement toute la partie de l’avant-bras presque entièrement livide[475]à cause de la membrane attachée aux muscles qui les relie et qui les entoure [fascia] afin qu’ils ne dérivent pas de leur emplacement. Les muscles occupant cette partie de l’avant-bras viennent maintenant à la vue, mais ils sont si intimement joints que l’on peut seulement voir les lignes qui les séparent : ils apparaîtront cependant séparés l'un de l'autre si vous faites de fines incisions le long de ces lignes. Vous observerez la nature de cette membrane avec d’autant plus de soin que les Anatomistes ne l’ont mentionnée que négligemment, voire pas du tout.La procédure de dissection du muscle produisant ce large tendon Par ailleurs, pour voir cette large membrane [aponévrose palmaire][476], examinez attentivement la partie interne de l’avant-bras, le long duquel ce muscle et son tendon, encore fin, s’étirent. Avec un petit couteau, faites une légère incision depuis la base du poignet de chaque côté du tendon et du muscle, en direction du tubercule internebb vers i, planche III de l’humérus [épicondyle médial], libérez le tendon des organes sous jacents près du poignet, et en plaçant le petit couteau en travers sous le tendon et en soulevant ce dernier avec les doigts de la main gauche, vous détacherez le muscle tout entier jusqu’à sa tête. Ensuite, avec un petit rasoir effilé, essayez de séparer de la paume et des doigts la peau qui y reste encore attachée, en faisant toujours de petites incisions transversales à partir du poignet, comme vous avez l'habitude de le faire pour séparer la peau de la membrane charnue. Comme vous avez conservé la membrane adhérente au corps dans cette dissection, vous laisserez aussi le large tendon attaché à la main. Au cours de cette opération, vous pouvez trouver de la graisse particulièrement dure entre la peau et le tendon ; elle demandera d’autant plus d’attention que vous avancerez dans la séparation du tendon avec la peau : cela montre que le tendon n’est pas adhérent à toute la peau, mais qu'il n'y est attaché, comme la membrane charnue, que par des fibres et par l’intermédiaire de la graisse. Après avoir examiné la peau et libéré la tête du muscle de l’humérus, laissez le muscle appendu au poignet, pour détacher le large tendon des organes sous jacents au moyen d’un rasoir ou d’un petit couteau, mais très effilé. Si un jour il vous semble utile d’enlever le tendon en même temps que la peau, vous ferez cela très facilement si vous l’enlevez en même temps que la peau, avant de le séparer de la peau. Il sera plus difficile de détacher de la peau le tendon en un seul morceau, mais ce sera toutefois moins difficile que ne l’a pensé Galien, pour qui il ne pouvait rien y avoir entre la peau et le tendon. Procédures anatomiques livre 1 Mais si ce muscle ne se présente pas dans la partie interne de l’avant-bras, et si vous voyez que sur le tubercule interne de l’humérus [épicondyle médial] il n'y a aucun muscle sur les têtes des deux musclescc Λ , m, planche III fléchisseurs du poignet, vous devrez en conclure que ce muscle est absent : je sais que vous allez rencontrer cette situation très souvent. Non que vous le manquiez par négligence, mais parce qu’il est en fait très souvent absent ; sa place sera prise par le muscledd m, planche III
e Λ , planche III
inférieur, parfois aussi par le musclee supérieur, de ceux qui fléchissent le poignet, ou par une partie du ligament transverseff θ , planche IV dans le poignet, que vous examinerez de la même manière que le large tendon. Donc, lorsque tout cela a été libéré de la peau, vous pouvez maintenant aborder certains muscles de la main, sans continuer à disséquer :

×Il s'agit du muscle triceps du bras : tête longue, latérale et médiale.
×Sur le sens de lividus, voir introduction.
×Une aponévrose (du grec ἀπονεύρωσις, [aponeúrôsis], peut être une aponévrose d'insertion, soit un large feuillet de tissu fibreux qui relie un muscle à son point d'attache ou une aponévrose de revêtement, membrane fibreuse enveloppant une loge musculaire ou un muscle, entrant dans la catégorie des fasciae.